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Monde

La Thaïlande à l’œuvre d’un trafic humain de Rohingyas, le scandale

Rédigé par | Mardi 22 Janvier 2013 à 18:05

           

Scandale en Thaïlande : les autorités du pays sont impliquées dans le trafic d'êtres humains, dont les réfugiés rohingyas de Birmanie en sont victimes. Profitant de la vulnérabilité des Rohingyas, durement persécutés dans leur propre pays et qui l'ont fui dans des conditions catastrophiques, les trafiquants n'ont aucun scrupule à exploiter la misère de cette population et, ainsi, à aggraver leur sort.



Les réfugiés rohingyas, sujets à un trafic humain en Thaïlande.
Les réfugiés rohingyas, sujets à un trafic humain en Thaïlande.
Les réfugiés rohingyas sont sujets à un trafic humain en Thaïlande, un des pays voisins de la Birmanie. Les responsables : les autorités thaïlandaises, au premier chef la marine et les forces de police, qui participent, face à l’afflux massif de Rohingyas vers leur pays, à la vente des réfugiés à des trafiquants, révèle la BBC.

Le reportage de la chaîne britannique est à ce titre édifiant. « Ils ont creusé un trou pour nous qui est utilisé comme des toilettes. Nous avons mangé, dormi et excrété dans le même lieu », témoigne Ahmed. Il fait partie des dizaines de réfugiés rohingyas interceptés en novembre 2012 par les autorités maritimes avant d’être vendus par la police thaïlandaise puis emmenés à la frontière avec la Malaisie où ils sont faits prisonniers. « L'odeur était horrible. J'ai été frappé avec des barres de fer et battu avec une chaîne », ajoute-il.

« Si nous ne leur donnons pas d'argent, ils ne nous laissent pas partir. Ils nous ont dit: "On s'en fout si vous mourrez ici." », raconte Ahmed. Sa vie a ainsi été fixée à 40 000 baht thaïlandais (1 000 euros). Autant dire une fortune pour un ex-pêcheur. Ahmed a appelé sa femme, restée au pays avec ses huit enfants, pour vendre une vache mais son montant n'a permis de payer que la moitié de la rançon exigée. Après un mois de détention, c’est finalement un Rohingya qui lui est venu en aide en lui prêtant la somme restante.

Le trafic d'êtres humain, une solution « naturelle »

Le sort s’acharne visiblement sur les Rohingyas qui, systématiquement persécutés dans leur propre pays, espéraient trouver de meilleures conditions de vie en fuyant à l’étranger, notamment en Malaisie. Cependant, nombreux sont ceux qui « essaient de s'échapper (de la Birmanie) dans des embarcations fragiles, qui prennent souvent l'eau », selon la Force opérationnelle américaine pour la Birmanie (Burma Task Force USA), une coalition de plusieurs organisations musulmanes américaines œuvrant pour la cause des Rohingyas. Des centaines de morts et de disparus, qui ont tenté de fuir par bateau l'Etat d'Arakan, sont ainsi déplorés depuis juin 2012.

Quand bien même ils arrivent vivants à destination par voie de mer, aucun des pays voisins, au premier chef le Bangladesh pourtant musulman, ne se préoccupe de leur sort. Avec le trafic d’être humains, qui est une source alimentant l'esclavage ou encore le trafic d'organes, la Thaïlande fait ainsi pire. Pour un fonctionnaire en poste à Ranong (ville frontalière avec la Malaisie) et interrogé par la BBC, il va même jusqu’à dire que la traite des Rohingyas est une solution « naturelle » à leur immigration massive en Thaïlande.

Burma Task Force USA exhorte les autorités thaïlandaises à lutter contre cette pratique. Face au scandale, le gouvernement thaïlandais a promis d'enquêter sur ces allégations de trafic. Cependant, il est à parier que ce dossier, si tenté qu’il est vraiment pris au sérieux, n’est pas une priorité dans un Etat miné par la corruption. Burma Task Force USA enjoint les défenseurs des Rohingyas à appeler les ambassades thaïlandaises afin de les forcer à tenir leur promesse d'enquête mais également à les pousser à offrir aide, assistance et asile aux Rohingyas.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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