Points de vue

Pour l’égalité dans l’assiette, des repas végétariens pour tous !

Rédigé par Mohamed Ben Yakhlef | Mardi 28 Avril 2015 à 02:29



Comme nous pouvons le constater, l’égalité dans les assiettes de nos enfants semble intéresser bon nombre de personnes.

Ainsi, supprimer l’offre de choix revient pour certains cadres de l’UMP à faire respecter le principe de laïcité républicaine. « Un faux argument » selon le rapporteur de l’Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène, pour qui « la laïcité ne dit pas d’imposer un seul menu, ce n’est pas vrai ». Une polémique rapidement reprise par Nicolas Sarkozy, appelant au respect de la laïcité sur le JT de TF1 : « La République est laïque, et nous refusons absolument – c’est notre tradition, c’est notre façon de vivre, c’est notre idéal – qu’on fasse la différence entre des personnes, dans le service public, en fonction de leur appartenance religieuse ou de leur origine. » L’accès à la cantine pour tous n’est pas du goût de l’ancien chef de l’État, pour qui les enfants ayant « des habitudes alimentaires confessionnelles » n’ont qu’à aller s’instruire dans des écoles privées.

La proposition intéressera la majorité des familles qui en n’ont pas les moyens et pour lesquelles le vivre-ensemble est fondamental. Pour Nicolas Cadène, « le fait est que ce type de mesure va stigmatiser une partie des élèves en raison de leurs convictions personnelles, et va même parfois les exclure. Il y a donc un vrai problème, contraire au principe de la laïcité ».

Invoquer la laïcité, un contre-sens

A voir tous les partis évoquer ce fameux principe, y compris le FN, il semble être devenu « à la mode », au point de le rendre flou. Mais peut-il être invoqué lorsqu’il s’agit de supprimer des menus de substitution, créés pour permettre à chacun de manger de la viande, même en cas de restrictions ? « Chaque mairie est souveraine sur le choix des menus et des prestataires », rappelle Nicolas Cadène, « en revanche, c’est un contre-sens que d’invoquer la laïcité. Elle ne suppose absolument pas l’interdiction d’une offre de choix ni même l’imposition d’un menu spécifique. En aucun cas ».

Le rapporteur de l’Observatoire va plus loin, pour qui cette affaire est source d’inquiétude, en jugeant que « ce serait un changement de conception de ce qu’est la laïcité, telle qu’elle a été conçue avec la loi de 1905. De fait, lorsqu’on l’emploie de cette manière, cela exclut et stigmatise une partie de la population. Alors même que la laïcité est là pour rassembler et assurer le vivre-ensemble ».

Alors que certaines communes sont tentées d’exclure de la cantine les enfants de chômeurs, la question de la stigmatisation dans les écoles publiques revient au centre des débats. La restauration scolaire est un service public, auquel s’applique donc le « principe d’égalité », comme l’affirme la justice administrative. Pourtant, « de fait, il y a de plus en plus de mairies qui reviennent sur cette question de menu de substitution, et nous le regrettons », constate le rapporteur de l’Observatoire de la laïcité.

Des solutions aux nombreux bienfaits existent

Dans l’optique de favoriser et garantir le vivre-ensemble et la tolérance dès le plus jeune âge, le repas végétarien semble être la solution idéale (solution convenant au plus grand nombre : musulmans, juifs, hindouistes, bouddhistes, chrétiens, athées ou autres). Il est la solution laïque et interreligieuse aux préférences alimentaires de chacun, qui a le mérite de représenter l’alternative la plus simple pour les collectivités locales qui ne peuvent satisfaire des contraintes et des préférences alimentaires multiples. Il réunit tout le monde, voire à moindre coût.

Loin d’être religieuse, cette solution répond aux convictions de tous ceux qui refusent de manger des animaux pour des raisons éthiques, par souci du bien-être animal et du respect de la vie sensible. Pourquoi forcer leurs enfants à manger de la viande ou du poisson à l’école ?

L’alternative végétarienne a beaucoup de bienfaits. Premièrement, elle est un facteur de cohésion sociale et d’égalité pour les enfants réunis autour d’une même assiette. Deuxièmement, elle est bonne pour la santé car elle est adéquate sur le plan nutritionnel et pour la prévention et le traitement de certaines maladies. Les alimentations végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie. Les données relatives aux études épidémiologiques sur les végétariens ont établi un risque réduit de maladies chroniques, une augmentation de la longévité, des valeurs réduites de poids corporel et de pression artérielle, et un meilleur état de santé. Les aliments d’origine végétale renferment beaucoup plus d’antioxydants, de fibres et de minéraux que les aliments d’origine animale.

Les principales sociétés scientifiques internationales pour la prévention des cancers et de l’artériosclérose ont formulé des recommandations pour adopter un style de vie sain qui permette de réduire le risque de ces maladies. L’alimentation idéale pour prévenir ces maladies doit être riche en fibres, pauvre en graisses (en particulier animales), avec d’abondantes portions de fruits et de légumes. Les caractéristiques de l’alimentation végétarienne sont faciles à reconnaître

Une alternative écologique

Troisièmement, l’alternative végétarienne est écologique. Alors que la France accueille début décembre la Conférence internationale sur le climat (COP21), il est urgent de commencer à agir sur l’une des causes majeures du changement climatique : la consommation de viande.

Selon le dernier rapport de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’élevage, responsable de 60 % des émissions de méthane – un gaz qui réchauffe 25 fois plus que le CO2 –, totalise 14,5 % de la production de gaz à effet de serre. Greenpeace ajoute que 80 % des déforestations en Amazonie sont causées par l’élevage de bétail. Les élevages sont à l’origine d’une part importante de la pollution des sols et des rivières.

C’est pourquoi nous appelons tous les maires de France et de Navarre à ce que la loi française impose dans chaque cantine scolaire, mais aussi dans les restaurants universitaires et les administrations, une alternative végétarienne, voire végétalienne. Il s’agirait d’une avancée citoyenne majeure et d’un geste fort en faveur de l’environnement et de ce « vivre-ensemble », de l’égalité et de la laïcité que tant invoquent (à des fins politiciennes) sans rien faire pour les promouvoir.

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Cet appel est lancé par des conseillers municipaux de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) : Nadia Ben Moussa, Mohamed Ben Yakhlef, Insaf Chebaane, Omar Cheriguene et Imen Guedda. Une rencontre sur les bienfaits du végétarisme est organisée mercredi 13 mai, à 19 h, au Foyer Cocteau de Villeneuve-Saint-Georges pour en discuter avec Ludovic Ringot, cadre diététicien à l'APHP et membre de l'Association végétarienne de France. Pour en savoir plus.