Sur le vif

Migrants de Calais : l'Etat interpellé par le Défenseur des Droits face à la gravité de la situation

Rédigé par | Jeudi 22 Juin 2017 à 14:34



Le Défenseur des droits Jacques Toubon s’est sérieusement penché, depuis plusieurs semaines, sur les conditions de vie des réfugiés à Calais. Jeudi 22 juin, il en appelle à la responsabilité du gouvernement afin d’apporter des améliorations concrètes de leurs situations face à des « atteintes (aux droits fondamentaux) d’une exceptionnelle et inédite gravité ».

Il réclame qu’« un accès pérenne à l’eau soit rendu possible, ainsi que des distributions de repas adaptées aux besoins des exilés, dans des conditions dignes ». Il préconise de plus la garantie d’« un accueil de jour spécialisé et la mise à l’abri des mineurs et des femmes dans des locaux situés sur le territoire de Calais ou à proximité immédiate » ainsi qu'« un lieu où les exilés puissent se reposer, se laver et envisager la suite de leur parcours migratoire soit installé ».

Enfin, Jacques Toubon souhaite la mise en place d’un bureau permettant de réceptionner les demandes d’asile depuis Calais car, aujourd’hui, les migrants doivent se rendre à la préfecture de Lille située à plus de 100 km de « la Jungle ».



Pour Gérard Collomb, le problème est à voir du côté de l'Afrique

En octobre 2016, le gouvernement de Manuel Valls avait opéré à un grand démantèlement du bidonville de Calais. Mais la zone est de nouveau habitée par environ 600 personnes condamnées à errer, pourchassées par la police et empêchées de manger, boire et dormir. Les distributions de repas, organisées par des associations sont en effet perturbées par les forces de l’ordre qui en profitent ponctuellement pour procéder à des interpellations. Selon certaines associations, la situation dans le Calaisis est semblable à celle qui existait avant la mise en place d’un accueil de jour en 2015. Bondy Blog, a lancé vendredi 16 juin, une pétition à l’adresse du président Emmanuel Macron pour faire « cesser ces violences envers les migrants ». En près d’une semaine, elle a déjà récolté 24 000 signatures.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui estime que Calais ne devait plus être un « abcès de fixation » pour les migrants, a programmé de se rendre vendredi 23 juin dans cette ville. Selon lui, « le vrai problème est d'essayer de faire en sorte que ces routes de passeurs puissent être coupées. Qu'on n'ait pas en Europe des flux d'immigration qui ne sont plus des demandeurs d'asile mais de l'immigration économique que l'on n'arrive plus à gérer ». Déclarant vouloir se rendre prochainement en Afrique, il souligne la nécessité de passer des accords avec des pays africains « pour faire cesser le flux de migrants », sans évoquer de solutions pour les réfugiés déjà présents sur le territoire français.

Face aux critiques du Défenseur des droits et des associations, Emmanuel Macron a appelé jeudi 22 juin « à la plus grande humanité » dans la gestion des migrants, assurant que la réforme du droit d'asile faisait partie des « priorités du travail gouvernemental ».