Religions

Martine Aubry boycotte la Rencontre annuelle des musulmans du Nord

Rédigé par | Vendredi 1 Mars 2013 à 18:50

La 7e édition de la Rencontre annuelle des musulmans du Nord (RAMN) se fera sans Martine Aubry. La maire socialiste de Lille a annoncé son refus de prendre de part à cet évènement en raison de la présence de conférenciers aux discours qui menacent, selon elle, le vivre-ensemble. Amar Lasfar, président de la Ligue islamique du Nord, a vivement réagi à sa prise de position publique et dénonce l’ingérence de la politique dans les affaires religieuses.



Martine Aubry boycotte la 7e Rencontre annuelle des musulmans du Nord, qui se tient samedi 2 mars.
La 7e édition de la Rencontre annuelle des musulmans du Nord (RAMN) se fera sans Martine Aubry samedi 2 mars. La maire socialiste de Lille a annoncé, vendredi 1er mars, son refus de prendre part à cet évènement qui rassemble chaque année plusieurs milliers de personnes dans sa ville.

L'ex-première secrétaire du PS a même appelé les élus de sa municipalité à boycotter la RAMN, organisée par la Ligue islamique du Nord et la section Nord de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), en raison de la présence du professeur Tariq Ramadan et du cheikh Salah Sultan, président du Haut Conseil islamique d'Egypte, membre du Conseil européen de la fatwa et de la recherche et de l'Union internationale des savants musulmans.

Des conférenciers « indésirables » à Lille

Salah Sultan
Contacté par nos soins, Amar Lasfar, président de la Ligue islamique du Nord, a confirmé la réception d’un courrier que lui a adressé Martine Aubry et dénonce la prise de position de la maire de Lille. Martine Aubry, qui avait déjà refusé l’an dernier de participer à la RAMN, « a avancé des arguments selon quoi des conférenciers ayant tenu des propos remettant en cause le vivre-ensemble sont invités », nous explique-t-il.

Au savant égyptien Salah Sultan, Martine Aubry lui impute notamment ces propos : il « a appelé les jeunes à pratiquer des sports de combat en vue de "libérer" la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem ». « Une incitation à la violence et porteuse de haine », a-t-elle jugé. « Dès lors, je ne participerai pas et la ville de Lille ne sera pas représentée par ses élus, à cette assemblée, où se retrouvent habituellement des femmes et des hommes de toutes tendances politiques. Nous ne pouvons en effet accepter la présence de certains dignitaires religieux ou de certaines personnalités, qui portent des messages contraires aux valeurs de la République et de notre ville, partagées par tous, et, bien évidemment, par les musulmans », conclut Martine Aubry.

« Si on reproche des choses à Tariq Ramadan, qu’on cesse de l’inviter dans les plateaux télés ! Et si problème il y a avec Salah Sultan, qu’on l’arrête à l’aéroport. Mais qu’on ne nous dise pas que c’est à nous, les musulmans, de les boycotter », tient à faire savoir le président de la Ligue islamique du Nord, qui dénonce l’ingérence de la politique dans les affaires religieuses.

Une controverse qui en rappelle d'autres

Les fidèles de la mosquée de Lille-Sud, dont M. Lasfar est le recteur, ont été choqués par les prises de position de l’élue socialiste, nous indique-t-il. « Que les socialistes refusent de venir, c’est leur problème. La rencontre se tiendra quand même. (...) Je n’ai pas à faire une enquête de moralité pour chaque propos que nos conférenciers tiennent mais ils (Tariq Ramadan et Salah Sultan, ndlr) sont des savants musulmans reconnus sur la scène internationale et je ne suis responsable que des propos qu’ils tiendront lors du rassemblement » ce samedi, souligne-t-il.

La prise de position de Martine Aubry rappelle la controverse qui a éclaté lors de la 29e Rencontre annuelle des musulmans de France en mars 2012. Plusieurs personnalités musulmanes invitées par l'UOIF avaient alors été interdites d’entrée sur le sol français. La présence même de Tariq Ramadan avait été regrettée, y compris par Manuel Valls, aujourd'hui devenu ministre de l'Intérieur. A moins d'un mois de la prochaine rencontre de l'UOIF qui célèbre ses 30 ans, cette nouvelle polémique ne rassure pas les musulmans, exaspérés d'être mis à l'index par la classe politique dans la gestion de leurs évènements.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur