Sur le vif

Mali : la disparition d’un prêtre catholique engagé dans le dialogue islamo-chrétien inquiète

Rédigé par Lionel Lemonier | Vendredi 25 Novembre 2022 à 13:00



© Fondation ACN
Le père catholique Hans-Joachim Lohre a disparu, dimanche 20 novembre, après avoir célébré la messe dans un couvent. Ce prêtre de nationalité allemande était ensuite attendu dans la soirée par la communauté chrétienne de Kalaban-Coura, sur la rive droite de Bamako, pour célébrer une messe. Mais le missionnaire ne s’y est jamais rendu, explique l'agence d'information catholique Fides qui a signalé sa disparition mardi 22 novembre.

Sa voiture est restée stationnée devant chez lui, portière ouverte. Un collier avec la croix coupée du prêtre a été retrouvé à côté du véhicule et les appels téléphoniques à son numéro tombent sur sa boite vocale. Connu localement sous le surnom de « Ha-Jo », le père Lohre vit au Mali depuis plus de 30 ans. Il fait partie de l’Institut de formation islamo-chrétien (IFIC) et est responsable du Centre Foi et Rencontre installé à Hamdallaye, une ville située dans le sud du Mali et dont le nom signifie « Louange à Dieu ». Ce père blanc a eu l'occasion de présenter dans une courte vidéo (en anglais et en portugais) son engagement pour le dialogue interreligieux.

La nationalité du missionnaire pousse les enquêteurs maliens à penser qu’il s’agit d’un enlèvement. Les forces armées allemandes, la Bundeswehr, disposent encore de 1 200 soldats dans le pays, en lien avec la mission de l’ONU, la Minusma. L’Allemagne est l’un des rares pays européens à avoir encore des militaires au Mali, après le retrait des troupes françaises et celui des troupes britanniques. Plusieurs groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique opèrent toujours dans le pays et se sont déjà illustrés par des enlèvements de religieux étrangers.

Deux personnes ont été interpellées pour les besoins de l'enquête, mais la police malienne n’a jusqu’à présent fourni aucune explication sur les auteurs présumés de l’enlèvement et leurs motivations, précise VOA. Alors que les kidnappings ont été nombreux au Mali et dans les autres pays du Sahel depuis 2012, un tel événement au beau milieu de Bamako serait exceptionnel, car la capitale du Mali était jusqu’ici relativement préservée de l’insécurité.

Pour Jean-François Bour, directeur du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM), « appelons à la libération rapide de cet artisan de la fraternité ».

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