Culture & Médias

Les soldats de la diversité à l’honneur avec Frères d’armes

Rédigé par Christelle Gence | Samedi 30 Aout 2014 à 06:00

France Télévisions diffuse jusqu'en avril 2015 « Frères d’armes », une série de 50 portraits d'hommes et de femmes issus des anciennes colonies qui se sont battus pour la France lors des deux guerres mondiales.



Groupe de marocains, carte postale, 1914 © Groupe de recherche Achac / DR
Dans le cadre des multiples commémorations célébrées en 2014 et en 2015 (100e anniversaire du déclenchement de la guerre 1914-1918, 70e anniversaire du débarquement, de la libération du territoire l’an prochain…), France Télévisions diffuse depuis le 30 mai Frères d’armes, une série de portraits documentaires qui rend hommage aux soldats d'hier venus du bout du monde pour défendre les idéaux de la liberté, mais aussi aux diversités de la France d’aujourd’hui.

« À l’heure où certains cherchent à fustiger l’étranger, il nous semble opportun de rappeler que ces mêmes "étrangers" ont participé activement à la libération de la France dans ces guerres successives », expliquent les promoteurs de la série, réalisée par le cinéaste Rachid Bouchareb et l'historien Pascal Blanchard, à l’initiative du secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et à la mémoire, Kader Arif. Ce dernier a d’ailleurs souligné, lors de la soirée de lancement le 21 mai, que ce programme permet de « rendre hommage à tous les combattants d'hier, quelle que que soit leur origine, pour mieux célébrer la France d'aujourd'hui ».

Ce sont au total 50 films courts de 2 minutes qui seront diffusés jusqu’en 2015, avec des archives inédites et commentées par des personnalités du monde artistique et sportif (Roland Garros raconté par Roschdy Zem ; Do Hûu Vi et Hammou Moussik, par Jamel Debbouze ; Eugène Jacques Bullard, par Sami Bouajila ; Charles N’Tchoréré par Rokhaya Diallo...).

Des hommes et des femmes venus d'anciennes colonies

Depuis plus d’un siècle, près d’un million et demi de mobilisés et de recrutés asiatiques, africains, maghrébins, polynésiens, de l’océan Indien ou des Caraïbes, se sont battus dans les différentes unités de l’armée française et dans les armées alliées.

Frères d’armes met en lumière le parcours de « grandes figures représentatives de nos diversités venus d’anciennes colonies, de protectorats et de territoires alliés, mais aussi de régions françaises ». Ils ont participé à la Grande Guerre et à la Seconde Guerre mondiale, mais aussi à celle de 1870, et même avant à la campagne mexicaine, sous le Second Empire.

L’Afrique subsaharienne, le Maghreb, l’Asie du Sud-Est ou les Caraïbes sont les territoires les plus représentés, un rappel qui parlera aux millions de Français qui ont un ascendant issu de ces aires géographiques. « Dans les tranchées de la Grande Guerre comme dans la Résistance, la diversité fut à l’honneur et contribua à renforcer la France dans ses identités multiples », souligne-t-on.

Un projet pédagogique...

L’ambition de Frères d’Armes, annoncent les auteurs, est de faire découvrir au grand public des visages méconnus de notre Histoire, mais aussi de proposer d’autres références qui pourront par la suite être relayées au sein du monde éducatif : « Il faut que demain nos manuels scolaires transmettent ces noms aux enfants de France et de Navarre. »

La mémoire des deux conflits mondiaux est une mémoire collective et partagée, inscrite dans la mémoire de générations d’hommes et de femmes de toutes origines, des quatre coins du monde, précisent encore les auteurs. Mais les témoins directs, ceux qui l’ont vécu, ne seront bientôt plus là pour en parler. « Il faut désormais bâtir un récit qui parle au présent, sinon seuls les anciens combattants seront porteurs de cette mémoire et elle ne sera désormais plus en partage », préviennent les auteurs, qui furent respectivement réalisateur d'Indigènes et co-auteur de la série télévisée Noirs de France.

... enrichi de ressources annexes

En plus des 50 mini-documentaires, le site Internet du projet Frères d’armes, qui met à disposition des ressources documentaires et pédagogiques, se révèle être une véritable mine d’informations. La rubrique pédagogie contient des informations sur le contexte historique, les combattants afro-antillais, arabo-musulmans et asiatiques-pacifique. Ces derniers font aussi l’objet d’expositions virtuelles, également visibles sur le site. Il est par ailleurs possible de revoir les vidéos, qui sont accompagnées de biographies et de liens.

Autant de ressources qui permettent de prolonger l’hommage aux hommes et aux femmes « venus d’ailleurs » qui se sont battus pour la France. Le projet devrait bénéficier d’une diffusion internationale dans 90 pays, bien au-delà des seuls pays francophones. En France, les rendez-vous sont fixés sur France 3, France Ô et le réseau outre-mer 1re.