Finance éthique

L’islamic banking en Algérie : état des lieux

Rédigé par | Mercredi 30 Septembre 2015 à 15:36



Façade de la Banque nationale d'Algérie.
D’après l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF), le secteur bancaire algérien compte 20 banques, 5 sociétés de leasing et 4 établissements financiers. En total de bilans cumulés, ces établissements représentent 10 059 milliards de dinars (83 milliards d’euros) et emploient près de 40 000 personnes. Le secteur public domine largement le secteur avec 90 % du marché.

Les banques islamiques et autres institutions privées se partageant les 10 % restants. On distingue, selon l’importance de leur activité financière, les banques dont l’activité est exclusivement islamique et celles qui exercent une activité conventionnelle et qui disposent de fenêtres islamiques.

Les banques islamiques

L’activité financière islamique est aujourd’hui une composante majeure de l’industrie bancaire algérienne. L’arrivée de la première banque islamique d’Algérie, Al Baraka, coïncide avec le vote de la loi sur la monnaie et le crédit du 14 avril 1990 mettant fin au monopole d’État. Son arrivée sur le marché fut le résultat d’un rapprochement entre la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) et le groupe Al Baraka en la personne de son président, le cheikh Salah Abdallah Kamel.

Après plus de vingt années de présence sur le sol algérien, Al Baraka détient 2 % du marché global et près de 15 % du marché bancaire privé, c’est la première banque islamique du pays. Les statuts de la banque prévoient de contribuer à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Dans cette optique de solidarité, la banque a signé une convention en 2006 avec le ministère des Affaires religieuses afin de gérer, bénévolement, un dispositif permettant de distribuer des prêts non rémunérés finançant la création de micro-entreprises par des promoteurs démunis. À la fin de 2011, le nombre des microprojets financés par ce dispositif dépassait les 4 000, selon Nasser Hideur, secrétaire général de la banque, pour un montant cumulé de 762,2 millions de dinars (6,4 millions d’euros).

Agréée en 2008, Al Salam Bank Algeria, deuxième banque islamique du pays, est le fruit d’une coopération émiratie et algérienne. Les services offerts s’adressent aux entreprises ainsi qu’aux particuliers avec la mise à disposition d’offres de financements et d’épargne et de tous les services qu’une banque peut offrir à ses clients.

Les fenêtres islamiques

L’Algeria Gulf Bank (AGB) a été créée le 15 décembre 2003, par l’apport de trois banques (Burgan Bank, Jordan kuweit Bank et Tunis International Bank), leaders sur leurs marchés, appartenant au groupe Kuwait Project Company (KIPCO). La banque propose des solutions de financements conventionnels et islamiques, en 2013, 22 % des crédits octroyés étaient conformes à l’éthique musulmane.

La Trust Bank Algeria a lancé une islamic window et propose à ses clients une solution de financement murabaha ainsi qu’un compte d’épargne participatif permettant à la banque de partager ses gains avec ses clients.

Une offre qui devrait s’étendre rapidement aux banques conventionnelles

Malgré l’absence d’un cadre légal et réglementaire spécifique, les institutions financières algériennes proposant des solutions financières islamiques ont su apporter la preuve de la viabilité de ce modèle ainsi que son utilité.

En effet, les banques islamiques permettent d’accroître le taux de bancarisation de la population et contribuent au financement de l’économie. La demande pour ces solutions est tellement forte qu’elle pousse de grands acteurs conventionnels à les proposer, l’Agence Ecofin rapportait que la filiale algérienne du groupe bancaire français BNP Paribas a pour ambition de lancer dans un futur proche des produits financiers islamiques afin de satisfaire les besoins de sa clientèle.




Ezzedine GHLAMALLAH est consultant, fondateur de SAAFI, cabinet de conseil en finance islamique et… En savoir plus sur cet auteur