Sur le vif

Israël : des soldats témoignent de l’immoralité de leur armée contre Gaza

Rédigé par La Rédaction | Lundi 4 Mai 2015 à 19:37



Des soldats de l’armée israélienne, qui se présente régulièrement comme « l’armée la plus morale au monde », ont décidé de briser le silence. Une soixantaine d’entre eux, engagés sur le front contre la bande de Gaza en été 2014, ont livré leurs témoignages des opérations menées auprès de l’ONG israélienne Breaking The Silence (Brisons le silence).

Les témoignages, frappés du sceau de l'anonymat, sont tous autant effroyables. Ils font état d’attaques délibérées contre des civils, principales victimes des bombardements lors de l’intervention « Bordure protectrice » (plus de 2 200 morts).

L’ordre constant de la hiérarchie militaire aux soldats : tirer à vue sans hésitation sur toute personne située dans les zones d’intervention, « même si la personne n’était pas identifiée », assure un témoin. Le constat est accablant : aucun égard n'est prêté à la population civile. Deux Palestiniennes, qui marchaient et discutaient dans un jardin, ont été tuées après avoir été repérées par un drone. « Si elles ont été tuées, c’est forcément qu’elles étaient terroristes… », raconte un autre. Après vérification, aucune arme n’avait été retrouvée sur elles.

« Si vous tuez quelqu’un à Gaza, c’est cool »

Comme elles, un vieil homme palestinien a été abattu par un soldat israélien alors qu’il ne représentait visiblement aucun danger. « Il marchait non loin d’un poste de reconnaissance de l’armée israélienne. Un soldat a décidé de le viser. Il est grièvement blessé à la jambe, ne bouge plus. Est-il vivant ? Les soldats se disputent. L’un d’eux décide de mettre fin à la discussion. Il abat le vieillard », rapporte Le Monde. « Officiellement, on nous disait qu’il fallait éviter les victimes civiles, mais en même temps, faire le plus de dégâts possibles. J’étais le seul que ça dérangeait dans mon bataillon », fait part un militaire.

Des quartiers entiers ont été rasés lors de l’intervention. Des écoles et des hôpitaux, censés être intouchables, n'ont pas été épargnés. Avec les milliers de missiles et d'obus lancés à travers l'enclave palestinienne, « il y avait un sentiment de folie par rapport au nombre de bombardements », raconte un soldat. « C'était comme dans Call of Duty », un jeu vidéo de guerre, raconte un sergent-chef.

Ces témoignages ne surprennent malheureusement pas en soi les défenseurs des droits des Palestiniens mais viennent assurément appuyer les accusations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité dont fait l’objet Israël à chacune de ses interventions militaires. Surtout, ces témoignages de l’intérieur sont de nature à sensibiliser l’opinion publique israélienne, très attachée à son armée, des exactions que celle-ci commet contre les Palestiniens.

« Ce qui ressort de ces témoignages, c’est un échec éthique énorme de la part de l’armée israélienne », a jugé Yuli Novak, le directeur de Breaking The Silence. Grâce à son travail, l’ONG délivre des pièces à convictions qui devraient pouvoir compléter la plainte déposée par la Palestine contre Israël à la Cour pénale internationale (CPI) dont elle est membre depuis avril.