Culture & Médias

Farid Abdelkrim : « Je suis un chatouilleur de conscience »

Rédigé par Pauline Compan et Huê Trinh Nguyên | Jeudi 30 Juin 2011 à 16:18

« Je vous déclare la paix » : pour son premier stand-up, Farid Abdelkrim s’inspire du fameux « Salam alaykum », pour proposer un spectacle-débat engagé. Il y développe des thèmes qui lui tiennent à cœur comme la paix, les intégrismes ou encore sa double culture. « Je vous déclare la paix » sera sur la scène de la mairie de La Courneuve, le 30 juin prochain*.



Ancien membre de l’UOIF, fondateur des JMF (Jeunes musulmans de France), Farid Abdelkrim a depuis pris ses distances avec les instances officielles de l’islam de France. Il participe depuis à de nombreux débats télévisés sur l’islam et crée, en 2008, l’association Focusdoc, qui a réalisé le documentaire « Tareq Oubrou, un imam dans tous ses états ». Désormais, il monte aussi sur scène en tant qu’acteur de son propre « stand-up ». Entretien.

Saphirnews : Pourquoi définir votre spectacle comme un « stand-up » plutôt qu’un « one-man-show » ?

Farid Abdelkrim : Un one-man show suppose, au minimum, que l’on joue des personnages. Or le stand-up est la formule la plus proche de ce que je fais. Je n’ai pas la prétention d’être un comédien ni un artiste. C’est pour cela que j’utilise le terme « stand-up » auquel je rajoute « débat ». Je suis très fier de cette formule qui semble bien marcher.

Quel est l’objectif du débat avec le public ?

F. A. : Le stand-up est un prétexte pour ouvrir un espace de débat avec des musulmans et des non-musulmans. Le spectacle permet d’aborder des sujets qui pourraient fâcher en temps normal. Pour moi, une des voies vers la paix intérieure est d’arriver à formuler ce que l’on ressent. C’est une occasion pour le public de le faire, dans la bonne humeur.

Vous avez un parcours assez riche, quel regard jetez-vous sur celui-ci ?

F. A. : Il y a quelques années, je me définissais comme un conférencier mais c’était, si je puis m'exprimer ainsi, du baratin, j’étais juste un orateur. Mon parcours a ensuite évolué. J’étais un jeunot qui se prenait trop au sérieux et qui voulait changer le monde. Puis j’ai introduit de l’humour dans mes discours et je me suis rendu compte que c’était plus digeste pour le public et j’ai voulu mettre cette parole en scène.
J’ai mûri et je sais qu’il ne faut pas voir le monde d’une manière binaire. Je crois désormais que toute cette expérience est une richesse que je dois essayer de transmettre aux autres.

Vous avez également nourri votre réflexion sur l’islam…

F. A. : J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui n’avaient pas ma vision de l’islam et cela a nourri mes réflexions. Tout le monde n’a pas ce parcours et c’est là que je me dis que je peux être un chatouilleur de conscience.

Vous avez navigué durant un certain nombre d’années dans ce que vous définissez (dans le stand-up) comme les milieux « islamo-islamistes ». Vous ont-ils sollicité pour que vous jouiez votre stand-up devant leur public ?

F. A. : Je ne les laisse pas indifférent mais « islamo-islamiste », c’est de l’humour. Même si je ne suis pas accueilli à bras ouverts dans certains milieux, je ne critique pas. Nous sommes le produit de notre histoire et personne n’est figé. On peut toujours évoluer pour devenir quelqu’un de plus réfléchi. Cette démarche est la voie du bon sens et je crois que le bon sens est universel.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire « Je vous déclare la paix » ?

F.A : L’écriture de ce stand-up m’a pris un an mais je l’ai récrit une dizaine de fois. Ensuite, il y a eu huit mois de travail de mise en scène avec Thierry Maillard. Je voulais quelque chose d’épuré car je ne me sens pas prêt à faire un one-man-show et à jouer des personnages. Je ne veux pas aller plus vite que la musique mais je vais y arriver.
Le stand-up a déjà été joué dans plusieurs villes de France. La prochaine représentation du 30 juin, à La Courneuve, a de nouveau été épurée et sera enrichie de nouveaux sketchs. L'idée est de coller toujours à l'actualité et de faire réagir le public lors du débat qui s'ensuit.



* En partenariat avec le Service municipal de La Jeunesse à la mairie de La Courneuve, jeudi 30 juin à 20 h 00 au Centre culturel Jean Houdremont : 111, avenue du Général-Leclerc - 93120 La Courneuve - tarif : 5 €.