Religions

Éva de Vitray-Meyerovitch : « Les fruits de son travail sont vivants »

Rédigé par Marie-Odile Delacour | Samedi 7 Février 2009 à 14:13



Par Marie-Odile Delacour

Jâlâl ad-Dîn Muhammad Rumî, Mathnavi-i Ma'navi, Iran, 1479
Éva de Vitray-Meyerovitch était une théologienne, écrivain, traductrice de l’œuvre de Jalâl ad-Dîn Rûmi. […] Rûmî, c’est Mawlanâ, notre maître, le grand maître de Konya au XIIIe siècle. Elle a été vraiment la première et la plus importante à le faire connaître auprès des lecteurs occidentaux francophones, et je pense que cette trace ne fait à peine que commencer. Et je lui souhaite un très grand avenir.

Éva de Vitray est morte en juillet 1999, mais son travail porte pour des années encore des fruits incroyablement vivants dans le cœur de tous ceux qui la lisent. […] Elle était chrétienne par sa naissance et par son éducation. Sa grand-mère était anglicane. Elle est venue à l’islam, délivrée de tout préjugé et au cœur même de l’islam, puisqu’elle a fréquenté des cheikhs soufis vivants.

C’était une intellectuelle humble […] dans le sens où elle a travaillé avec courage à la diffusion des connaissances qui était à l’époque très méconnues des Occidentaux et elle a vécu cet engagement de manière spirituelle. […] Les ouvrages de Rûmî traduits en anglais, pas par elle, sont aujourd’hui parmi les best-sellers, aux États-Unis, de l’œuvre orientale. Et ce n’est pas indifférent au travail qu’Éva a fait en France. […]


« S’en remettre à Dieu dans la paix et en toute confiance »

Elle a écrit de sa plume une quinzaine d’ouvrages, environ vingt-cinq traductions majeures, du persan, qu’elle avait appris, de l’arabe, et de l’anglais. Parmi ses traductions, les plus remarquables sont le Mathnawî, Le Livre du dedans, Les Ôdes mystiques […] ; beaucoup de poèmes soufis, dont une Anthologie […] ; des œuvres de Muhammad Iqbal, qui était un érudit pakistanais, […] et qui l’aurait amenée vers l’islam, a-t-elle dit.

Je vais rapidement parler aussi de L’Islam, l’autre visage et de La Prière en islam, qui a été son dernier ouvrage, qui est un livre qui a beaucoup contribué à ma venue vers l’islam. Et aussi un livre qu’elle a écrit avec Faouzi Skali sur Jésus dans la tradition de l’islam : c’est intéressant parce qu’ils montrent tous les deux Jésus en maître initiateur, ce qui est très peu montré par les chrétiens. […]
Elle disait : « Islâm, pour moi, plutôt que de le traduire par “soumission”, je préfère le traduire par “s’en remettre à Dieu dans la paix et en toute confiance”. »

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Marie-Odile Delacour est l’auteure, notamment, de Le voyage soufi d’Isabelle Eberhardt
avec Jean-René Huleu, Éd. Joëlle Losfeld/Gallimard, 2008.

Ce texte est un extrait d’un hommage prononcé le 17 décembre 2005, à l’occasion de la Journée-Hommage organisée par le Collectif Hamidullah, consacré à Malek Bennabi, Éva de Vitray-Meyerovitch et Muhammad Hamidullah.