Sur le vif

En Inde, la scandaleuse « mise aux enchères » de femmes musulmanes via des applications

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 7 Janvier 2022 à 11:35



L’islamophobie toujours plus galopante en Inde prend des formes qui font froid dans le dos. Depuis plusieurs jours, une centaine de femmes musulmanes ont été l’objet de « mises aux enchères » virtuelles à travers une application sordide apparue le 1er janvier. Ces personnes, pour la plupart des femmes engagées dans la société civile, ont vu des images d’elles partagées sans leur consentement sur « Bulli Bai ». Leurs photos étaient accompagnées de commentaires racistes et misogynes.

Le créateur présumé de l’application, un étudiant en informatique âgé de 20 ans, a été arrêté, a annoncé jeudi 6 janvier un responsable de la police de New Delhi. Trois suspects dont une femme ont aussi été interpellés.

Cette affaire intervient six mois après qu’une autre plateforme similaire a fait scandale. Près d’une centaine de femmes musulmanes avaient également été « mises aux enchères » sur « Sulli Deals ». Néanmoins, selon The Indian Express, aucune arrestation n’a été opérée dans cette affaire. Bulli Bai était hébergé sur GitHub, la même plateforme de développement de logiciels que Sulli Deals. « Sulli » comme « Bulli » sont des termes utilisés dans les milieux ultranationalistes hindous pour désigner les musulmanes de manière dégradante et humiliante.

RSF appelle à faire cesser un trafic « infâme »

« Le point commun, c’est que les personnes ciblées sont toutes des femmes musulmanes qui n’ont pas peur de parler. L'idée est de les humilier, et de leur faire comprendre qu’elles n’appartiennent pas à l’espace public », a expliqué à Reporters sans frontières (RSF) Fatima Khan, journaliste pour le site The Print, qui avait elle aussi été présentée par Sulli Deals comme une « affaire du jour ».

RSF a appelé les autorités indiennes à « intervenir pour faire cesser ce trafic infâme et potentiellement dangereux pour ces journalistes ». Pour le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard, « l'apparition de ce type d’application, qui propose de disposer librement de certaines femmes journalistes comme des objets, est absolument glaçante ».

« Ne rien faire reviendrait à cautionner un harcèlement extrêmement violent, un mode d’intimidation qui discrimine toute une partie de la communauté journalistique, et une manœuvre qui expose les personnes visées à de potentielles attaques physiques », fait-il savoir.

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