Religions

Avec les évêques d'Europe, l'appel au dialogue islamo-chrétien « dans une ambiance pacifique et constructive »

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 14 Février 2018 à 13:15



Comment mieux construire le dialogue avec les musulmans en Europe ? Tel a été le sujet de la cinquième rencontre du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) réunissant plusieurs délégués nationaux en charge des rapports avec les musulmans, en Albanie du 7 au 9 février.

Sous l’égide de Mgr Angelo Massafra, archevêque de Shkodër-Pult (Albanie), le Vatican a participé à cette conférence entrant dans le cadre de la célébration du 25e anniversaire de la visite du pape Jean Paul II en terre albanaise, qui se déclarait officiellement athée jusqu’en 1991. Dans un pays majoritairement musulman où règne un certain relativisme religieux, le christianisme continue à maintenir une place de choix.


Le pape, dans son discours prononcé en 1993 à Tirana, insistait à l’époque sur la connaissance et la compréhension de l’Autre comme la seule manière de se défaire des préjugés qui nuisent à l’unité interreligieuse. Par ses mots, il invitait alors à l’ouverture et à la reconnaissance de l’Autre, ce que la CCEE a souhaité promouvoir 25 ans plus tard en choisissant pour leitmotiv de la rencontre « La foi sincère ne sépare pas : elle unit ».

« L'expérience cruelle et douloureuse du régime totalitaire qui a imposé un athéisme d'État (en Albanie jusqu’en 1991, ndlr) a conduit au rapprochement de tous les croyants, suscitant un grand sentiment de tolérance et de respect entre les croyants des différentes religions », explique la CCEE, qui s’est réunie autour du thème « Foi et spiritualité dans les relations entre chrétiens et musulmans ». Elle a ainsi organisé durant trois jours des activités pastorales impliquant l’expérience du dialogue avec l’islam et a entamé des réflexions théologiques et spirituelles autour du christianisme et de l’islam.

L’efficacité du dialogue islamo-chrétien passe par le partage des expériences religieuses

Établir les divers profils des croyants musulmans et exposer la manière dont ils conçoivent leur spiritualité et leur rapport avec Dieu afin de mieux comprendre l’islam fut l’objectif de la première partie de la rencontre marquée par la participation d’un imam d’obédience sunnite et un leader de l’ordre soufie des Bektachis.

Trois activités pastorales ont par la suite été approfondies : l’accompagnement de catéchumènes – personnes souhaitant recevoir le sacrement du baptême - issus de l'islam ; l’expérience interreligieuse autour de Ribat al Salam (Liens de Paix) par laquelle un groupe de chrétiens a à engager des dialogues spirituels avec la confrérie soufi de Medea, en Algérie ; et, enfin, l’accompagnement pastoral des couples islamo-chrétiens sur l’éducation religieuse de leurs descendants.

Lire aussi : 40 ans du GFIC : les couples islamo-chrétiens, « le reflet d’une société métissée »

« Promouvoir le respect réciproque »

Cet axe de travail a été présenté par le père Vincent Feroldi, en sa qualité de directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SNRM), rattaché à la Conférence épiscopale française. Les couples mixtes représentant « un défi pastoral à suivre. En effet, le besoin d’accompagnement personnalisé de ces familles – notamment en ce qui concerne l’éducation religieuse des enfants– et d’une éducation à l’amour responsable du couple, jaillissent comme des appels urgents », a fait savoir la CCEE dans sa note de conclusion.

Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, par la lettre qu’il a écrite à l’intention des participants, a rappelé la nécessité de « mener un nouvel effort des deux côtés, afin de conjurer les propos de haine qui sont à l’origine (…) des discriminations, des exclusions, de la marginalisation et des ressentiments » afin que le dialogue puisse se faire « dans une ambiance pacifique et constructive ». Chrétiens et musulmans sont ainsi invités, ajouta-t-il, « à promouvoir le respect réciproque, l’objectivité lorsqu’il s’agit d’écrire ou de parler à propos de l’autre religion, la bienveillance, la compassion et la miséricorde ».

Lire aussi :
Nada Dosti, une force militante des Balkans
Musulmans et chrétiens d'Europe : la fatigue et la joie du dialogue
Christophe Roucou : « C’est à nous, religieux, de créer la fraternité »
Vincent Feroldi : « Année de la Miséricorde : chrétiens et musulmans sont des citoyens avec des valeurs à partager »