Sur le vif

Aux Etats-Unis, l'islamophobie passe par la lutte « contre la charia »

Rédigé par | Lundi 12 Juin 2017 à 13:31



Charia, un terme qui peut dire tout et n'importe quoi. En l'occurrence n'importe quoi actuellement aux Etats-Unis. Des manifestations « anti-charia » se sont tenues samedi 10 juin dans plus d’une vingtaine de villes américaines, de New York à Seattle. Le mouvement a été initié par ACT for America (Agissez pour l’Amérique, ndlr), une association qui se définit comme un groupe de défense de la sécurité nationale tandis que les organisations de défense des droits humains la considère comme un groupe de haine antimusulman.

Le lobby, créé en 2007 par la Libanaise Brigitte Gabriel, est fort de ses 500 000 membres et a obtenu l’interdiction de « la charia » dans 13 Etats. Mais samedi, les militants d’Act for America ont vu des contre-manifestations s'organiser qui, dans la majorité des villes, ont rassemblé plus de protestataires qu’eux. A Seattle, il a fallu l’intervention de la police pour séparer les deux groupes. Corey Saylor, membre du Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR), a déploré le caractère islamophobe de ces actions qui visent « à créer un environnement où la violence "contre les musulmans" devient permise ».

Des lettres ouvertes ont été adressées, jeudi 8 juin, aux maires des 29 villes concernées pour dénoncer les marches anti-charia. Selon Times of Israël, plusieurs associations juives ont signé ces courriers disant notamment que ces manifestations, organisés en plein mois du Ramadan, « ciblent explicitement les musulmans à un moment où la haine et le fanatisme balayent la nation ». Parmi elles, l’Union pour le judaïsme réformé, Bend the Arc, l’ADL (Anti-Defamation League), le Conseil national des femmes juives, Jewish Voice for Peace ainsi que le Conseil juif des affaires publiques.

Les associations juives s’opposent à l’interdiction de ladite charia, faisant valoir que les communautés juives orthodoxes appliquent aussi une loi qui leur est propre, dite halakha, par le biais de tribunaux religieux.