Sur le vif

14-Juillet : la présence de l’Algérie contestée

Rédigé par La Rédaction | Mardi 8 Juillet 2014 à 16:39



Pour la première fois, l’Algérie participera officiellement aux cérémonies du 14 juillet à Paris, qui coïncident cette année au coup d’envoi des célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale.

La présence de l’Algérie sera avant tout symbolique car seuls trois militaires feront le déplacement. De plus, ils ne prendront pas part au défilé sur les Champs-Elysées mais à une « animation » sur la place de la Concorde, a précisé le ministère de l’Intérieur. Mais leur participation apparaît comme un signe de réchauffement entre les deux nations. « C’est une preuve que nous sommes rentrés dans une phase pacifiée avec l'Algérie », a ainsi jugé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

« Le peuple algérien assume toute son Histoire et honore ses propres contributions à la liberté à travers le monde », a déclaré, dimanche 6 juillet, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, confirmant la présence de l'Algérie. Dans le même sens, son homologue français Laurent Fabius ne voit rien de choquant dans une telle initiative puisqu’il s’agit de commémorer les sacrifices qui ont été faits durant la Première Guerre mondiale au cours de laquelle 173 000 soldats algériens sont venus combattre en France. 23 000 d’entre eux sont morts sur le champ de bataille.

Mais aux yeux de l’extrême droite, l’Algérie n’a rien à faire dans les cérémonies du 14-Juillet. Pensant que les militaires algériens défileraient sur les Champs-Elysées, le FN était monté au créneau. Le député frontiste Gilbert Collard, le vice-président du Front national (FN) Louis Aliot, et Mohammed Bellebou, conseiller municipal FN de Perpignan et président de l’association France Harkis, ont ainsi lancé une pétition baptisée « Non au défilé des troupes algériennes à Paris le 14 juillet 2014 ». D'après eux, « la présence de l'armée nationale algérienne pose un problème politique et un problème moral grave ».

En Algérie, l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM, anciens combattant) s’est aussi opposé à cette présence mais pour d’autres raisons. « Le sujet ne doit même pas être abordé tant que le sujet de la criminalisation du colonialisme n’est pas réglé », a argué son secrétaire général Saïd Abadou. « La politique extérieure et de la Défense nationale relèvent des prérogatives du président de la République », a préféré répondre le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni questionné sur ce point.

A l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, 80 autres pays ayant participé à la guerre de 1914-1918 ont également été invités par François Hollande, le 14 juillet. Même au nombre de trois, les militaires algériens ne devraient pas passer inaperçus.

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