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Points de vue

Qui va décider de l’avenir des musulmans de Belgique ?

Par l'ADMB*

Rédigé par ADMB - Alternative démocratique des musulmans de Belgique | Mardi 12 Avril 2011 à 11:21

           


Absence de femmes (la moitié de la communauté !), de représentants de mosquées indépendantes, de représentants de la société civile, de minorités (convertis, chiites, soufis…) Ainsi se caractérise la « Commission de concertation pour le renouvellement de l’organe représentatif du culte musulman en Belgique » qui prétend pourtant représenter la communauté musulmane dans toute sa diversité. Une diversité réduite en vérité à quelques personnes proches des ambassades marocaines et turques et de leurs associations affidées.

Un an et demi ! C’est le temps nécessaire qu’aura exigé cette Commission pour produire une « proposition » inachevée d’une dizaine de pages pour le renouvellement de l’EMB dans lequel une femme ne pourra jamais présider à l’avenir.

Sous couvert d’une représentation issue des mosquées, ce sont les fédérations ou prétendues telles (Diyanet et Milli Görüş du côté turc ; « Rassemblement des musulmans de Belgique » du côté marocain) qui vont se retrouver majoritaires face à l’éparpillement des mosquées indépendantes et par conséquent non organisées pour résister à leur emprise sur l’islam de Belgique.

En bref, le contenu des prêches du vendredi sera décidé à Rabat ou à Ankara, de même que la définition des diplômes requis pour former les futurs citoyens musulmans de Belgique. Rabat veut préserver l’islamité de ses citoyens, tandis qu’Ankara souhaite contrôler les siens comme levier politique européen. Si l’on ajoute à cela le caractère de plus en plus conservateur de ces sociétés, un islam apaisé, nourrissant le cœur de musulmans belges heureux et non frustrés, n’est pas pour demain. C’est ce que nous prépare cette Commission.

La seule gestion du temporel du culte ? Qui définit le socle des compétences et connaissances requises pour les imâms, le contenu théologique des cours de religion islamique, la place des femmes dans l’organisation du religieux ? L’EMB est seul maître à bord, or ces questions relèvent prioritairement du théologique voire de l’idéologique et auront un impact déterminant sur l’avenir de l’islam belge. La « Commission » cache les véritables enjeux de son projet, tant vis-à-vis des pouvoirs subsidiant que vis-à-vis d’une communauté musulmane qu’elle n’a informée que via ses communiqués de presse.

Le ministre des Cultes ne s’y est pas trompé et a exigé de l’EMB que le projet de renouvellement qu’il présentera soit contresigné par tous ses membres et prennent en compte un grand nombre de propositions mises en avant par l’Alternative des musulmans de Belgique (ADMB), composée également de membres de l’EMB. Depuis plus d’une semaine, l’EMB et la « Commission » s’y refusent frontalement et officiellement, entraînant le risque que le ministre réduise le subside de l’EMB tant qu’un consensus ne sera pas trouvé.

Or, contrairement à la « Commission », l’ADMB, depuis bientôt deux ans, s’est illustrée par sa volonté d’inclusion de toutes les tendances de la communautés, y compris des Fédérations qui devront trouver une juste place dans toute nouvelle formule de renouvellement. L’ADMB, avec l’appui de responsables de mosquées, d’experts issus de la communauté musulmane, mais aussi d’académiciens spécialisés dans les questions institutionnelles, a développé une série de propositions fortes et argumentées qui permettront de sortir du bourbier actuel autour d’un projet mobilisateur :
– retour à la base et implication de toutes les composantes de la communauté musulmane de Belgique ;
– constitution de listes électorales régionales avec présence obligatoire d’un tiers de femmes ainsi que de personnes issues de communautés minoritaires ;
– connaissance obligatoire de la langue de la région où l’on se présente ;
– exigence de la possession d’un diplôme du secondaire supérieur pour les candidat-e-s ;
– absence de statut diplomatique et non-exercice d’un quelconque mandat politique ;
– autonomisation financière – et politique – de l’institution ;
– rupture des influences et pressions consulaires ;
– renforcement de l’ancrage belge – terre d’avenir de ses citoyens musulmans…

Les musulmans de Belgique doivent décider de manière autonome et démocratique de l’avenir de leurs institutions et des liens qu’ils créeront avec leurs concitoyens d’autres convictions. L’EMB est un enjeu de taille qui mérite que les musulmans s’y intéressent et s’y impliquent aujourd’hui plus que jamais, car d’aucuns tentent de profiter de la lassitude communautaire à son propos pour faire passer en stoumeling leur agenda. Ils prétendent en outre, une fois de plus, à la représentativité et à la nouveauté alors que tous, sans exception, ont été impliqués à titres divers dans les 20 dernières années de déboires qu’a connus l’EMB.

Comment faire croire qu’ils ont trouvé une solution ? Pas en notre nom ! Les musulmans de Belgique méritent mieux qu’une mise sous tutelle au nom d’intérêts bien compris.

L’ADMB réitère une fois de plus sa volonté de travailler au bien commun et d’engager un dialogue – constructif et utile – avec tous les éléments de la communauté pour mettre en commun ses propositions et améliorer la qualité de tout projet de renouvellement pour le bien de TOU-TE-S.


* L’Alternative démocratique des musulmans de Belgique (ADMB) est une plate-forme qui regroupe les forces vives de toutes les composantes de la communauté musulmane de Belgique sans distinction d’ethnie, de genre, ni d’écoles juridiques… L’ADMB a pour vocation de promouvoir un Organe chef de culte des musulmans de Belgique représentatif, démocratique et indépendant de toute forme d’ingérence.







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