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Politique

Présidentielle 2012 : les Chirac vont voter pour Hollande, embarras à l’UMP

Rédigé par | Vendredi 4 Mai 2012 à 04:26

           

L’UMP, qui n'a eu de cesse d'afficher une image d'unité tout au long de la campagne électorale, a su jusque-là bien caché son malaise face aux Français. Exception faite de Bernadette et d'Alain Juppé, la famille de Jacques Chirac et ses proches s’apprêtent à voter pour François Hollande. Si tel choix a bien été fait au premier tour, il ne sera plus qu’une formalité le 6 mai. Au regard de l’inimitié, de longue date, de Jacques Chirac à l'encontre de Nicolas Sarkozy et de la tournure droitière qu’a pris l’UMP sous sa présidence, le choix n’a rien de surprenant. Les Chiraquiens se préparent ainsi à reprendre en main l'UMP en cas de défaite de leur parti.



Présidentielle 2012 : les Chirac vont voter pour Hollande, embarras à l’UMP
L'ancien président de la République Jacques Chirac (1995-2007) ne porte pas Nicolas Sarkozy dans son cœur. Il pourrait bien voter pour François Hollande au second tour de l'élection présidentielle, a déclaré, mardi 1er mai, Jean-Luc Barré, un historien et écrivain proche de l'ex-chef de l'Etat.

« Il ne le dit pas qu'à moi, il le dit à absolument toutes les personnes qu'il voit. Ce n'est pas un secret. Je le vois suffisamment pour dire qu'il persiste et signe (...). Ça n'est pas un secret d'Etat », a ainsi déclaré la plume de Jacques Chirac.

Jacques Chirac, aujourd’hui âgé de 79 ans, avait déjà exprimé cette intention devant les caméras en juin 2011 lors d'une visite du musée qui lui est dédié à Sarran (Corrèze), en présence de François Hollande… sauf si Alain Juppé décidait de présenter sa candidature car il disait bien l’aimer, avait-il précisé. Manque de pot pour lui, le très chiraquien ministre des Affaires étrangères s’est clairement rangé du côté de Nicolas Sarkozy, jugeant la présidence de ce dernier comme « exceptionnelle ».

Pour calmer les esprits au sein de l’UMP, l’entourage de l’ancien président avait alors parlé à l’époque de « blague corrézienne ». Sauf que cette « boutade » se serait bien transformée en un réel vote en faveur du candidat socialiste le 22 avril et devrait se répéter le 6 mai.

Entre Sarkozy et Chirac, la rancœur reste tenace

Les relations entre Hollande et Chirac se sont nouées dans les années 1980 sur les terres de Corrèze, dont ils partagent tous deux un grand amour et pour lesquelles ils se sont battus pour en avoir la direction. Malgré leurs divergences politiques, le respect s’est installé entre les deux hommes, qui ont été amenés à se croiser assez souvent à Paris et en Corrèze. Preuve de son respect, Jacques Chirac a salué dans ses Mémoires Hollande comme « un homme d'État » pour son attitude lors du débat sur le voile à l’école en 2004.

Dans le même ouvrage, Jacques Chirac n’est, en revanche, pas tendre à l’égard de Nicolas Sarkozy, décrit comme un homme « nerveux, impétueux, débordant d’ambition, ne doutant de rien et surtout pas de lui-même » et à qui il reproche son côté « atlantiste » et trop « libéral ».

Ces écrits sont le résultat d’une profonde inimitié qui lie les deux hommes depuis l’élection présidentielle de 1995, dont Chirac est sorti victorieux. A l’époque, Sarkozy avait ouvertement milité pour son rival Edouard Balladur. Un positionnement qui ne lui sera jamais vraiment pardonné, malgré un retour en grâce de Sarkozy en 2002. Il obtient des mandats de ministres après la réélection de Chirac contre Le Pen, mais ses relations avec le président se dégradent au fur et à mesure que celles qu'il entretient avec Dominique de Villepin, aimé de Chirac, sont exécrables.

La tournure atlantiste et libérale qu’a pris l’UMP après l’élection de Nicolas Sarkozy, en 2007, aura également été peu appréciée des Chiraquiens. Moins encore l’appel du pied actuel du président-candidat aux électeurs du Front national (FN), parti qui avait été vigoureusement combattu en 2002 par Jacques Chirac.

Pas sûr que ce dernier, qui avait à l’époque appelé les Français à constituer un « front républicain » en sa faveur, apprécie Patrick Buisson, « ancien » militant d’extrême droite et conseiller très (trop) écouté de Sarkozy, qui lui a notamment inspiré la création d’un ministère de l’Identité nationale et est aujourd’hui à la manœuvre pour rameuter le FN.

Des chiraquiens pro-Hollande s’affichent

De très nombreuses personnalités du clan Chirac ont plus ou moins affiché leur soutien au candidat socialiste. Les démentis officiels de l’UMP n’y font rien. La fille de Jacques Chirac, Claude, et son mari, Frédéric Salat-Baroux, ancien secrétaire général de l'Elysée, ne cachent plus vraiment leur proximité avec Hollande : ils auraient même envoyé (discrètement) des messages de soutien au camp socialiste.

Bernadette est bien la seule de la famille qui milite ouvertement pour Sarkozy. L’ex-Première dame s’est régulièrement affichée dans les meetings et tente, de son mieux, de colmater les brèches… bien trop béantes. L’heure du règlement de compte a sonné et une défaite de l'UMP retentira comme un désaveu de la stratégie sarkozyste, permettant aux Chiraquiens de reprendre les rênes de leur parti et lui donner un nouveau souffle.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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