Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « racisme »

Rédigé par Pierre Henry | Jeudi 10 Février 2022 à 11:00

           

Les mots qui fâchent, les mots du vocabulaire politique, souvent mal connus, employés de manière inappropriée, instrumentalisés sont nombreux. Ils se répètent et se buzzent en réseaux, confortant postures et partis pris. Ils font débat et nous divisent. Ce sont les mots piégés du débat républicain. Ces mots, nous allons les déminer, les expliquer ou simplement vous permettre de mieux les connaître. Le mot du jour ici décrypté : le racisme.



Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « racisme »
Aujourd'hui, c'est le mot racisme qui est sur la sellette. « Je ne suis pas raciste, mais… » Tout est dans ce « mais ». Inutile alors d'en dire plus. Les restrictions sous entendues, un certain nombre de Français les connaissent et beaucoup trop d'entre eux les partagent. Ils ne sont pas racistes, mais quand même « ces gens-là », comme ils disent, « ne sont pas comme nous ». Un racisme de souche, mais pas seulement, d'autant plus terrifiant qu'il est très ordinaire, nourri d'ignorance et de préjugés.

Personne ne s'accorde sur l'origine du mot « race », mais le terme semble provenir du latin generatio, signifiant « lignage, génération ». Devenu generace en français, puis race vers 1500, le mot désigne alors la subdivision d'une espèce à caractère héréditaire, représentée par un certain nombre d'individus. Parfait pour la noblesse française, qui utilise le mot « race » jusqu'au 17e siècle pour se différencier, bien entendu, des roturiers. On parle alors officiellement de noblesse de race.

C'est véritablement au 18e siècle que le racialisme, le fait de différencier les humains en races, se développe. Les naturalistes, qui classaient alors les animaux et des plantes en espèces ou en races, commencent à en faire de même avec les Hommes. Ils les catégorisent selon leur aspect physique. Ce racisme catégorisé se transforme rapidement en racisme hiérarchisé. C'est la justification de l'asservissement et de l'esclavage. Au début du 20e, ce racisme hiérarchisé fut institutionnalisé avec l'Allemagne nazie qui plaça la race aryenne au top de l'humanité, avec la ségrégation visant les Noirs américains ou encore avec l'apartheid sud-africain.

Heureusement, le 20e siècle fut aussi celui des luttes vers une égalité entre les Hommes. Ainsi, l'ONU se prononça contre la discrimination raciale dès 1963. L'Unesco déclarait, quant à elle, en 1950 que l'espèce humaine était unie et que la race était moins un phénomène biologique qu'un mythe social. Du préjugé au racisme, le pas est souvent vite franchi. Comme prétendre que les Noirs, par exemple, auraient « le rythme dans la peau » et que les Asiatiques seraient « extrêmement disciplinés ». Réduire les populations à leur origine et leur apparence physique, c'est du racisme.

En France, le racisme est défini par la loi depuis 1972 comme une provocation à la discrimination, à la haine, à la violence en raison de l'origine ou de l'appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Ainsi, le racisme est une infraction pénale punie d'un an de prison et de 45 000 euros d'amende. Qu'on se le dise !

Après être revenu sur l'origine du mot « racisme » et sa balade dans l'actualité, un intervenant nous aide à y voir encore plus clair. Ici Saphia Aït Ouarabi.

*****
Pierre Henry est le président de l’association France Fraternités, à l’initiative de la série « Les mots piégés du débat républicain », disponible également en podcast sur Beur FM.

Voir aussi les vidéos de La Casa del Hikma :

Contre le racisme, à chaque communauté son combat ?
Rejeter toutes les exclusions, un engagement impossible ?
Racisme: « Se concentrer que sur sa propre lutte est un cul-de-sac intellectuel et stratégique »

Lire aussi :
Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « séparatisme »
Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « laïcité »
Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « discrimination »
Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « universalisme »




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 11/02/2022 17:11 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
La loi de 1972 ne définit pas le "racisme" mais condamne un type d'expression publique, c'est différent.

Le racisme tel que décrit ici a en fait une acception bien plus étendue, puisque la loi qui le définit, est utilisée en fait pour déterminer des culpabilités d'un autre ordre.
Un exemple est la description faite par Eric Zemmour du phénomène dit "des mineurs isolés" qui lui a valu une condamnation en première instance.
Sans entrer dans les détails de la discussion juridique, on ne peut nier qu'il y a effectivement un problème social, juridique et criminel sur ces questions qui va très au-delà de la simple expression d'un "racisme" tel qu'il est décrit ici.

Le fait est que la jurisprudence en ces domaines distingue effectivement des propos qui ne font que possiblement susciter certains sentiments et d'autres qui exhortent directement à la haine etc.
C'est la fameuse différence entre "Brutus est un traitre" et "il faut tuer Brutus".

2.Posté par Premier janvier le 02/03/2022 18:02 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
François. Non. La loi ne condamne pas.
Ce sont les tribunaux qui condamnent.
Un même propos peut être jugé non raciste dans un contexte et raciste dans un autre. C'est l'histoire du dit racisme qui dira le racisme. Le racisme est une histoire avec des protagonistes, des faits, des lieux, des dates...
Il existe parce qu'il n'existe pas.

3.Posté par Rond LEDARON le 15/03/2022 05:26 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Ah le racisme ,ce concept théorisé scientifiquement par un Occident tout puissant qui décida un jour de hiérarchiser les ethnies pour mieux se mettre à leur tête.
Cet atavisme culturel ,voir civilisationnel, qui hante la psyché collective est partiellement oblitéré par un discours "Potemkine". Les victimes de cette idéologie peuvent témoigner de leurs difficultés à trouver appartement ou travail.


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !