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Sur le vif

Le Conseil de l’Europe blâme l’inaction de la Grèce face au racisme

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 19 Avril 2013 à 10:52

           


Le Conseil de l’Europe a établi, mardi 16 avril, un constat accablant de la situation vécue en Grèce par les immigrés, qui doivent faire face à un racisme scandaleux. Le rapport du commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, appelle le gouvernement à prendre d’urgence des mesures pour contrer « l’impunité » des crimes racistes en forte augmentation dans le pays, touché de plein fouet par la crise économique.

Ces crimes et les discours haineux qui les accompagnent « visent en premier lieu les migrants et représentent une menace sérieuse pour l’Etat de droit et la démocratie », dénonce le Conseil de l’Europe. Il déplore les lacunes, les vides juridiques et les pratiques qui nuisent à l’accueil des migrants en Grèce.

Le gouvernement doit imposer des « sanctions dissuasives » à ceux qui font l’apologie ou sont impliqués dans de tels crimes, réclame l'institution. Nils Muiznieks invite par ailleurs à interdire « si nécessaire » le parti néonazi Aube Dorée. Des membres, y compris des députés du parti entrés pour la première fois au Parlement en 2012, ont été impliqués dans 17 incidents violents perpétrés à l’encontre de migrants entre juin et octobre 2012, note le rapport.

Le commissaire Muiznieks regrette par ailleurs que le monde politique grec a « largement recours à une rhétorique stigmatisant les immigrés, et que des mesures de contrôle de l’immigration ont conduit à encore davantage stigmatiser les migrants ».

En réponse à ce rapport accablant, les autorités grecques indiquent que l’attitude à avoir devant Aube Dorée est « complexe ». Adopter des « réponses émotionnelles pourrait avoir l’effet inverse ou apporter davantage de résultats indésirables », estiment-t-ils. Athènes juge également que l’entrée du parti extrémiste dans l’hémicycle est le fruit d’une « déception populaire » et que le racisme reste un « phénomène marginal ».

Les arguments du gouvernement grec sont encore plus contestables quand les propos du Premier ministre Antonis Samaras sont défendus. Ainsi, lorsqu’il a parlé de « reprendre » les centre-villes aux immigrés clandestins, il ne faisait « simplement » qu’affirmer « la volonté d’y faire respecter l’Etat de droit », assure Athènes.

L’an dernier, une véritable chasse aux immigrés sans-papiers avait été lancée par les autorités. Elle avait notamment coûté la vie à un jeune Irakien.

Le gouvernement a dit toutefois partager l’inquiétude du commissaire aux droits de l’Homme quant à la récente augmentation des attaques racistes, et fait savoir que les propositions du rapport seront « attentivement » examinées par les autorités compétentes.

Des groupuscules extrémistes n’hésitent pas à s’en prendre violemment aux immigrés comme ce fut le cas en janvier dernier, quand un commerçant pakistanais a été sérieusement blessé. Et on a appris vendredi 19 avril qu’une trentaine de travailleurs immigrés avaient été blessés par balles dans un champ de fraises du Péloponnèse pour avoir réclamé leur paie.

Ce climat de xénophobie fait craindre le pire à tous les immigrés et personnes dite d’origine étrangère vivant en Grèce.

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