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Religions

L’extrémisme au nom de l’islam rejeté par les musulmans

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Jeudi 3 Juillet 2014 à 18:00

           


L’extrémisme au nom de l’islam rejeté par les musulmans
Les habitants des pays musulmans se montrent de plus en plus inquiets face à l’extrémisme émanant de groupes se présentant comme défenseur de l’islam, selon une étude de l'Institut américain Pew Research dévoilée mardi 1er juillet.

Pour cette analyse, plus de 14 200 personnes vivant dans 14 pays majoritairement musulmans ont été interrogés à ce sujet, du 10 avril au 25 mai, avant l’avancée de l’Etat islamique en Irak et en Levant (EIIL) en Irak qui se targue d’avoir créé un califat à cheval sur la Syrie et l'Irak.

Résultat : la montée de l’extrémisme fait peur à un plus grand nombre. Au Liban, où de nombreux Syriens trouvent refuge, 92 % des personnes interrogées déclarent avoir peur de « l’extrémisme islamiste ». C’est 11 points de plus qu’en 2013. Qu'il soient chiites, sunnites ou chrétiens, cette crainte est autant partagée. Les Tunisiens interrogés sont 80 % dans ce cas contre 71 % en 2013.

Les Turcs sont 50 % à exprimer cette peur. Ils étaient 37 % l’an dernier. Du côté de l’Afrique, au Nigeria déstabilisé par Boko Haram, 72 % se déclarent inquiets contre seulement 46 % des sondés sénégalais. Ces derniers étaient plus préoccupés par l’extrémisme en 2013 au moment où leurs voisins maliens devaient faire face à l’offensive de groupuscules « jihadistes ».

Les Indonésiens, eux, se montrent encore moins inquiets par ce fléau (39 %). C’est l’inverse pour les autres pays asiatiques faisant partie du panel (Bangladesh, Pakistan et Malaisie), où plus de 60 % des sondés déclarent craindre « l’extrémisme islamiste ». Ce sentiment monte à 65 % dans les Territoires palestiniens et de 84 % en Israël, seul pays non musulman sondé.

L’extrémisme au nom de l’islam rejeté par les musulmans

Des groupes radicaux moins soutenus

L’étude de Pew montre, par ailleurs, que les habitants des pays étudiés sont moins nombreux qu’auparavant à soutenir des groupes terroristes comme Al-Qaïda. Ainsi, 25 % des Palestiniens - 9 % de moins qu'en 2013 - disent avoir une bonne opinion de cette organisation.

Mis sur le même plan qu’Al-Qaïda par l’institut américain Pew, le Hamas, mouvement de résistance palestinienne considéré comme terroriste par l’Union européenne et les Etats-Unis, est également moins plébiscité, peut-on voir dans l’étude. Une majorité des Palestiniens (53 %) disent ainsi avoir une mauvaise opinion de l'organisation, alors qu’en 2013 ils étaient une majorité à en avoir une bonne image. Cette opinion négative est en hausse chez les habitants de Gaza (63 % contre 54 % en 2013). La baisse de popularité s'explique notamment par son incapacité à répondre aux demandes grandissantes des Gazaouis face au blocus d'Israël et à sa gestion critiquée des affaires intérieures.

Ailleurs, une large majorité de Nigérians (79 %) disent leur opposition à la secte Boko Haram, auteure de l’enlèvement de 200 adolescentes en avril dernier. Au Pakistan, 59 % des sondés se disent hostiles aux Talibans contre 8 % qui disent en avoir une opinion favorable et 33 % qui ne se prononcent pas.

En outre, la grande majorité des musulmans considère comme injustifiés les attentats-suicides commis contre des civils au nom de la défense de l’islam. Les plus nombreux à estimer que cela peut parfois être justifié sont les musulmans du Bangladesh (47 %). Mais, en Indonésie et au Pakistan, marqués par l’horreur des attentats de ces dernières décennies, peu nombreuses sont les personnes à partager cette opinion (respectivement 9 et 3 %). En Tunisie, ce taux n’est également que de 5 %. En revanche, en Palestine, 46 % considèrent qu'ils peuvent parfois être justifiés contre 62 % l’an dernier. La situation d'occupation vécue depuis 66 ans et les agressions permanentes d'Israël à l'égard des Palestiniens finissent par exaspérer la population, tant musulmane que chrétienne.

Premières victimes du terrorisme, les musulmans, dans leur grande majorité, ne peuvent que s’opposer à des actes visant des innocents, contraires à la foi musulmane.





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