Connectez-vous S'inscrire

Sur le vif

L'éditeur et anticolonialiste François Maspero n’est plus

Rédigé par La Rédaction | Lundi 13 Avril 2015 à 13:33

           


L'éditeur François Maspero est décédé samedi 11 avril.
L'éditeur François Maspero est décédé samedi 11 avril.
Fils d’une figure de l'étude sur la Chine et de l'Extrême-Orient et petit-fils d’un égyptologue de renom, François Maspero s’est éteint samedi 11 avril, à Paris, à l'âge de 83 ans. Le nom de l’éditeur restera à jamais lié aux combats anticolonialistes, aux dénonciations des ratonnades et à la lutte contre la torture. Les éditions François Maspero ont en particulier beaucoup œuvré pour la mise en lumière des heures les plus sombres de la guerre d’Algérie (1954-1962).

Ce sont d’ailleurs les guerres qui ont décidé François Maspero à devenir éditeur, pour comprendre, pour témoigner. A l’âge de 12 ans, le 24 juillet 1944, un agent de la Gestapo vient arrêter ses parents qui seront ensuite déportés par l’occupant nazi. Pas étonnant qu’il reste traumatisé par la guerre, toutes les guerres, précisément « du caractère insoutenable des guerres coloniales », d'Indochine à l'Afrique du Nord, en passant par Madagascar, indique François Maspero dans un entretien accordé en 1990 au philosophe Miguel Benasayag.

En 1959, la collection « Cahiers libres » est lancée pour « combler les lacunes de l'information sur la guerre d'Algérie », explique Fanchita Gonzalez Batlle, dans Maspero et les paysages humains. Cette nouvelle collection commence par publier des ouvrages qui deviendront des références : L'An V de la révolution algérienne (1959), de Frantz Fanon, Ratonnades à Paris, long article (non signé), de Paulette Péju, L'Algérie, nation et société (1965), de Mostefa Lacheraf. Puis l’éditeur, encarté au Parti communiste, lance en 1961, la revue Partisans, publiée jusqu'en 1973. Elle devient vite le relais incontournable du mouvement anticolonialiste.

La « Petite collection Maspero » est par la suite créée. Les auteurs comme Pierre Vidal-Naquet, Gérard Chaliand, Louis Althusser, Elisabeth Roudinesco, Bernard Henri-Lévy ou Tahar Ben Jelloun sont publiés en 24 années d'existence.

En 1982, l'éditeur passe la main et les Editions Maspéro sont rebaptisées La Découverte. Le temps est venu pour ce « gardien de phare » de se mettre à son tour à écrire. Ses romans, parmi lesquels Le Sourire du chat (1984), Le Figuier (1988), Le Temps des Italiens (1994) ou La Plage noire (1995), sont pour la plupart édités au Seuil. François Maspero a reçu en 2006 le prix Édouard-Glissant pour l'ensemble de son œuvre.

Lire aussi :
Le réalisateur anticolonialiste d’Avoir 20 ans dans les Aurès est mort
La Semaine anticoloniale et antiraciste fête ses 10 ans
Stéphane Hessel, le fervent anticolonialiste, est mort à 95 ans
Frantz Fanon, 50 ans après sa mort, toujours aussi actuel




SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !