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L'après-Charlie, pour en débattre sans tabou

Rédigé par | Mardi 6 Octobre 2015 à 08:00

           

Être ou ne pas être Charlie, quelle suite donner aux attentats de Paris en janvier 2015 ? Comment faire de ce trauma le point de départ de réflexions visant au mieux vivre ensemble ? C’est le pari que se sont donné les auteurs du livre « L’après-Charlie, 20 questions pour en débattre sans tabou », huit mois après les tragiques événements à la source de débats qui ont divisé la société.



L'après-Charlie, pour en débattre sans tabou
« Est-on obligé de dire “Je suis Charlie” ? », « Pourquoi ne dit-on pas que les premières victimes des jihadistes sont des musulmans ? », « Pourquoi toute la presse fait-elle la leçon aux musulmans ? », « Pourquoi proclamer les valeurs de la République – liberté, égalité, fraternité – alors qu’on laisse faire les discriminations ? »… L’ouvrage L’après-Charlie, 20 questions pour en débattre sans tabou fait le pari de prendre à bras-le-corps le débat tout en jouant la carte de l’apaisement. Un exercice auquel les jeunes et leurs encadrants sont invités à se plier pour parvenir à mieux maîtriser les échanges et à se faire comprendre.

Pour ce faire, le mini-livre leur offre un appui intéressant à partir des regards croisés de Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, Lylia Bouzar, présidente du Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), et Samuel Grzybowski, fondateur de l’association Coexister. A chaque question, précédée au préalable de trois citations de lycéens recueillies sur les réseaux sociaux ou entendues lors de rencontres publiques, les auteurs apportent des réponses, les leurs, visant à amorcer un dialogue sain et constructif. Le tout loin de « l'unanimisme charliste » auquel des pans entiers de la société ne se sont pas reconnus.

L'après-Charlie, pour en débattre sans tabou

« Et si tous ces assassinats étaient le fruit d'un complot ? »

Le complotisme, source de thèses parfois les plus farfelues autour des événements de janvier, est aussi abordé sous un angle pédagogique. Le cas Dieudonné, auteur du malheureux « Je me sens Charlie Coulibaly », n'est pas non plus oublié... Le livre constitue ainsi une base sérieuse pour les professeurs, en particulier ceux qui se chargent de l’enseignement moral et civique, présent dans les programmes de l'Education nationale depuis la rentrée 2015.

Un cours qui devrait être perçu comme une occasion d'engager des discussions franches et ouvertes, sans à-prioris, autour de sujets aussi sensibles que sont l'après-Charlie, la laïcité (que ses intégristes ont réussi à saper pour en faire une arme d'exclusion ou encore les discriminations et les lois d'interdiction du voile. A noter, si celle de 2004 est défendue des auteurs, toute loi contre la présence de mères voilées lors de sorties scolaires et le voile à l'université est formellement dénoncée. « Si, demain, cette question était sérieusement débattue, je commencerais une grève de la faim », signifie Samuel Grzybowski.

L’ouvrage, qui se veut être un moyen de désamorcer des tensions, n’a nul autre pareil tant dans son contenu didactique que dans son tarif qui sied à tous les portefeuilles (6 euros). Il a été adressé aux 4 300 lycées de France pour inciter à une libération de la parole des jeunes et ouvrir le dialogue autour de questions qui agitent la société. Plusieurs rencontres entre les auteurs et des établissements scolaires sont d'ailleurs à l'agenda. Le débat est ouvert !

Jean-Louis Bianco, Lylia Bouzar, Samuel Grzybowski, L’après-Charlie, 20 questions pour en débattre sans tabou, Editions de l'Atelier - Canopé, septembre 2015, 112 pages, 6 euros.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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