L'avis de Saphirnews
La crise du Covid-19 est éminemment géopolitique. Dans Géopolitique du Covid-19. Ce que nous révèle la crise du coronavirus, Pascal Boniface s’attèle à dresser un bilan géostratégique d'une crise qui, bien qu’elle ne soit pas encore terminée, est révélatrice des faiblesses des uns comme des forces des autres dans un monde en perpétuel changement.
A commencer par la superpuissance chinoise, qui semble jusque-là bénéficier d’une crise pourtant née sur son territoire. « Si la Chine a manqué de transparence au début de l'épidémie, nous avons, pour notre part, manqué de vigilance au regard de ce qui s'y passait, en grande partie par aveuglement idéologique », estime le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), pour qui le Covid-19 vient « accélérer la prise de conscience des Occidentaux qu'il n'était pas au-dessus des autres et que la Chine fonçait, si ce n'est sur eux, du moins devant eux ».
A commencer par la superpuissance chinoise, qui semble jusque-là bénéficier d’une crise pourtant née sur son territoire. « Si la Chine a manqué de transparence au début de l'épidémie, nous avons, pour notre part, manqué de vigilance au regard de ce qui s'y passait, en grande partie par aveuglement idéologique », estime le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), pour qui le Covid-19 vient « accélérer la prise de conscience des Occidentaux qu'il n'était pas au-dessus des autres et que la Chine fonçait, si ce n'est sur eux, du moins devant eux ».
« Certes, on a pu être sidérés, pris de court mais on ne peut pas dire que l'on n'a pas été prévenus. Car les mises en garde, les signaux d'alerte, les avertissements, ont été multiples et divers, à l'étranger comme en France. Mais nous n'en avons pas tenu compte, ces scénarios paraissant démesurés et leur probabilité de survenance extrêmement faible, ou les mesures à prendre pour y faire face jugées trop coûteuses trop exigeantes », met-il un point d’honneur à écrire dès les premières pages de l’ouvrage.
Ce n’est donc pas un hasard si le livre, que le géopolitologue, amoureux du ballon rond, dédie à Pape Diouf, décédé du Covid-19 fin mars, est préfacé par Roselyne Bachelot. Des mots de Pascal Boniface, l’ancienne ministre de la Santé sous l’ère Sarkozy pose « les fondations d'une réflexion féconde, tant pour le diagnostic sans concession de nos failles que pour l'ouverture de perspectives donc nos comportements individuels et collectifs détiennent les clés ». Pour rappel, l’actuelle ministre de la Culture a longtemps été raillée pour le stock conséquent de masques et de vaccins qu'elle avait commandés en prévision de la grippe H1N1. Avant d’être aujourd’hui réhabilitée face à l’impréparation de la France à faire face à la crise du Covid-19.
Ce n’est donc pas un hasard si le livre, que le géopolitologue, amoureux du ballon rond, dédie à Pape Diouf, décédé du Covid-19 fin mars, est préfacé par Roselyne Bachelot. Des mots de Pascal Boniface, l’ancienne ministre de la Santé sous l’ère Sarkozy pose « les fondations d'une réflexion féconde, tant pour le diagnostic sans concession de nos failles que pour l'ouverture de perspectives donc nos comportements individuels et collectifs détiennent les clés ». Pour rappel, l’actuelle ministre de la Culture a longtemps été raillée pour le stock conséquent de masques et de vaccins qu'elle avait commandés en prévision de la grippe H1N1. Avant d’être aujourd’hui réhabilitée face à l’impréparation de la France à faire face à la crise du Covid-19.
Un diagnostic lucide sur l'état du monde actuel
Son dernier livre s’inscrit résolument dans la continuité de « Requiem pour le monde occidental » (Eyrolles, 2019), qui se présente comme un plaidoyer en faveur d’une sortie de la dépendance stratégique et sécuritaire de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Le Covid-19, par ailleurs révélateur d'un duel sino-américain « structurel », l’y invite plus que jamais au regard de la gestion chaotique de la crise sanitaire par un Donald Trump prêt à toujours autant d'excès pour remporter la course à la Maison blanche en novembre.
Dans la continuité de ses analyses, il souligne combien la domination du monde occidental est « révolue ». Avec cette question qui mérite d'être posée : « Et si le monde occidental apprenait la modestie ? » Une question rhétorique qui appelle à une réponse par l’affirmative. Car, dit-il, face au Covid-19, « le sentiment de supériorité du monde occidental a bien sûr joué dans la non-prise en compte de ces multiples alertes. Elles ne pouvaient être que virtuelles pour le monde "riche". Ces pandémies ne pouvaient qu'être limitées à l'Asie ou à l'Afrique ; c'était l'affaire de pauvres, des sous-développés, des pays faits de taudis et de population entassées, aux habitudes alimentaires déplorables, du manque d'hygiène et d'un système sanitaire peu performant ».
Et une évidence : « A prendre le reste du monde de haut, nous contribuons d'une certaine manière à notre propre affaiblissement, une telle attitude étant désormais inacceptable aux yeux du reste du monde. » Cette attitude conduit, en outre, les dirigeants occidentaux « à commettre des erreurs regrettables et coûteuses ». Tel fut le cas lors de l'émergence du Covid-19, qui a fait plus de 400 000 morts en Europe et en Amérique du Nord sur les 850 000 décès enregistrés dans le monde en date du 1er septembre.
Néanmoins, contrairement aux Etats-Unis, Pascal Boniface estime que l’Union européenne, sans être glorieuse, ne sort pas honteuse de la crise. Une UE qui doit aujourd’hui se poser en « global player » plutôt qu'en « global payeur » mais aussi adopter une attitude rationnelle à l’égard des ambitions de pays qualifiés parfois à tort d’émergents comme la Chine, sans se contenter « de nous situer sur le terrain des valeurs ».
Parce que « le multilatéralisme peut prévenir de nouvelles crises », la crise du Covid-19 « pourrait être à l'origine d'une alliance des multilatéralismes, à condition d'accepter de se démarquer d'une solidarité occidentale avec les États-Unis qui l'entrave ». Géopolitique du Covid-19 pose ainsi un diagnostic lucide sur l'état du monde à l’ère du nouveau coronavirus pour mieux en décrypter les enjeux.
Dans la continuité de ses analyses, il souligne combien la domination du monde occidental est « révolue ». Avec cette question qui mérite d'être posée : « Et si le monde occidental apprenait la modestie ? » Une question rhétorique qui appelle à une réponse par l’affirmative. Car, dit-il, face au Covid-19, « le sentiment de supériorité du monde occidental a bien sûr joué dans la non-prise en compte de ces multiples alertes. Elles ne pouvaient être que virtuelles pour le monde "riche". Ces pandémies ne pouvaient qu'être limitées à l'Asie ou à l'Afrique ; c'était l'affaire de pauvres, des sous-développés, des pays faits de taudis et de population entassées, aux habitudes alimentaires déplorables, du manque d'hygiène et d'un système sanitaire peu performant ».
Et une évidence : « A prendre le reste du monde de haut, nous contribuons d'une certaine manière à notre propre affaiblissement, une telle attitude étant désormais inacceptable aux yeux du reste du monde. » Cette attitude conduit, en outre, les dirigeants occidentaux « à commettre des erreurs regrettables et coûteuses ». Tel fut le cas lors de l'émergence du Covid-19, qui a fait plus de 400 000 morts en Europe et en Amérique du Nord sur les 850 000 décès enregistrés dans le monde en date du 1er septembre.
Néanmoins, contrairement aux Etats-Unis, Pascal Boniface estime que l’Union européenne, sans être glorieuse, ne sort pas honteuse de la crise. Une UE qui doit aujourd’hui se poser en « global player » plutôt qu'en « global payeur » mais aussi adopter une attitude rationnelle à l’égard des ambitions de pays qualifiés parfois à tort d’émergents comme la Chine, sans se contenter « de nous situer sur le terrain des valeurs ».
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Pascal Boniface, Géopolitique du Covid-19. Ce que nous révèle la crise du coronavirus, Eyrolles, juillet 2020, 190 pages, 13,90 €.
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