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Monde

Flottille de Gaza : les militants de retour mais Israël encore impuni

Les obsèques des neuf Turcs attisent la colère

Rédigé par | Jeudi 3 Juin 2010 à 19:41

           

Trois jours après le tollé international qu’a suscité le raid israélien contre la flottille humanitaire de Gaza qui tentaient de briser le blocus, Israël a finalement décidé d’expulser tous les militants des bateaux arraisonnés. Une enquête internationale impartiale et crédible est aujourd’hui devenue nécessaire pour un nombre grandissant de pays. Pourtant, la France et d’autres États européens se sont abstenus de voter pour cette idée. En attendant, tous les yeux sont rivés sur le navire « Rachel Corrie », en route vers Gaza.



Flottille de Gaza : les militants de retour mais Israël encore impuni
Depuis lundi, la majorité des pays – à l’exception notable des États-Unis – condamnent avec force l’assaut meurtrier d’Israël contre la flottille de Gaza dans les eaux internationales, qui s’est conclu par la mort de neuf Turcs et d’un Américain. Les Nations unies, par la voix de son secrétaire général Ban Ki-Moon, a vivement appelé l’État hébreu à « lever immédiatement » le blocus « contre-productif, intenable et immoral » imposé contre la bande Gaza depuis 2007.

Convoqué mardi par le représentant palestinien, le Soudan et le Pakistan au nom de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et de la Ligue arabe, le Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU a adopté, mercredi 2 juin à Genève, par 32 voix pour, 3 contre et 9 abstentions, la résolution approuvant la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale.

Sans surprise, Israël a rejeté, jeudi 3 juin, cette décision. « L'autorité de ce Conseil qui s'acharne une fois de plus de façon obsessionnelle contre Israël a atteint le zéro absolu », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ygal Palmor, faisant ainsi référence à l’enquête du juge sud-africain Richard Goldstone concernant l’opération « Plomb durci », menée en décembre 2008-janvier 2009, par Israël contre Gaza.

Israël et les États-Unis disent non, la France s'abstient

« Israël est un État démocratique indépendant et pas une république bananière », a surenchéri le ministre chargé des affaires stratégiques Moshé Yaalon, qui souhaite une enquête uniquement israélienne… et donc partiale. Les États-Unis, tout comme les Pays-Bas et l’Italie, se sont prononcés contre la résolution.

Quant à la France et au Royaume-Uni, ils se sont abstenus avec sept autres pays, estimant « regrettable » qu’un consensus n’ait pas été trouvé. « Nous regrettons que les auteurs du texte à Genève n'aient pas souhaité négocier son contenu, conduisant ainsi la France, avec la majorité de ses partenaires européens membres du Conseil des droits de l'homme, à s'abstenir lors du vote », s'est justifié le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Les militants libérés, les morts enterrés

En attendant, les quelque 650 militants détenus par Israël ont été libérés sans aucune charge retenue contre eux, puis expulsés vers la Turquie et la Grèce. Les militants français commencent à revenir à Paris ce jeudi via Athènes ou Istanbul.

Quant aux Turcs de la Flottille, ils ont été accueillis en héros mercredi soir. Les neuf victimes turques, dont un Américain de 19 ans d’origine turque, ont aussi eu leur part d’honneur. Des milliers de personnes ont assisté à leurs funérailles jeudi à la mosquée Fatih d'Istanbul.

« Israël a commis l'une des plus graves erreurs de son Histoire » que « la Turquie ne pardonnera jamais », a déclaré le chef de l'État turc Abdullah Gül, qui a rompu toute relation diplomatique avec l’État hébreu.

Le Nicaragua a décidé d’en faire de même mardi, ce qui porte le nombre de quatre pays en Amérique du Sud, avec le Venezuela, la Bolivie (depuis la guerre de Gaza, en 2009) et Cuba (depuis la guerre de Kippour, en 1973) à avoir suspendu leurs relations. Une décision que ne sont pas prêtes à prendre la Jordanie ou encore l'Égypte, qui a tout de même décidé de rouvrir temporairement, mercredi, le point de passage de Rafah.

« Rachel Corrie » arrive samedi, à Gaza

Malgré les avertissements des autorités israéliennes, les humanitaires restent déterminés à briser le siège de Gaza. Un navire irlandais devrait arriver samedi 5 juin à destination. Dénommé « Rachel Corrie », en hommage à une Américaine morte écrasée par un bulldozer israélien en 2003 , à Gaza, le bateau appartient à la Flottille arraisonnée lundi. Pas assez rapide, il a été laissé loin derrière. Il transporte à son bord du matériel de construction et 15 militants, dont l’Irlandaise Maired Corrigan-Maguire, lauréate du prix Nobel de la paix 1976, et Denis Hallyday, ancien haut responsable irlandais aux Nations unies.

« Le gouvernement a formellement demandé au gouvernement israélien de permettre au navire, de propriété irlandaise, d’être autorisé à terminer son trajet sans obstacles et à décharger sa cargaison à Gaza », a déclaré le Premier ministre irlandais Brian Cowen devant les parlementaires.

Cependant, Israël se dit prêt à arraisonner le navire et continue de rester sourd aux appels internationaux en faveur de la levée du blocus. « Notre devoir est d’inspecter tous les bateaux qui arrivent. Si nous ne le faisions pas, Gaza deviendrait un port iranien, ce qui constituerait une menace réelle pour la Méditerranée et l’Europe », a affirmé ce jeudi Benyamin Netanyahu. Qui a dit qu'Israël n'était pas parano ?



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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