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Points de vue

Du danger de l'extrémisme : ce que le Coran nous enseigne

Rédigé par Mohammed Moussaoui | Vendredi 26 Septembre 2014 à 13:46

           


Du danger de l'extrémisme : ce que le Coran nous enseigne
Le rassemblement de ce vendredi 26 septembre en face de la Grande Mosquée de Paris, placé sous le signe de recueillement, est un hommage à notre compatriote Hervé Gourdel, lâchement assassiné par des terroristes et le témoignage de notre compassion et de notre solidarité entière avec les familles de toutes les victimes du terrorisme.

C’est aussi l’occasion de dénoncer et de condamner la barbarie et la cruauté insoutenables, commises par l’organisation terroriste « Daesh », connue sous l’appellation de l’« Etat islamique » à l’encontre des civils en Syrie et en Irak parmi les chrétiens, les Yézidis, les Kurdes, les Turcomans, les musulmans sunnites et chiites, les journalistes et les humanitaires.

En dépit de son appellation usurpée, cette organisation n’a rien ni d’Etat ni d’islamique. Ses actions criminelles et barbares sont en totale contradiction avec les principes et valeurs élémentaires de la religion musulmane, dont le respect de la vie et de la dignité humaine.

Ce que le Coran nous enseigne

Le Coran nous enseigne qu’il n’y a pas d’acte de plus horrible que le meurtre d’un innocent : « Quiconque tue un être humain non coupable de meurtre ou de sédition sur la Terre est considéré comme le meurtrier de l'humanité tout entière. Quiconque sauve la vie d'un seul être humain est considéré comme ayant sauvé la vie de l'humanité tout entière ! » (Coran, s. 5, v.32).

Ceux qui s’engagent dans la voie du terrorisme se placent assurément dans le rang des ennemis des musulmans et des valeurs qui les animent. Le Coran nous dit également, en s’adressant au Prophète Muhammad (PBSL) et à travers lui à tous les musulmans : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’Univers. » (Coran, s. 21, v. 107)

L’essentiel de la mission de la foi musulmane est d’éveiller la conscience du croyant afin que ce dernier ne devienne, au nom d’une vérité qu’il prétend être le seul à détenir, un élément destructeur de lui-même et des autres.

Si le Coran a autorisé aux musulmans de repousser l’agression : « Ceux qui ont été l’objet d’une agression, parce qu'ils ont été injustement traités, sont autorisés à se battre contre leur agresseurs. Allah a assurément le pouvoir de les aider. (…) Si Allah ne repoussait pas certains hommes par d'autres, les cloîtres auraient assurément été démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est souvent mentionné. » (Coran, s. 22, v. 39-40)

Il leur a interdit, d’une manière absolue de commencer les hostilités : « Combattez dans le Chemin de Dieu ceux qui vous combattent, mais n’agressez point. Dieu n’aime pas les agresseurs. » (Coran, s. 2, v.190)

Et il leur a ordonné de préserver la paix par tous les moyens : « S'ils demandent la paix, après t’avoir agressé, accepte la paix en te confiant à Dieu, car Il est l'Audient et l'Omniscient. Si, par cette demande de la paix, ils cherchent uniquement à te tromper, accepte la paix et qu'il te suffise d'avoir Dieu avec toi ! N'est-ce pas Lui qui t'a déjà prêté Son assistance » (Coran, s. 8, v. 60-63).

Interroger les responsabilités

Nous ne le dirons jamais assez : les musulmans sont parmi les premières victimes du terrorisme. Plus de 95 % des victimes de terrorisme international sont de confession musulmane. La souffrance des peuples du Proche- et Moyen-Orient, depuis des décennies, n’a cessé de s’intensifier au fil des années, par des guerres et des conflits auxquels la communauté internationale n’a pas pu proposer des solutions politiques justes et équitables.

Le départ d’un certain nombre de jeunes de confession musulmane de France vers la Syrie ou l’Irak pour prendre part à ces conflits et renforcer les rangs des organisations terroristes nous interpelle au plus profond de nous-mêmes.

Si ces jeunes n’ont pas conscience de l’ampleur de la gravité des crimes dont ils se rendent complices ainsi que de la lourde responsabilité devant Dieu et devant l’humanité d’une telle complicité, nous, acteurs de la société, devons aussi nous interroger sur notre propre responsabilité quant aux efforts que nous déployons pour préserver ces jeunes et les prémunir contre ces dérives extrémistes.

La crainte légitime de l’extrémisme et de ses dérives barbares ne doit pas se transformer, au prix d’amalgames douteux, en un rejet de l’islam et des musulmans. Les musulmans de France ne comprennent pas et n’acceptent pas que certains, ouvertement ou insidieusement, mettent en doute leur adhésion pleine et entière aux valeurs de la République.

Notre devoir, citoyens d’une même nation, au-delà de nos confessions et nos convictions, est d’éclairer le chemin et de rappeler sans relâche les valeurs fondamentales que nous partageons, en particulier les valeurs de la dignité et du respect de la personne humaine et de sa liberté inaliénable, et créer les conditions d’enracinement de ces valeurs par la confiance mutuelle, source de paix pour notre société.

Que le Très-Miséricordieux préserve toute l’humanité des malheurs que l’homme est capable de faire subir à son prochain par haine et par ignorance. Que la France vive heureuse et prospère. Qu'elle soit forte et grande par l'union et la concorde. Seigneur, regarde avec bienveillance notre pays, la France.

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Mohammed Moussaoui, président d'honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM), est président de l'Union des mosquées de France (UMF).






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