Connectez-vous S'inscrire

Politique

Claude Bartolone veut lutter contre « l'image trop dégradée de l'islam en France »

Des abattoirs mobiles attendus dans le 9-3 pour l'Aïd el-Kébir 2010

Rédigé par Propos recueillis par Hanan Ben Rhouma | Samedi 5 Juin 2010 à 18:45

           

La convention entre le Conseil général de la Seine-Saint-Denis et le Conseil régional du culte musulman (CRCM) Ile-de-France portant sur l'octroi d'un terrain de 25 hectares pour les trois jours des cinq prochains l'Aïd el-Kébir a été signée le 27 mai. L'occasion pour le président socialiste du Conseil général Claude Bartolone de s'expliquer sur les raisons de son choix à Saphirnews.



Claude Bartolone (à g.), président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, et Stéphane Roussel, vice-président, lors de la signature de la convention pour le prêt d'un terrain dans le Parc de La Courneuve, durant les trois jours de l'Aïd el-Kébi
Claude Bartolone (à g.), président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, et Stéphane Roussel, vice-président, lors de la signature de la convention pour le prêt d'un terrain dans le Parc de La Courneuve, durant les trois jours de l'Aïd el-Kébi

Saphirnews : Quel est la genèse du projet ? Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre cette décision ?

Claude Bartolone : Dès que j’ai été élu président du Conseil général (en mars 2008, ndlr), j’ai souhaité participer en tant qu’élu à ce besoin, même symbolique, de lutter contre les discriminations et contre cette image encore trop dégradée en France de la religion musulmane. J’ai trouvé qu’il était indispensable avec d’autres élus de montrer que, sur des sujets précis, on pouvait obtenir des réponses. Réussir à faciliter les choses pour trouver des terrains, construire des lieux de culte dignes pour en finir avec « l’islam des caves » est symbolique. J’ai trouvé que permettre aux habitants de la Seine-Saint-Denis de célébrer dignement la fête du sacrifice était une tâche qui relevait aussi du clin d’œil d’une République qui souhaite être conforme à ses idéaux laïcs.
De ce fait, j’ai essayé très tôt avec le CRCM de trouver à la fois le terrain qui pouvait permettre d’installer cette opération, l’opérateur qui pouvait prendre en charge l’abattage rituel et apporter cette réponse aux musulmans du 93 qui étaient nombreux chaque année à réclamer ce lieu, même si, aujourd’hui, des grandes surfaces ont compris ce que cela pouvait représenter. Mais je crois qu’il y a encore cette volonté symbolique de pouvoir pratiquer ce geste en souvenir du sacrifice d’Abraham. C’est pour cela qu’on a trouvé cette solution.

Qu’est-ce qui bloquait jusqu’à présent ?

Cl. B. : J’ai voulu un accord qui respecte à la lettre la loi de 1905. Et puis ce qui nous a amenés à connaître une difficulté l’année dernière, alors que tout était prêt, c’est que l’opérateur privé qui devait prendre en charge l’abattoir mobile a eu peur de perdre de l’argent et a changé d’avis à la dernière minute.
C’est pour cela qu’on a signé aujourd’hui un accord sur cinq ans, qui permet de bien faire comprendre à celui qui décidera de participer à cette aventure qu’il a cinq ans pour trouver une rentabilité économique à cette opération. Il y a une volonté de réussir cette expérience et de donner envie à d’autres départements ou collectivités d’en faire de même.

Allez-vous accompagner le CRCM dans leurs démarches ?

C.B. : Nous allons continuer à travailler ensemble. Pour nous, il n’est pas question de dire : « Voilà vous avez le terrain, maintenant débrouillez-vous. » Le CRCM comme le Conseil général ont tout intérêt à montrer que cela fonctionne bien et que c’est un plus qui est offert pour donner cette représentation positive de l’islam en France.

Avez-vous d’autres projets en cours pour permettre l’intégration des musulmans dans le 93 ?

Cl. B. : Nous avons décidé au niveau du Conseil Général de créer une structure de lutte contre les discriminations (en 2009, ndlr). Il y a un certain nombre de projets avec de grandes entreprises qui s’installent dans le 93 parce que je pense que, dans un département où un tiers de la population est d’origine étrangère à une ou deux générations, il est indispensable de montrer que nous nous battons à la fois pour les droits fondamentaux et pour cette intégration par l’emploi.
Nous voulons aussi être vigilants sur chacune des étapes qui permettent de montrer cette volonté d’intégration républicaine et cela passe par l’école, le logement, les relations entre jeunes et police, l’emploi… bref, toutes les étapes qui permettent à chacun de nos compatriotes, quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion, de se sentir partie prenante intégralement de la nation française.







SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !