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Sur le vif

Alexandre, un prénom qui sonne mieux que Mohamed

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 7 Octobre 2010 à 17:49

           


C’est en tout cas ce que pensaient les employeurs de Mohamed lorsqu’ils lui ont demandé de changer de prénom.

Ce jeune homme de 19 ans, élève en terminale au lycée professionnel de Charleville-Mézières, effectuait un stage d'un mois en tant que commercial chez Maximo, une société de livraison d'alimentation à domicile située à Tournes, dans les Ardennes, avec pour principale mission de répondre au téléphone aux clients de l'entreprise.

Seulement voilà, ses supérieurs – qui contestent aujourd’hui les faits – lui auraient demandé de s’appeler « Alexandre » pour « mieux vendre ». « J'avais préparé mon argumentaire ainsi : "Service clientèle, bonjour. Mohamed à l'appareil", quand le directeur adjoint est venu vers moi pour me dire : "Mohamed, ce n'est pas courant. Tu vas t'appeler Alexandre, ça passe mieux" », rapporte Mohamed. « Le directeur auprès duquel je me suis plaint m'a remercié comme si j'étais en tort. Ma dignité a été rabaissée. »

L'entreprise affirme de son côté qu'il est « d'usage dans la profession que les télévendeurs changent leur prénom, ce qui leur permet de préserver leur identité et ainsi d'éviter de s'exposer personnellement. »

« Je suis français, né en France et je veux vivre avec mon vrai prénom comme tout le monde », a réagi le lycéen. Cette demande vaut aujourd’hui à l’entreprise un procès pour « discrimination » de la part du jeune homme, qui a décidé de porter plainte.

« Le fait de demander à quelqu'un de changer ou de franciser son prénom parce qu'il a une consonance étrangère, c'est une discrimination fondée sur les origines et sur le patronyme. C'est passible du tribunal correctionnel pour le représentant de l'entreprise qui s'est rendu coupable de cet agissement », a déclaré son avocat.

Un précédent à Marseille leur donne raison si les faits se révèlent avérés. La Cour de Cassation avait donné raison, en novembre 2009, à un autre Mohamed qui s’était vu conseillé d'utiliser plutôt le prénom « Laurent », estimant que c’était une « forme de discrimination ».


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