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Religions

Aïd el-Kébir : le sacrifice par procuration, une pratique tendance

Rédigé par | Mardi 23 Octobre 2012 à 00:05

           

Plus que quelques jours avant l’Aïd el-Kebir (ou Aïd al-Adha), qui aura lieu cette année vendredi 26 octobre. Parce que la pratique rituelle du sacrifice est souvent un vrai casse-tête en France, de très nombreuses familles musulmanes optent désormais pour le sacrifice par procuration. Une pratique permise très tendance, impulsée notamment par le Secours islamique France, qui réitère chaque année son opération Aïd al-Adha à destination des familles démunies de la planète. Explications.



Le Secours islamique France, présent ici à Djibouti, renouvelle en 2012 son opération Aïd al-Adha (ou Aïd el-Kébir).
Le Secours islamique France, présent ici à Djibouti, renouvelle en 2012 son opération Aïd al-Adha (ou Aïd el-Kébir).
Les familles musulmanes se préparent à l’arrivée de l’Aïd al-Adha, célébré au 10e jour du mois de Dhul-Hijjah, correspondant cette année au vendredi 26 octobre.

Le sacrifice d’un animal, effectué dans une période de trois jours à compter l’accomplissement de la prière de l’Aïd, est le rite central de cette fête musulmane. Dans la tradition, seuls les chefs de famille qui ont les moyens sont dans l’obligation de faire le sacrifice afin d’honorer et de perpétuer le geste du prophète Abraham. Un tiers de la bête est alors destiné à sa consommation personnelle, un tiers est offert aux proches et un dernier tiers aux nécessiteux.

Mais face à l’envolée des prix des moutons constatée chaque année à cette période, nombreux sont ceux qui se voient obligés de se passer de cet achat onéreux. De plus, le sacrifice rituel, réglementée en France puisqu’il ne peut être effectué que dans les abattoirs agrées et par des sacrificateurs ayant en leur possession une carte d’habilitation des Grandes Mosquées de Paris, Evry ou Lyon, se révèle également difficile à accomplir en milieu urbain.

Offrir un sacrifice, un acte recommandé

Plutôt que de chercher à tout prix à accomplir pour soi et sa famille un sacrifice - lorsque les conditions ne sont pas réunies - mais aussi pour permettre aux pauvres de célébrer dignement l’Aïd, de nombreuses organisations caritatives musulmanes de par le monde proposent aux musulmans de leur donner procuration, à l’image du Secours islamique France (SIF) qui s’engage à respecter le souhait des donateurs en sacrifiant un animal entier selon le pays de leur choix conformément à la tradition islamique tant dans le choix de l'animal qu'au niveau de l'immolation.

La dimension solidaire de l’Aïd al-Adha « a été à la base du projet qui consiste à offrir des colis de viande à ceux qui ont rarement l’occasion d’en consommer », nous fait savoir Mahieddine Khelladi, directeur exécutif du SIF. « Le sacrifice par procuration est permis canoniquement. Il y a un hadith authentifié qui suit ainsi : ‘’Il n’y a pas un acte plus noble que d’offrir un sacrifice ce jour-là’’. Deux écoles juridiques le recommandent fortement mais il ne s’agit pas d’obligation », à savoir les écoles malékite et hanafite, explique-t-il.

Aïd el-Kébir : le sacrifice par procuration, une pratique tendance

Des tarifs qui fluctuent entre 46€ et 291€

La règle pour le SIF : un don équivaut à un sacrifice. Si l’achat d’un mouton vaut bien un sacrifice, ce n’est pas le cas pour une vache qui vaut jusqu'à sept sacrifices et un chameau, à sept, voire dix sacrifices, selon la tradition islamique. Le choix de l’animal n’est pas laissé au donateur, il se fait « en fonction des tarifs, de la disponibilité des bêtes, des habitudes alimentaires et culturelles des populations bénéficiaires », nous informe l'ONG.

Ainsi, en 2011, leur opération Aïd al-Adha a bénéficié à près de 500 000 familles, « choisies sur des critères de vulnérabilité », nous fait part Karima Bensaadi, la directrice financière.

Le choix des donateurs, fait selon leurs moyens, les difficultés rencontrées dans un pays ou encore les affinités familiales envers le pays d’origine, peuvent s’orienter vers quatre groupes de pays ainsi que l’Inde, les Territoires occupés palestiniens (TOP) et même la France. Le tarif moyen du sacrifice est de 116€, l’animal pouvant coûter entre 46€ en Inde et jusqu’à 291€ dans les TOP. A noter que le Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens (CBSP) renouvelle aussi son opération Aïd al-Adha en leur faveur avec un mouton à 150€.

Le respect des règles du sacrifice à assurer

Selon l’ONG, « les prix affichés résultent en grande partie de la situation économique. Inflation, conflits, catastrophes, météo font varier les tarifs d’une année à l’autre, d’une région à l’autre à l’intérieur d’un même pays. Il faut préciser que le don demandé au donateur inclut aussi les frais indirects » comme « le coût du transport » si la distribution se fait sur des régions étendues comme les zones rurales en Afrique.

Face à l’enlisement du conflit syrien, les réfugiés bénéficient, pour la première fois, du programme du SIF. « Nous préparons la distribution de colis alimentaires à plus de 33 000 réfugiés syriens présents dans les camps aux frontières libanaises, cela rentre dans le cadre de l’Aïd et de l’urgence alimentaire », fait savoir Imed El Qouqi, responsable des projets de collecte.

« Les sacrifices sont faits selon les pays soit directement par les équipes SIF, soit par nos partenaires. Les garanties sont outre la formalisation d’un contrat de partenariat, le suivi en direct de l’avancée du programme puis la vérification des rapports narratifs et financiers qui nous parviennent. (...) Nous effectuons aussi parfois des contrôles et des audits des partenaires sur place », nous assure-t-on.

« Au-delà de la responsabilité juridique qui est fondamentale, nous avons une responsabilité morale vis-à-vis du bénéficiaire dans le respect de sa dignité et du donateur dans la gestion de son don », indique M. El Qouqi. Au vu de la confiance inspirée par l'ONG, les donateurs sont toujours plus nombreux chaque année à offrir un sacrifice pour l'Aïd al-Adha. Pour le plus grand bonheur des bénéficiaires.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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