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QUI SUIS-JE ?
Albert Ali Lefranchouillard

Nom : Chouilla-Lefran

Prénoms : Albert-Ali

Surnom : Lefranchouillard


Dernier lieu de résidence connu : Le genou droit d’Abdelaali.

Origine : Je suis un du-genou, en françarabe, on dit
un dijnou, un djinn quoi !

Définition : Etre immatériel et invisible, doué
de raison et doté du libre arbitre.

Signes particuliers : tendance à la schizophrénie,
et parfois un peu taquin, voire légèrement ouf.


Mon père, monsieur Mouloud Chouilla, m’a appelé Ali en
souvenir de son frère, un soldat inconnu, habillé d’un burnous
et mort à Verdun, donc Ali Chouilla.

Ma mère, je ne la connais pas. Je suis né sous X. Ils m’ont
choisi madame Lefran qui m’aurait sûrement appelé : Albert,
Albert Lefran donc, un nom bien de chez nous.

A la mairie, ils m’ont francisé en Albert-Ali Lefran-Chouillard.

Je suis né de l’esprit tordu du gars que je possède. Je
suis donc une fiction inaccessible mais présente.

J’existe bien que je soit un être immatériel, une sentinelle.
Je veille et je vous observe, vous et votre monde d’humains fragiles,
en train de sombrer dans la perdition.

Je suis un témoin de l’Histoire, je suis là depuis des siècles
à vous regarder lutter pour vos causes mesquines et ridicules.

Je n’ai pas de domicile. En fait, je vis dans le genou d’un gars
- dont tu as sûrement lu le bouquin - je suis donc un « du-genou
».

En langage françarabe un « dij-nou », un djinn quoi.

Si tu aimes les contes, je suis comme le génie de la lampe : j’interviens
dans les moments critiques.

Comme tu le sais dans notre monde des esprits, nous pouvons voyager dans le
temps, alors je t’emmène avec moi sur mon tapis volant, pour une
rétrospective pleine de couleurs, de bruits et de larmes.

Je t’emmène découvrir les coulisses du spectacle qui s’offre
tous les jours à tes yeux sur le petit écran du meuble de ton
salon.

Bienvenu dans mes chroniques !

À chaque retour de mes voyages j’essaierai de t’apporter
des nouvelles fraîches et des analyses percutantes, histoire de te réveiller
et te sortir de ton brouillard de con-somme-amateur !


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D’abord, une petite chanson pour commencer.


«Dorénavant, la rue ne pardonne plus

Nous n’avons rien à perdre, car nous n’avons jamais rien eu ...

A votre place, je ne dormirais pas tranquille

La bourgeoisie peut trembler, les cailleras sont dans la ville

Pas pour faire la fête, qu’est-cequ’on attend pour foutre le feu ?

(…)

Où sont nos repères ?

Qui sont nos modèles ?

De toute une jeunesse, vous avez brûlé les ailes

Brisé les rêves, tari la sève de l’espérance.

(…)

Il est temps qu’on y pense, il est temps que la France

Daigne prendre conscience de toutes ses offenses »

NTM


Ensuite quelques idées, inspiréespar le bruit, les flammes et les cris de ces dernières semaines.

Mais avant, Salam et bonjour,


1. Si nous avions su…


Ils sont étonnés de voir que ça abrûlé ! Peut-être qu’ils ne savaient pas ! Soyons compatissants et tentons de pardonner leur ignorance.

Commençons donc par la télé.

Voici ce que tu aurais pu entendre à latélévision et qui t’a échappé. Écoute-le donc, ce jeune homme plein de punch,il dit vrai n’est-ce pas ?

« Ce que je peux vous dire, c’est que lajeunesse se désespère, elle est profondément désespérée, parce qu’elle n’a plusd’appui. Elle ne croit plus en la politique française.

Et moi je pense qu’en règlegénérale (si tu peux changer les paroles) elle a- en résumant un peu - raison !

Ce que je peux vous dire, c’estque l’espoir est mobilisateur et que lorsqu’il devient mobilisateur, il devientdangereux et ça entraîne le terrorisme, la bande à Baader et des choses commeça.

Et ça, il faut que les grandespersonnes qui dirigent le monde soient prévenues que les jeunes vont finir parvirer du mauvais coté, parce qu’ils n’auront plus d’autres solutions.

Voilà et je vous remercie dem’avoir écouté ».


A ton avis, qui a pu tenir ces propos trèsactuels ?

Un jeune éducateur suite aux émeutes de novembre2005 ?

A la télé au 20 h 00 de France 2 ou lors d’unreportage sur ARTE ?

Non !

Juste une star de la chansonfrançaise, un gaulois qui lui, ne brûle pas les voitures, mais qui sentait il ya 25 ans déjà, que ça chauffait sous le couvercle.

C’était un face à face, en 1980, entreDaniel Balavoine et François Mitterrand sur Antenne 2 !

Nous sommes le 19 mars 1980, il y a plus de 25ans, le premier polygame en chef de la Vème République,était interpellé sur France 2 en ces termes par notre star de la chanson.

Vingt-cinq ans plus tard, (le) untexte (qui) n’a pas prit une ride !

Il avait donc raison : «Les jeunes vont finir par virer du mauvaiscoté ».

Le mauvais coté en novembre 2005,c’est celui qui se trouve derrière le mur du transfo pour Bouna et Zyed. Lemauvais côté, c’est celui du trottoir où il s’est fait serré et a goûté au caoutchoucdes nouvelles bottes des CRS qu’il prenait en pleine tête et en direct devantles caméras de France 2[1].

Le mauvais côté, c’est celuidevant la caméra allemande où le flic le gifle et le montre à la télé en disant :«Regarde la Franced'aujourd'hui. Regarde ça. C'est pas beau ça ? »[2].

Le mauvais coté c’est aussi,celui du lampadaire sous lequel, il prenait tranquillement des photos avant dese faire agresser par des voyous – autrement dit, des enfants de la République – puismourir de ses blessures.

Le mauvais coté c’est toujours celuiqui est devant les boucliers en plexiglas, des meutes de gardiens de laRépublique, habitués à manier la matraque depuis le 17 octobre 1961 et bienavant durant la répression de la communede Paris.

Est-ce qu’un quart de siècleaprès ce cri d’alarme de celui qui aimait Laziza- ma gazelle - les jeunes ont eu d’autres solutions ?

A vrai dire, oui !

Vers la fin 1983, les grandsfrères des grands frères d’aujourd’hui – autrement dit nos arrières grandsfrères, qui ont un peu plus de 45 ans en2005 - se sont mobilisés, de façon pacifique et ont marché sur Paris.Premièregrande mobilisation indépendante, issue des quartiers défavorisés et portantdes revendications claires, écrites et déposées à l’Elysée. On appellera çaplus tard : « La marche desbeurs », pour mieux en réduire le caractère national et typiquementfrançais, afin d’y poser un sticker ethnique indécollable. « Beur »rien de plus exotique et donc pas très français.

Revendications pacifiques,légitimes et surtout porteuses d’un espoir immense.

Les gars de la France d’en haut, celledu côté gauche, couleur rose bonbon, à l’affût, ont annihilé cet espoir.

Ils ont tué dans l’œuf cesrevendications paisiblement présentées, par la plus sournoise des arnaques :la récupération politique en créant la religion « Beur » et la machine à laver plus blanc que blanc : SOSracisme[3].


Vingt-cinq ans après, tu es toujours victime dela même escroquerie, qui consiste - depuis Mitterrand - en un simulacre généralisé, de fausse écoute et d’un semblant decompassion paternaliste de la partdes gars de la Franced’en haut, qui simulent t’écouter mais qui, en réalité, n’entendent rien !

Alors donne-moi la main. Je t’emmène non plus 30ans en arrière, mais derrière les coulisses pour découvrir que la banlieue, çapue toujours autant et que rien n’a changé. Au contraire, tout a empiré maissurtout tu apprendras … une mauvaise nouvelle.

Comme je peux aussi voyager dans le futur, choseque seuls certains génies peuvent faire - au risque de prendre une étoilefilante dans la tronche - je t’annonce d’ores et déjà, qu’ils ne vont rienchanger !

C’est la fin de l’espoir et qu’au contraire, ilsprévoient le pire : ta disparition.

Autrement dit, ils veulent faire de toi, unMohican.


Comme la gauche nous a trahis et nous a, envérité, jamais aimés, si ce n’est pour coller des affiches et servir de cautionethnique, dans la pure tradition collaborationniste à la française, colla-beur : un vrai métier depuisl’avènement du mitterrandisme, source de revenu minimum d’insertion politiqueet d’existence médiatique !

On serait donc tenté de faire une esquive à laBégag, (le Azouz de tous les français) et de tourner la barre à droite !

A droite, ils ne savaient peut-être pas ?

Peut-être qu’ils viennent de découvrir, enportant des lunettes, que finalement la situation est dramatique !

Ecoutons donc cet homme qui connaît bien ladroite française.

« L’urgence, c’est d’abord la situation dans les banlieuesoù les droits sont bafoués, à commencer par le droit à la sécurité. Il n’estpas acceptable qu’en France, à la fin du XX° siècle, de véritables « favelas »forment le terreau d’une économie de type mafieux.

Voués à la marginalitéparce qu’en situation d’échec scolaire, lesjeunes sont l’objet des pires tentations. (…) Il faut lancerimmédiatement un plan national de reconquête de ces zones... »

A ton avis, quand il a écrit ça, il portait deslunettes ?

Tu as compris que ce texte est de Chirac. Il l’apondu il y a 10 ans déjà !

Ils savaient donc, depuis toujours. Ils nous lajouent, « maintenant on a compris, on va prendre les mesuresnécessaires », ah les super-menteurs ! Ils se moquent vraiment dumonde, en nous regardant de haut.

« France d’en haut » qu’ils disent,alors reste en bas et continue d’espérer. L’avantage c’est que tu es sûr qu’aumoins tu vivras, l’espoir fait vivre paraît-il ?

Espérer c’est bien, mais se bouger c’est mieux. Alorsrévoltons-nous !


2. De lalégitimité de se révolter.


Pourquoi les banlieues brûlent-elles ?

Pourquoi s’étonner au pays de Marianne larévolutionnaire, que les gens se révoltent ?

La meilleure preuve de franchouillardise que les« fils et filles de la République » peuvent nous donner, c’est justement leurcapacité quand ça va mal, à crier ce couplet de la Marseillaise :


« Tremblez ! Vosprojets parricides

Vont enfin recevoir leurprix.

Tout est soldat pourvous combattre.

S'ils tombent, nosjeunes héros,

La terre en produira denouveaux

Contre vous tout prêt àse battre.

Aux armes, citoyens ! »


Autrement dit au pays de la Révolution, chacunpeut s’initier à l’art de la barricade.

C’est vrai que nos jeunes sauvageons ne visentpas la bonne cible en brûlant la bagnole du voisin qui galère pour allerbosser.

Mais peut-on en vouloir uniquement aux gaminsdes banlieues ?

Après tout c’est quand même les enfants del’école Républicaine.

S’ils n’ont pas appris à faire des barricades,c’est d’abord la faute des enseignants bien sûr et des nouvelles pédagogies duMammouth.

Nouvelles pédagogies et nouveaux programmes, maisqui occultent toujours une grande partie de l’histoire de France, utile etfondamentale pour comprendre le monde actuel.

Ils ont déjà du mal à leur apprendre à lire et àécrire. Et corriger une dissertation écrite en SMS c’est pas donné à tout lemonde, crois-moi !

La responsabilité de la préfecture de Paris est aussi,à mettre en évidence. Elle a quand même fait enlever – depuis mai 68 - tous lespavés et mis du goudron partout.

Qu’est-ce que tu veux balancer sur les flicsaprès ça ?

Je propose donc, pour pallier à ce déficit deculture révolutionnaire, des stages intensifs pour jeunes mineurs desquartiers, afin d’apprendre dès 14 ans, à conduire un tracteur et à maîtriserles techniques d’épandage du fumier. C’est plus efficace que les boules depétanques.

Voire à s’initier au maniement du plastic durantles vacances d’été en Corse chez les français de l’île de beauté.

Il faut rappeler que les nationalistes corses – avec plus de 8 000 attentas depuisla marche des beurs - sont quand même les spécialistesdu sabotage des locaux EDF.

Au moins, on risquera plus de perdre nos enfantsdans un transfo EDF. On pourra le faire sauter avant, et ça évitera aux flicsde menacer les jeunes[4]d’un « Tu veux que je t’emmène au transfo ? ».

Une autre solution pour laquellej’aimerais aussi qu’on milite, c’est le droit de passer le permis poids lourd dès16 ans !

Ainsi, en faisant main basse – aulieu de brûler les concessions auto - sur les derniers modèles de camions, 16tonnes, de chez Renault, nos jeunes révolutionnaires pourront organiser desrodéos sur les autoroutes.

La culture « nos amis lesroutiers » c’est tout un univers.

T’imagines la jeune racaille deParis et celle de Marseille enfin réconciliées, en train de coordonner leur révoltesur 16 roues et par cibi (qu’est ce que c’est)?

« Allô, ici les reufs de Sarcelles,on passe chez ELF et on prend l’A6 dans le camion à Antoine, RV au péage ! »

Ca serait pas mal des beursroutiers non ?


Tu as sûrement compris où je veux en venir.

Les manifestations violentes descorporations, régionalismes etautres groupes identifiés (chasseurs, agriculteurs, féministes, routiers, altermondialistes etc.), sont toujourstraités par nos bonnes consciences médiatico-politiques de façon bien plusindulgentes !

Ici, on comprendra le désespoirsocial d’ouvriers menacés dans leur emploi, qui ont tenté de polluer la rivièreavec de l’acide. Là, on insistera sur la nécessité de réfléchir à l’avenirtransgénique qui se dessine dans nos assiettes.

Là-bas, on comprendra ladifficile vie de nos paysans dont Bruxelles, l’horrible tortionnaire moissonneles revenus, ce qui les pousse à tout casser dans les supermarchés ; ouencore on passera quasiment sous silence la mort tragique de deux inspecteursdu travail tués à bout portant, par un agriculteur excédé par desfonctionnaires trop fouineurs à dénicher les travailleurs clandestins de noscampagnes et qui sont si utiles à maintenir des prix bas de nos légumes !

Plus loin encore dans l’histoire,on t’enseignera à l’école de Marianne que le sang versé, la fumée respirée, lescris entendus en mai 1968, ont été le catalyseur d’une révolution et d’unetransformation totale de notre société moderne.

Pourtant, quand il s’agit du petitMohammed, cette indulgence pourl’esprit révolutionnaire à la française devient soudainement malvenu.

On considère alors - avec autantde facilité - que l’expression violente de son désarroi, ressemble plus à de la violence gratuite et tu vois nosconsciences nationales gloser sur le caractère éthnico-religieux, voiregénétique de notre parasite national affublé de sa casquette et de son survêt.

Ils condamneront sans nuance saviolence, mais surtout ils lui demanderont de se taire et comme préalable à lanégociation de rentrer chez lui, pour que cesse ce vacarme qui nous a tous réveillés,alors que chacun était occupé à plus important.

On a quand même d’autres chose àfaire que de s’occuper des enfants de polygames ou de petits immigrés nés àBondy de mères françaises, et encore moins le temps de venir voir une banded’imbéciles en babouches dans leur mosquées, pour essuyer les larmes de leursyeux encore irrités par des gaz lacrymogènes.

Une seule réponse à ce doublediscours, une seule réponse à ce mépris post-trente glorieuses, celui ci :


« Il est temps qu’on ypense, il est temps que la France

Daigne prendre conscience detoutes ses offenses

Fasse de ces hontes des leçons àbon compte

Mais quand bien même, la coupeest pleine

L’histoire l’enseigne, noschances sont vaines

Alors arrêtons tout, plutôt quecela traîne

Ou ne draine même, encore plus dehaine

Unissons-nous pour incinérer cesystème »


Violent, tu trouves pas ?

Au prochain épisode, nousdécouvrirons si la violence est une solution.


(A suivre …)


Paris Noël 2005.

Albert Lefran

Ali Chouilla


Contact : levoile@cegetel.net




[1] Lors du journal télévisédu 10 novembre 2005 à 20h00, sur France2, on voit une équipe de CRS, frapper violemment à coups de pied, un jeune enétat d’arrestation et plaqué au sol. La vidéo du journal sera étrangementabsente du site web de la chaîne publique.

[2] cf. l’émission « Arrêtsur image » du 20 novembre 2005

[3] Lire à ce sujetl’excellent livre de Serge Malik, « L’histoire secrète de SOS Racisme ».Albin Michel 1986

Voir aussi la thèse de doctorat de Philippe Juhem. « SOS-Racisme, histoire d'une mobilisationapolitique ».

Université Robert Schuman, Strasbourg 3.

[4] Lors de l’émission « Septà huit » du 06 novembre 2005, les caméras filment à distance le contrôled’un jeune où les insultes et les menaces semblent être l’unique dialoguepossible.

L’un des policiers se faisant railler par des jeunes àdistance les menaces d’un « Eh ! Tu veuxgriller toi aussi avec tes copains ? Tu veux aller dans un transfo ? Ramène tagueule, on va t’y mettre. ».


Albert Ali Lefranchouillard
Rédigé par Albert Ali Lefranchouillard le Samedi 15 Avril à 13:59

Ce qui m’amène à toi aujourd’hui cher lecteur, c’est le trouble ressenti dans le genoux droit – lieu de ma résidence - genoux tremblant de mon ami Abdelaali. Lorsque devant sa télé il eut entendu des propos qui ma foi en cette fin d’année 2005, sont plus que troublants.
Voilà qu’une fois de plus, nos grandes consciences nationales, dans la pure tradition républicaine, se lancent dans de longues tirades plus que douteuses, au sein même de notre hémicycle nationale.


Eloge d’un nouveau droit de l’homme : la polygamie

Ce qui m'amène à toi aujourd'hui cher lecteur, c'est le trouble ressenti dans le genoux droit – lieu de ma résidence[1] - genoux tremblant de mon ami Abdelaali. Lorsque devant sa télé il eut entendu des propos qui ma foi en cette fin d'année 2005, sont plus que troublants.


Voilà qu'une fois de plus, nos grandes consciences nationales, dans la pure tradition républicaine, se lancent dans de longues tirades plus que douteuses, au sein même de notre hémicycle nationale.                                                                                                                                                                                                                                                   


 


Tu  me diras, rien de nouveau sous le ciel de Marianne, entendre dans les hauts lieux de la République – Assemblée Nationale, Palais Bourbon, Académie des sciences morales et politiques ou Académie de médecine -  des propos choquants et troublants, ce n'est pas une nouveauté pour des esprits éclairés comme les nôtres, par les Lumières.


Alors nous ne remonterons pas à la belle époque, où tranquillement à l'Assemblée Nationale, on parlait de « races inférieures »[2], où encore on y justifiait de : « détruire tout ce qui ressemble à une agrégation permanente de population (…) en Algérie »[3].


Nous n'irons pas jusqu'à rappeler que nos grands scientifiques républicains, au sein de l'Académie de médecine, s'amusaient à démontrer - en mesurant les crânes des « nègres » - que « les races à crânes comprimés étaient condamnées à une irrémédiable disparition »[4].


Nous n'irons pas jusque sous la IIIème République: il s'y trouve beaucoup de ces sujets qui, nous dit-on, fâchent.


Alors je préfère, pour bien fâcher tout le monde une fois pour toute - j'adore me faire des ennemis - les balancer tous, en bloc dans mon prochain pamphlet.


Non, nous nous contenterons juste de remonter à l'année dernière.


 


Aujourd'hui, je vais donc te parler plutôt de la dernière perle de nos faiseurs d'opinion, l'explication la plus inattendue pour nous révéler les causes des troubles de novembre 2005 en France : j'ai nommé la polygamie.


Ah ! Le retour de l'exotisme! De la belle époque! J'adore, quand on expliquait que l'Autre était condamné à la non-civilisation à cause de ses gènes et de ses mœurs lubriques.


Les mots couleur-colon, les odeurs de la jungle et les bruits du tam-tam, comme grille d'analyse de nos crises sociales, c'est le pied !


Retour au vocabulaire de la IIIème République, « La polygamie », « Les mœurs barbares », « Les barbares des cités », « Les bandes ethniques », « Les racailles »... Autant de termes qui nous reviennent ces dernières années, et qui s'installent tranquillement, à l'image des clandos en squattant tout doucement les éditoriaux des grands journaux et magazines, aussi puants et délabrés que nos squats parisiens.


Des mots, qui révèlent l'état moral avancé de nos débats publics en ce début de troisième millénaire.


Alors la polygamie ! Pourquoi pas ?


 


Honneur aux dieux de l'Olympe et de la pensée! Alors commençons par les immortels, les héros de la langue, les gardiens du temple littéraire. Nous parlerons ensuite des simples mortels d'en bas comme toi.


Je te présente, la secrétaire perpétuelle de l'Académie française, commandeur de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des Lettres, commandeur de l'ordre de Léopold de Belgique, commandeur de l'ordre national de la Croix du Sud du Brésil, etc.


J'ai nommé Hélène Carrère d'Encausse, qui aime le russe... Je veux dire la langue russe.


Normal, il paraît qu'elle fut visionnaire en avançant avant tout le monde que le gros soviet, M. URSS,  allait tomber ivre mort de Vodka, de son tabouret du haut duquel il faisait peur à tout le monde avec sa godasse qu'il frappait sur toutes les tables.


Mais cette gentille dame, honorable et décorée, faite académicienne par la République, lorsque qu'elle parle en russe, devient soudainement moins brillante !


Peut-être qu'elle aussi est touchée par le double discours ?


Le 13 novembre 2005, nous l'écoutons à la télé russe expliquer les causes des troubles qui ont secoués nos banlieues :


« Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains. Or la ville de Paris et les autres villes d'Europe, ce ne sont pas des villages africains. Par exemple, tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues ».


Voilà qui est dit! Immédiatement les « Elus de la nation », répètent en cœur, que ces sauvages polygames n'ont qu'a bien tenir leur marmaille qui fait faillite à notre CAF et brûle nos voitures.


C'est le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer qui nous explique doctement que la polygamie est « certainement une des causes » des émeutes.
Le ministre délégué à l'Emploi, Gérard Larcher répétera dans le Financial Times, que la polygamie était bien, « l'une des causes des violences urbaines ».


 


Pourquoi en veulent-ils autant aux polygames ? Voilà la question qui me trouble.


Après tout la polygamie est le sport de haut niveau, le mieux partagé par nos dirigeants depuis que Clovis et Dagobert se sont assis sur le trône... Je veux dire le trône de France !


Qui se souvient que les rois francs, comme nous le rappelle Voltaire, « avaient eu plusieurs femmes à la fois, sans qu'on eût murmuré », et que la polygamie est finalement, une longue tradition française.


Quant au Roi Soleil, il semble que nos pourfendeurs de polygames, ont oublié qu'il avait transformé le Parc aux cerfs en harem géant - à la française bien sûr - et qu'il nous a caché la Mazarine de sa majesté la Reine, qui tiens-toi bien, était une black[5] !


Sacré Roi Soleil! C'était pas des reins qu'il avait, mais des vérins greffés dans le dos !


D'ailleurs la fin de la royauté et la Révolution n'ont pas mis fin à cette longue tradition polygame à la française.


Je te rappelle, que durant des décennies, tes impôts ont aussi financé le train de (double) vie, du seul polygame officiel, reconnu à titre posthume de la Vème République, j'ai nommé tonton Mitterrand.


Moi qui suis un être invisible, je peux  te garantir qu'il m'est arrivé de constater que presque tous les dirigeants de la France d'en haut, s'adonnent à ce sport, qu'affectionne d'ailleurs la plupart des hommes de pouvoir, sur toute la planète.


Le corollaire du pouvoir étant aussi la possession des femmes, voire son but ultime, tu comprendras alors facilement qu'un gars qui se réveille le matin, en sachant qu'il a le pouvoir de déclencher l'apocalypse, juste en appuyant sur un bouton, vit une vraie frustration en se contentant seulement de Germaine, pour le faire exploser de bonheur.


Alors, faute de pouvoir faire péter la planète, il préférera tirer sur tout ce qui bouge comme féminité autour de lui.


Eh oui! A  défaut de tirer des missiles balistiques sur ses ennemis, il laissera sur son passage des dégâts qui ne se mesureraient pas de la même façon, et déclenchera ainsi une apocalypse médiatique, quitte à laisser des traces de sa polygamie sur la jupe de la petite Monica.


Tu te souviens sûrement du patron de la première démocratie du monde, Bill Clinton qui partageait son lit entre la petite stagiaire Monica et sa pauvre Hillary humiliée en public, sans compter les autres Monica dont on a pas entendu parler.


Hillary aussi, aurait pu porter un tee-shirt rose, « Ni-putes, Ni-soumises », avec un slogan supplémentaire, « mais conne et cocue ».


Alors t'imagines quelle doit être la frustration, encore plus grande, de celui qui rêve en se rasant chaque matin de faire main basse sur la valise planquée à l'Elysée où se trouve le fameux bouton ?


En attendant d'avoir les codes du feu nucléaire, Saint Nicolas, patron des minorités, mettra moins d'un mois pour remplacer la n°1 qui s'est sauvée!


A croire qu'ils en ont toujours quelques unes sous la main.
Hypocrisie à la française aidant, pour tous ces cas de polygamie publique et officielle, on te parlera de façon pudique et hypocrite de « double vie ».
Nos malheureux dirigeants sont obligés de se cacher et les médias les couvrent pudiquement.




La polygamie, c'est de la gastronomie.


Heureusement que nous avons la meilleure cuisine du monde et les cuistots les plus sincères qui nous disent la vérité.
Je ne parle pas bien sûr, de la vérité sur le contenu du menu ou sur la véritable origine des vins de la carte, que tu consultais dernièrement au restau avec ton client.


Si, si je t'ai vu, mais n'ai pas peur, je ne le dirais pas à ton imam.
Non ! Je te parle de la vérité sortie de la bouche de l'un des plus grands chefs cuistots de notre époque.


Ecoutes donc ce général trois étoiles – Michelin - dans son interview Outre-manche, qui nous explique comment il drive ses trois femmes, depuis plus d'un demi-siècle !


« J'adore les femmes et nous vivons trop longtemps de nos jours pour passer une vie entière avec une seule » (…) « Elles sont toutes heureuses, avec moi et entre elles, et si j'additionne le temps que nous avons passé ensemble en tant que couples, j'arrive à 145 ans ». (…) « C'est une vision un peu machiste, mais je suis un homme de mon temps et pense que quoi qu'elles disent, les femmes aiment les hommes machistes »[6].
Voilà une sacrée performance !


145 ans de vie commune: marié depuis 60 ans avec sa femme n°1, 50 ans de vie commune avec la n°2 et enfin 35 ans pour la dernière arrivée et tout ça à l'age de 80 ans !


Chapeau grand chef. Même sponsorisé par Viagra je lui tire ma chechilla !
Question 1 : 145 ans de mariage, ça se fête comment ?


Noces de diamant ou noces barbares ?


A écouter nos gars de la France d'en haut et notre académicienne, il faudrait acheter une hutte pour enfermer ce cuistot lubrique au comportement de sauvage.


Son secret ? C'est facile, juste une question de cuisine interne, écoutes-le donc : « La cuisine et l'amour ont beaucoup en commun (…) Je travaille comme si j'allais vivre 100 ans, et je savoure la vie comme si chaque jour était le dernier  » nous dit le grand chef français, Paul Bocuse !
Sacrée cuisine!


En tout cas, tu connais maintenant la recette, mais attention c'est pas donné à tout le monde de devenir un grand chef, la polygamie c'est comme la gastronomie il s'agit de réaliser de savoureux mélanges avec une pointe d'épices et le geste du maître.


Je finirais mon portait de polygames officiels, en te rappelant, que l'un d'entre eux avait une n°2 qui s'y connaissait en godasse, et qui fut la co-épouse la plus chère de l'histoire de la polygamie française.


Tu te souviens sûrement de « La putain de la République »[7], qui offrait des godasses à 11 000 balles à Roland Dumas - polygame constitutionnel - et recevait par fonds occultes, 66 millions de francs pour assurer la place de la n° 2 !


Et après ça, les femmes sont contre la polygamie !


Dans ce domaine comme dans d'autres, il y à la polygamie du riche et la polygamie du pauvre, ou la polygamie d'en haut et la polygamie d'en bas.


La France d'en bas parlons-en.


Elle n'est pas exempte non plus de cette tradition séculaire de notre pays aux terroirs polygames.


Cocorico! Nous sommes, je te l'annonce officiellement, le premier pays polygame du monde ! Et 1 et 2 et 3, zéro !


3 femmes pour les polygames et zéro pour les racailles !


Puisque depuis mai 68, on avoue plus facilement la vérité dans les sondages, au sujet du comportement intimes des français, tout le monde peut apprécier la vigueur sentimentale des french-lovers, dans les études sociologiques des dernières années.


Saches que depuis 30 ans, une constante apparaît dans les études relatives à la sexualité des français, à l'amour au bureau, aux doubles vies des uns et à la vie dans l'ombre des unes.


Tiens-toi bien, 48 % des français avouent être ou avoir  été polygames !


Je sais, c'est pas le mot qui est utilisé, mais concrètement n'est-ce pas la même chose ?


Alors pour conclure, si la polygamie est le comportement à risque le mieux partagé par les français, la question que je me pose c'est pourquoi les enfants de tous ces polygames ne brûlent pas les bagnoles de leurs voisins ?


 


Enfin, attendu que c'est la pratique la plus démocratisée dans notre pays, de la France d'en bas à celle d'en haut.


Attendu que nos élites et les élus de la nation, ont toujours été friands de partager les immenses réserves d'amour que renferme le cœur masculin.


Attendu qu'il n'est pas encore explicitement interdit de cumuler, un mariage civil, un PACS, un concubinage et une union libre.


Je demande donc solennellement que soit inscrit la polygamie, comme un droit officiel de l'homme et de la femme.


Je ne vois pas pourquoi celles qui ont envie de partager leur homme, avec celles qui sont seules et qui préfèrent un strapontin à la solitude, ne pourraient pas le faire ?


La condition, c'est de limiter ces unions à trois épouses.


On va pas faire plus barbares que les barbares barbus !


On est en République non ?


 


Chiche !


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[1] cf. l'article concernant ma biographie

[2] Jules Ferry discours sur la colonisation à l'Assemblée Nationale, juillet 1885

[3] Alexis de Tocqueville Rapport sur l'Algérie, présenté à l'Assemblée Nationale en 1847.

[4] Georges  Cuvier, fondateur de la paléontologie prétendait classer les « espèces » d'êtres humains de façon organisée comme pour les animaux.

[5] Sur la fille cachée du roi soleil voir La légende du sexe surdimensionné des Noirs de Serge Bilé aux éditions du Serpent à plumes

[6] Interview donnée par Paul Bocuse le jeudi 15 décembre, parue dans  le Daily Telegraph.

[7] Christine Deviers-Joncour. La putain de la république Aux éditions Calmann-Lévy 1998


Albert Ali Lefranchouillard
Rédigé par Albert Ali Lefranchouillard le Lundi 30 Janvier à 10:53