Société

Y’a Bon Awards : et les gagnants du pire du racisme sont…

Rédigé par | Mercredi 25 Mai 2011 à 09:54

La soirée des Y’a Bon Awards a encore cette année, tenu toutes ces promesses. Un florilège de discours racistes a été présenté aux quelques 450 personnes présentes au Cabaret Sauvage, lundi 23 mai. Sans surprise, les bananes d’or ont été décernées à Jean-Paul Guerlain, Robert Ménard et à Eric Zemmour. Jamais autant de personnalités UMP se sont offertes en public. Claude Guéant, grand favori, n’a en revanche pas été primé. Retour sur les pauvres « winners » de l’année.



Les Y'a Bon Awards 2011, dont l'objectif est de lutter avec ironie contre le racisme, ont offert plusieurs dizaines de personnalités en pature au grand public pour leurs propos polémiques tenus cette année dans les médias.
Organisés pour la troisième année consécutive par l’association Les Indivisibles, les Y’a Bon Awards 2011 ont réussi à ridiculiser les auteurs des répliques racistes de l’année et à démontrer leur absurdité, au travers notamment de l’animateur Raphäl, qui a su présenter avec brio la soirée.

« Heureusement qu’il y a des gens qui ont du talent pour présenter cette soirée avec beaucoup d’humour et de second degré et rendre ces personnes ridicules parce qu’honnêtement, en entendant se répéter les déclarations, il y avait des moments où cela donnait la nausée », déclare à Saphirnews Benoit Hamon à l’issue de la cérémonie des Y’a Bon Awards.

Rien de plus vrai lorsque l’on voit se succéder, pendant deux heures, à la barre des accusés nominés des dizaines de personnalités politiques, de journalistes et d’écrivains, qui continuent d'occuper allégrement les médias. Pour les départager, six catégories de prix ont été créées pour l’occasion.

« Finalement c’est pas si dur de dire un truc raciste »

Ceci n’a jamais été aussi vrai que cette année. La banane d’or de cette catégorie a été décernée au parfumeur Jean-Paul Guerlain pour sa célèbre boutade sur « les Nègres » lors du JT de 13 heures de France 2 en octobre 2010.

« Les Envahisseurs III »

Dans la catégorie au nom bien choisi, Bruno Larebière et le romancier Pascal Bruckner se partagent le prix. Le premier, rédacteur en chef du journal d'extrême droite Minute avait affirmé, durant l'émission « Ménard sans interdit » en juin 2010 : « Je me demande s'il n'était pas plus facile de circuler en 1940 sous occupation allemande que de circuler à la Goutte d'Or un vendredi », entre bien d’autres déclarations polémiques.

Quant à M. Bruckner, il a lui comparé, sur France Info en février 2010, les jeunes de banlieues à une « armée de réserve de jeunes gens à la fois extrêmement dynamique (…), soumis à une sorte de violence machiste, et qui aurait pu faire les délices d'un grand parti fasciste antisémite ».

« L'islam ne passera pas devant moi »

L’islam ne passera surement pas devant Robert Ménard, le gagnant de cette catégorie. L'ancien président de Reporters sans frontières (RSF) avait déclaré sur RTL, en décembre 2010, sans complexe : « Je n'ai pas envie qu'il y ait autant de mosquées que d'églises dans mon pays (…). Je n'ai pas envie qu'il y ait un minaret dans tous les villages de France (…). Aujourd'hui, il y a 200 000 immigrés qui viennent chaque année en France, 80% arrivent dans le cadre du regroupement familial. 80% ou 90% sont musulmans. Il faut arrêter ça. »

Rappelons que parmi les nominés, Michel Houellebecq, qui s’est vu décerné le prix Goncourt 2010, et surtout Claude Guéant ont aussi fait fort.

« La France aux français…. Les Vrais »

Cette fois, ce sont Michel Godet, Elisabeth Lévy et Ivan Rioufol qui se partagent le prix pour leur intervention commune sur RTL, en janvier 2011. A eux trois, ils sont bien décidés à refaire le monde.

« C'est comme dans l'éducation, on ne veut pas voir que les 20% qui sont en échec scolaire qui nous font dégringoler… sont aussi ceux qui sont d'origine immigrée à qui on a mis des mauvaises conditions d'éducation (…). En revanche, quand ils sont d'origine asiatique, il n'y a pas de problème parce qu'il y a les parents derrière », avait déclaré Michel Godet.

« Les bourgeois parisiens, ils savent à qui ils achètent leur shit ; les gens, ils savent par qui ils se font emmerder dans le métro », a surenchéri Elisabeth Lévy.

« Il est anormal que l'on poursuive quelqu'un qui dit la vérité (en parlant d’Eric Zemmour, ndlr). Ceux qui devraient être devant la barre, ce sont ces associations antiracistes qui fonctionnent sur une malhonnêteté intellectuelle… », avait terminé Ivan Rioufol.

La relève est assurée parmi les UMPistes

Dans la catégorie du « Meilleur espoir », deux militants UMP se partagent ex-aequo la récompense. Chantal Brunel, la députée de Seine-et-Marne, lançait en mars dernier : « Il n’est pas normal qu’on ne rassure pas les Français sur toutes les populations qui viennent de la Méditerranée. Après tout remettons-les dans les bateaux ! »

Quant à Benjamin Lancar, le président controversé des Jeunes populaires, il déclare en juin 2010 « qu'il y a eu des tensions ethniques dans cette équipe (de France de foot, ndlr). Même Emmanuel Petit parlait d'islamisation de cette équipe. Je dis seulement que c'est une “équipe de racailles”. » Pour ne pas se faire oublier, il récidive en août en liant tout bonnement la délinquance au manque d'intégration.

« Pour l’ensemble de son œuvre »

Marine Le Pen aurait pu remporter le prix mais n’a pas été nominée malgré ses déclarations osées sur le halal et « les prières de rue » des musulmans.

Abonné aux Y’a Bon Awards depuis ses débuts, Eric Zemmour, qui succède à Brice Hortefeux et « qui a mis sa carrière au service du racisme » selon Rokhaya Diallo, remporte une nouvelle fois la palme et coiffe au poteau le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, le favori de la soirée. On en comptait bien des « déçus », parmi lesquels M. Hamon, et Pape Diouf, ex-président de l’Olympique de Marseille.

« Il méritait tous d’être nominé mais j’aurai primé davantage Guéant que Zemmour car le ministre a institutionnalisé la parole raciste au sommet de l’Etat. Ces gens là produisent de la peur aux Français et ils l’exploitent. Hélas, le problème aujourd’hui pour la France, c’est sans doute qu’il n’y a pas assez de places pour primer tout le monde », nous déclare M. Hamon, pour qui la lepénisation de l’UMP ne fait aucun doute.

« Cette soirée montre que la France est devenue violente, elle n’est plus tout à fait la France accueillante qu’on a connu avant », nous confie M. Diouf.

Inutile de dire que les récompensés étaient absents à la cérémonie. Mais leurs trophées leur seront envoyés avec grand plaisir par les organisateurs.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur