Sur le vif

Voile à l’UNEF : après Marlène Schiappa, au tour de Gérard Collomb d'enfoncer le clou

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 18 Mai 2018 à 12:23



La très courte intervention télévisée le 14 mai de Maryam Pougetoux, la présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) à Paris IV, n’a pas fini de susciter des réactions, à la source d'un lynchage médiatique envers la syndicaliste.

Cette fois, c’est au tour du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, de s’immiscer dans le débat… pour s’indigner en qualifiant de « choquant » le port de voile de la jeune femme, « une marque de volonté identitaire qui montre qu’on est différent de la société », dit-il au micro de BFMTV/RMC vendredi 18 mai.

« On voit bien qu’il y a un combat culturel au sein des jeunes musulmans », avance le ministre. « Est-ce que l’islam est un islam qui veut converger avec la culture française ? J’ai des doutes », indique-t-il, avant de faire un lien des plus déplacés entre le port du voile… et Daesh. « Je pense qu’un certain nombre de jeunes peuvent se laisser attirer par des thèses de Daesh. (...) Une étude de l’Institut Montaigne montre que près de 28 % des jeunes pourraient être attirés par cette idéologie. Cela veut dire qu’il y a un grand débat culturel pour qu’il y ait un islam moderne qui s’oppose à l’islam régressif. »

Lire aussi : Rapport Montaigne sur les musulmans de France : 28 %, pourquoi le chiffre choque

Alors que l’Unef a manifesté son soutien à Maryam Pougetoux en rappelant que le syndicat « défend les principes de laïcité et de féminisme, et c’est au nom de ceux-ci que nous défendons le droit des étudiantes de faire leur propre choix, dont porter le voile au sein du service public de l’enseignement supérieur », Gérard Collomb, qui prône pourtant « une laïcité de liberté », parle de « prosélytisme » et de « provocation » de la part de la jeune femme.

Deux jours plus tôt, la secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a affirmé à Franceinfo que, dans le port de voile de Pougetoux, il faudrait y voir « une forme de promotion de l’islam politique », estimant que « l’Unef est censé être un syndicat étudiant progressiste, féministe alors que le voile, c’est la preuve de l’emprise de la religion ».

A la secrétaire d’Etat qui dit « comprendre » la polémique, la réponse de Lilâ Le Bas, présidente de l’Unef, est sans détour : « C’est grave que Marlène Schiappa (…) tienne de tels propos et préfère alimenter une polémique qui ne devrait pas en être une, plutôt que de soutenir fermement et clairement une femme qui se fait harceler et insulter depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. »

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