Sur le vif

Une loi anti-mosquée votée en Italie dans l'indifférence générale (vidéo)

Rédigé par Benjamin Andria | Vendredi 6 Février 2015 à 12:15



La Suisse interdit la construction des minarets, la Lombardie interdit celle des mosquées. Dans cette région d’Italie du Nord qui a Milan pour chef-lieu, une loi a été adoptée le 27 janvier au Parlement régional visant à rendre impossible les projets de construction de tout lieu de culte.

La disposition législative, préparée depuis huit mois et approuvée en toute discrétion près d'un mois après les attentats à Paris, vise dans les faits les mosquées, encore trop peu nombreuses pour accueillir l'ensemble des musulmans résidant dans la région.

La Ligue du Nord, à l’origine de cette loi, assume sans complexe son islamophobie et sa xénophobie et parvient à le banaliser sur la scène politique italienne. Surfant sur la vague du populisme, le parti d’extrême droite, régulièrement allié au parti de Silvio Berlusconi Forza Italia, gagne du terrain. Sa loi d'interdiction des mosquées n'a d'ailleurs provoqué aucune controverse : le silence - complice - prévaut au sein de la classe politique italienne, y compris de la gauche. Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, issu du Parti démocrate, n'a soufflé mot sur la loi anti-mosquée.

« Mosquée ne veut pas dire terrorisme, mosquée veut dire risque de terrorisme. Moi, je n'ai jamais vu un pasteur chrétien dire que tuer vous ouvre les portes du royaume des cieux », a déclaré à France 2 Roberto Anelli, rapporteur de la loi, espérant avoir « pu éviter un désastre, sinon ils (les musulmans) ne s’arrêteront jamais ».

Davide Piccardo, le président de l’association des centres islamiques de Milan, a annoncé le dépôt d’un recours devant la Cour constitutionnelle à Rome, faisant valoir l’atteinte à la liberté de culte induit par la loi anti-mosquée.