Sur le vif

Un « grave incident » juste avant les présidentielles ? Face à la polémique, LFI défend Mélenchon

Rédigé par | Lundi 7 Juin 2021 à 12:00



« Vous verrez que, dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre » qui « va permettre une fois de plus de montrer du doigt les musulmans et d'inventer une guerre civile », « tout ça, c’est écrit d’avance », a affirmé Jean-Luc Mélenchon dimanche 6 juin dans l’émission Questions Politiques.

« Ça a été Merah en 2012, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Élysées (en 2017, ndlr) »]i, a-t-il notamment affirmé.

Une partie de la classe politique s’est également indignée. « Réduire les atrocités des attentats de Montauban et Toulouse en 2012 à de la machination électorale est inacceptable. A Montauban, deux militaires ont été tués, un 3ème gravement blessé. Quand on manie ainsi la démagogie, on ne peut prétendre à devenir Président de la République », a indiqué via Twitter Valérie Rabault, présidente du Parti socialiste à l’Assemblée nationale.

L'indignation a aussi été partagée par des proches des victimes de l'attentat de Toulouse comme Latifa Ibn Ziaten. « Les propos de Jean-Luc Mélenchon sont inadmissibles et ne devraient même pas être tenus. Je suis la mère de Imad, militaire mort debout face à l’obscurantisme en mars 2012. Le respect, c’est un minimum pour l’honneur de mon fils, des autres victimes et des familles endeuillées », a-t-elle fait savoir sur les réseaux sociaux.

« Ce sont les propos de quelqu'un qui a perdu tout sens des réalités et de la noble politique », a déclaré, pour sa part, auprès de France Info, Albert Chennouf-Meyer, père d'un militaire lui aussi victime de Mohamed Merah. « C'est quelqu'un qui est dans le déni de tout ce qui concerne le terrorisme, notamment le terrorisme islamique », a-t-il ajouté.

LFI se défend

Face à la polémique qui intervient dans une période où des personnalités politiques et médiatiques classées très souvent à droite et à l'extrême droite sont plus nombreux à parler ouvertement d'une possible « guerre civile » en France, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé, pointant du doigt « les complotistes anti-complotistes de sortie ». « Les complotistes anti-complotistes sont de sortie. Ils nient que les assassins font leur coup au moment qui fait parler d'eux. Propos ineptes. À moins que ce soit pour les couvrir », a-t-il réagi, avant de s'expliquer à nouveau sur les réseaux sociaux où il a réitéré ses propos.

« En gros, je résume : quand Le Pen récupère l’émotion d’un crime pour faire sa propagande, c’est génial ; quand quelqu’un met en garde contre ce type de manipulation, c’est qu’il est complice avec les meurtriers. Ainsi en vient-on à nier cette évidence que les meurtriers attendent le meilleur moment pour faire parler d’eux », a-t-il posté dimanche 6 juin dans la soirée, dénonçant « un buzz affligeant ».

Dans les rangs de LFI, on se range derrière leur leader pour dénoncer, à l'instar de Clémentine Autain, la tête de liste du parti aux régionales en Ile-de-France, l'attitude de personnalités politiques qui ont « volontairement mal compris et déformé ses propos ». « Ce qu’il a voulu dire, c’est que les assassins qui font ça savent à quel moment ils le font », a signifié sur CNews la députée de Seine-Saint-Denis, déclarant partager ce point de vue. « Ce qu’il visait, c’est l’extrême droite », qui « instrumentalise ce qui arrive (…) pour affirmer des propos xénophobes, liberticides, antirépublicains ».

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