Points de vue

Réfugiés Palestiniens au Liban

Rédigé par Article de Jean-Claude RENET et photo de Jean Philippe LAVRA | Mardi 19 Décembre 2006 à 17:47

« Les conditions de vie sont particulièrement difficiles ici, mais le pire, c’est que les jeunes Palestiniens n’ont aucun avenir » Abou Moujahed, le responsable de l’organisation « Children and Youth Centre » du camp de Chatila est particulièrement amer. Ce palestinien vit au Liban depuis l’exode de 1948. Il a connu toutes les phases du camp de Chatila. Les toiles de tente des premiers temps remplacées par des baraques en tôles, les premières constructions en béton, la destruction complète et systématique du camp en 1982 et le massacre de centaines de réfugiés par les milices chrétiennes avec l’approbation tacite de l’armée Israélienne puis la reconstruction progressive du camp sur le même emplacement.



Conditions de vie

Entrée du camp de Rachidyie
Le camp de Chatila abrite environ 18 000 personnes pour une surface de 40 000 m². Les conditions de vie sont dramatiques. La plupart des habitations sont insalubres. Lorsque la pluie tombe de façon soutenue, l’eau pénètre dans les maisons. Les immeubles en béton qui atteignaient au départ un ou deux étages au plus, dépassent aujourd’hui généralement six étages. Cependant les fondations de ces bâtiments n’ont pas été prévues pour cela au départ. Les réseaux d’approvisionnement en eau et en électricité sont plus que rudimentaires et complètement vétustes. Mais ces conditions ne sont pas spécifiques au camp de Chatila. Tous les camps de réfugiés Palestiniens au Liban sont ainsi marqués par les mêmes déficiences.
La plupart des réfugiés qui vivent dans les camps n’ont pas de travail fixe. Ils sont autorisés par le gouvernement Libanais à travailler dans les métiers manuels, mais plusieurs domaines comme la médecine, le droit, l’éducation leurs sont interdits. 72 fonctions différentes sont ainsi inaccessibles aux réfugiés Palestiniens qui souhaitent travailler au Liban.
Les conditions relatives à l’éducation des enfants sont également précaires. Les écoles sont peu nombreuses et les classes surchargées. Les adolescents palestiniens ont parfaitement conscience qu’ils n’ont pratiquement aucun avenir dans ce pays. Les portes des universités leurs sont fermées faute de moyens financiers.
L’organisation internationale United Nations Reliefs and Work Agency est chargée de centraliser et coordonner les différents programmes d’aide à destination des réfugiés Palestiniens. Concrètement ces programmes ne concernent que les réfugiés les plus défavorisés comme les personnes âgées, les handicapés ou les enfants orphelins.

Relations avec la population Libanaise

Immeuble du camp de Shatila
Dans tous les camps de réfugiés Palestiniens situés au Sud du Liban, L’armée Libanaise contrôle systématiquement tous les accès des camps. Le camp de Ain El Heloue a Saida est ainsi entouré par une véritable barrière de protection et des soldats Libanais en armes contrôlent toute les entrées et sortie des réfugiés palestiniens.
En ce qui concerne le camp de Rachidiye au sud de Tyr, les fouilles des véhicules des réfugiés palestiniens par l’Armée Libanaise créent tous les jours des files d’attente insupportables. Ces contrôles systématiques sont également menés chaque fois qu’il se passe un incident dans la région. Les réfugiés palestiniens ne supportent plus ainsi d’être systématiquement traités comme des criminels responsables de tous les maux de la société Libanaise.

Les médias ont récemment rapporté l’apparition de tracts émanant de la branche d’Al Qaida au Liban dans le camp de Badaoui au nord de Tripoli. Sultan Abou Al Aynayn, responsable du Fatah pour l’ensemble des camps de réfugiés palestiniens au Liban a immédiatement démenti cette information. Les réfugiés Palestiniens ont une fois de plus peur de servir de bouc émissaires aux crises de la société libanaise. Ainsi Abu Imad Al Wany, responsable Fatah du camp incriminé confirme que ces rumeurs sont propagées pour créer des tensions entre les réfugiés palestiniens et la population Libanaise qui vie à proximité de ces camps.

Quelle solution pour les réfugiés palestiniens

rue de Shatila
La plupart des réfugiés palestiniens sont arrivés au Liban avec le grand exode de 1948. Aujourd’hui, ce pays compterait d’après les dernières statistiques environ 400 000 réfugiés palestiniens. Mais ce que l’on ignore parfois, c’est que la moitié seulement vit au sein des camps de réfugiés. L’autre moitié tente ainsi tant bien que mal de s’intégrer dans la société Libanaise. Ces réfugiés palestiniens hors des camps sont majoritairement regroupés dans certains villages de la plaine de la Bekaa comme Rachaya et Deir Zanoun. Au sein de ces villages, les réfugiés Palestiniens se sont regroupés par quartiers et tentent surtout de se faire remarquer le moins possible.
Certains pays Arabes qui accueillent également des réfugiés palestiniens ont fait le choix de naturaliser ces réfugiés. Cette initiative qui est certainement basée sur un sentiment d’humanité revient également à nier le droit fondamental au retour revendiqué par ces réfugiés. La Palestine est leur pays et la plupart ont mené un long combat pour conserver l’espoir de revoir un jour la terre de leurs parents. Les problèmes des réfugiés Palestiniens qui représente un paramètre incontournable de la question Libanaise ne pourront trouver une solution que dans un règlement global et régional du problème Israélo-palestinien.


La communauté Internationale ne doit pas ignorer le problème des camps de réfugiés Palestiniens. Lorsque la plupart des pays occidentaux bloquent les aides au gouvernement palestinien en mesure de rétorsion face à la victoire électoral du Hamas, il faut garder à l’esprit que ce blocage des aides a des conséquences dramatiques sur les conditions de vie des palestiniens a Gaza et en Cisjordanie mais également sur les réfugiés Palestiniens qui vivent dans les camps des pays Arabes voisins. Les conditions de vie des réfugiés palestiniens dans les camps libanais sont dramatiques. Une des conséquences les plus terrible de ceci est le fait que les jeunes palestiniens ont perdu tout espoir et ne voient plus aucun avenir devant eux. Cela laisse ainsi le champ libre aux extrémistes religieux qui voient là un terreau fertile au prosélytisme et au recrutement de futurs Chaïds. Les pays occidentaux et les Etats-Unis en tête seraient bien éclairés de réaliser que la lutte contre le terrorisme commence ainsi par l’aide aux plus défavorisés pour leur redonner espoir et les empêcher de sombrer dans le piège qui s’offre à eux.