Economie

Ramadan : une surconsommation qui profite aux commerces français

Ramadan 2012

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Samedi 14 Juillet 2012 à 11:52

A l’approche du Ramadan, prévu le 20 juillet, les bourses des musulmans pratiquants sont prêtes à être dégainées. Direction : les commerces pour faire le plein de provisions. Comme chaque année, durant cette période, leurs dépenses vont être très importantes. Et c’est le marché français qui va en profiter, car même si le Ramadan tombe pendant les vacances, la majorité des jeûneurs compte rester dans l’Hexagone.



Près de 350 millions d’euros seront dépensés par les ménages musulmans pendant le mois de Ramadan, nous apprend Solis, le cabinet spécialisé dans les études marketing dans sa dernière enquête publiée jeudi 12 juillet.
« Les résultats d’enquêtes de consommation et la taille et le profil des musulmans jeûnant durant le Ramadan » ont permis d’obtenir ce chiffre important, indique Abbas Bendali, le directeur de Solis.
L'an dernier, l'agence Ecofin estimait que ces dépenses représentaient 400 millions d'euros.

Indéniablement, le mois du Ramadan est donc un mois de grande consommation pour les jeûneurs qui « veulent se faire plaisir », selon M. Bendali. Ils ne veulent pas se priver. Plus « gourmands », ils préparent leur budget à l’achat de nombreux produits alimentaires pour se concocter de copieux repas de rupture de jeûne.

Surconsommation de produits alimentaires

« Ce sont les achats de viande qui pèsent le plus lourd dans le budget des ménages », commente M. Bendali. Évidemment, les produits associés traditionnellement au Ramadan comme les feuilles de brick, les dattes et le lait fermenté sont également très prisés durant ce mois.
Dans l’enquête de Solis réalisée auprès de 1 405 individus originaires du Maghreb, 86 % des sondés déclarent acheter plus souvent des feuilles de brick et 85 % plus souvent des dattes durant le mois du jeûne.

Mais les produits traditionnels ne sont pas les seuls à rencontrer du succès auprès des jeûneurs.
« Sorti du cadre des produits purement halal et traditionnels, nous remarquons que d’autres produits sont surconsommés comme les sodas et les fromages à pâtes fondues de type Vache qui rit », nous indique M. Bendali.
Ces types de fromages sont très appréciés car ils servent à la préparation de plats très gourmands, notamment issus de la culture orientale, 56 % disent en acheter plus souvent pendant le Ramadan que le reste de l’année. Les boissons gazeuses et autres boissons fruitées font également le plaisir des estomacs affamés, 51 % disent en acheter davantage.

L’enquête de Solis révèle également une évolution des comportements dans l’achat des produits alimentaires. « Phénomène nouveau », selon M. Bendali, l’achat de soupes traditionnelles maghrébines comme la chorba, est en hausse. Les jeunes d’origine maghrébine n’ont aucun complexe à s’acheter des préparations toutes faites alors qu’une préparation maison reste privilégiée par les générations précédentes.
C’est ce jeune public aussi qui accroît durant cette période sa consommation en corn flakes, yaourts et chocolats. Pour eux, le plaisir gustatif est partout pendant le Ramadan. Un comportement qui devrait réjouir les marques.

Une communication assumée

Les produits qu'elles proposent sont de plus en en plus variés mais restent tout de même axés sur les produits traditionnels. Toutefois, les marques n’hésitent plus à cibler directement les musulmans pendant le Ramadan.
Les campagnes de publicité et la mise en place de rayons dédiée aux produits du Ramadan sont légion depuis quelques années. Les campagnes de communication offensives d’Isla Delice ou de Zakia Halal, deux acteurs du marché halal, en témoignent.

Les entreprises spécialisées dans la cible ethnique ne sont pas les seules à vouloir profiter de la surconsommation des musulmans pendant ce mois de jeûne.
Pour l’année 2012, le catalogue du grossiste Métro dédié au Ramadan « atteint un record », note M. Bendali. Dans 48 pages, il propose un choix de produits très diversifiés allant des différentes variétés de viandes aux fruits secs, en passant par les pâtisseries. Un vaste choix qui profitera également aux particuliers qui choisissent de se fournir chez le grossiste pour stocker de grandes quantités.

Malgré la polémique sur le halal qui a entouré la dernière élection présidentielle, les entreprises assument leur volonté de s’adresser aux musulmans durant le Ramadan. La manne financière est bien trop importante. Le catalogue de Métro affiche en gros le titre « Ramadan» et les grandes surfaces Carrefour, Casino et Auchan ont également édité des catalogues spéciaux pour cette période faste pour leurs affaires.

Une surconsommation en France

Les commerçants présents sur le sol français peuvent se réjouir car même si le Ramadan se déroule pendant les vacances d’été, la majorité des musulmans qui pratiquent le jeûne le fait en France.

76 % des sondés d’origine maghrébine (qui représentent près de 70 % de la population musulmane hexagonale) déclarent avoir passé la plus grande partie du Ramadan 2011 en France métropolitaine, d’après l’enquête de Solis.
Et la tendance tend à rester la même. En effet, notre sondage exclusif Saphirnews.com révèle que plus de 63,8 % des sondés ont l’intention de rester en France durant le mois du Ramadan 2012. Seulement 28,4 % déclarent se préparer à passer une partie ou tout ce mois en vacances à l’étranger et 7,9 % des 1054 personnes qui ont répondu au sondage disent ne pas savoir encore.

Au lieu de partir en vacances, notamment dans leur pays d’origine, les musulmans pratiquants préfèrent vraisemblablement passer le Ramadan dans le cercle familial restreint. C’est ce qui ressort des témoignages des sondés de Solis. « Le Ramadan reste une fête familiale », note Abbas Bendali « L’autre raison est que beaucoup préfèrent éviter les fortes chaleurs qu’il peut y avoir au Maghreb », ajoute-t-il.

Cette surconsommation profitera donc aux enseignes françaises. Le Ramadan va, comme tous les ans, faire le bonheur de la grande distribution mais pas seulement.
Les jeûneurs vont également s’approvisionner abondamment dans les marchés, les épiceries et les boucheries traditionnelles musulmanes, où des produits phares se trouvent comme les sodas identitaires.