Economie

Ramadan : élan de générosité des musulmans

Des millions de musulmans prêts à casser leur tirelire

Rédigé par Leïla Belghiti | Mardi 17 Aout 2010 à 16:47

Le Ramadan, quatrième pilier de l'islam, est de loin la pratique la plus fédératrice du monde musulman. Si, en France, une importante composante de cette communauté de foi avoue ne pas prier ni aller à la mosquée régulièrement, le mois de Ramadan suscite un élan de religiosité sans pareil, et anime l'esprit généreux des musulmans.



Plus discret, sûr et rapide, Internet devient le moyen privilégié de plus en plus de donateurs.
Après la rupture du jeûne, direction la mosquée pour des milliers de familles musulmanes, afin d'y accomplir les prières dites de « tarawih », qui se terminent, cet été, souvent vers les coups de minuit. Et ce n'est pas une chaussure qu'ils y laisseront mais bien une soif de prière, en communion avec des centaines de « frères et sœurs ».

« Je ne vois jamais autant de personnes à la mosquée que pendant le Ramadan ! », s'étonne Mehdi, « ça fait chaud au cœur », mais, un brin chagriné, « si seulement cela pouvait être toute l'année ! », regrette-t-il. Les imams le savent fort bien, et redoublent d'efforts durant cette période sacrée pour enjoindre les fidèles à donner : ici pour finaliser la construction d'une mosquée, là pour aider une famille en difficulté, et partout pour donner aux ONG.

Les ONG font leur plein pendant le Ramadan

Des ONG qui puisent leurs principales ressources pendant ce mois, et pour cause : nombreux sont les musulmans qui s'acquittent de la zakât, l'aumône − un des cinq piliers de l'islam, avec le pèlerinage et la prière − durant le Ramadan. Une aumône qui correspond à reverser 2,5 % de son épargne aux œuvres caritatives pour ceux dont les ressources atteignent le seuil minimal de 2 300 euros mensuels.

Une seconde aumône, zakât al-Fitr, est versée spécifiquement pendant le mois de Ramadan : chaque croyant n'étant pas dans le besoin se doit de verser 5 euros aux plus démunis.

Sans compter les dons volontaires, et ils sont nombreux : à la fin du Ramadan , une mosquée peut comptabiliser jusqu'à 1 million d'euros de dons, voire plus.

Ainsi, le Ramadan apporte jusqu'à 40 % des dons récoltés sur l'année pour les ONG telles que le Secours Islamique France ou Muslim Hands, qui émettent d'ailleurs le souhait que les donateurs donnent autant pendant le Ramadan que le restant de l'année.

Les appels aux dons risquent de se concentrer cette année aux régions touchées par les intempéries, à l'instar du Pakistan, où les inondations ont ôté la vie à plus de 1 600 personnes et laissé 2,5 millions de sinistrés.

Comme chaque année, une campagne spéciale Ramadan est menée par les ONG, comme le Comité de secours et de bienfaisance aux palestiniens (CBSP), qui propose d'offrir plusieurs formules, comme celle d'« offrir des cadeaux aux enfants pour l'Aïd », pour la modique somme de 15 euros.

Donner : plus qu'un devoir selon la tradition islamique

En islam, l'assistance et l'aide humanitaire sont considérées comme un devoir pour chaque croyant. Nombreux sont les versets et paroles du Prophète de l'islam (hadith) qui le rappellent : « Si, dans
une commune, un homme décède de famine, alors tous les résidents de cette commune se mettent hors de la protection de Dieu et de son Prophète »
(hadith).

« Pour un musulman, entreprendre une action humanitaire est un moyen de recevoir l’aide du Ciel, d’effacer ses péchés, d’échapper au châtiment, d'entrer au Paradis », analyse la revue internationale de la Croix-Rouge, qui y avait consacré tout un dossier il y a cinq ans.

Alors que tout semble confirmer une hausse de consommation exceptionnelle des foyers musulmans pendant le Ramadan, le regain de générosité que ce mois sacré inspire est tout aussi exceptionnel. Il faut croire qu' « il y a de la Baraka » dans l'air.


Site du Secours islamique France
Site du CBSP
Site de Muslim Hands