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Quatorze ans après l'incendie criminel, la mosquée d’Annecy inaugurée : « A nous de donner l’exemple »

Rédigé par | Mardi 26 Juin 2018 à 16:00

C'est en plein centre-ville d'Annecy que la mosquée, détruite en 2004 des suites d'un incendie criminel, est inaugurée mardi 26 juin. Un moment de grande joie pour les Annéciens de confession musulmane qu'ils attentaient depuis 14 ans. A l'heure de l'inauguration, parole à Ahmed Karboua, président de Nouvel Avenir, gestionnaire du lieu de culte.



La lumière au bout du tunnel pour les musulmans d'Annecy (Haute-Savoie). Quatorze ans après l'incendie qui avait détruit la mosquée, c'est une immense joie que les fidèles musulmans d’Annecy manifestent depuis l’annonce de l’inauguration du nouveau lieu de culte mardi 26 juin. Pour l'occasion, l'événement réunira une cinquantaine d'officiels, incluant le maire de la commune Jean-Luc Rigaut et le préfet de Haute-Savoie Pierre Lambert.

Pour Ahmed Karboua, président de l’association Nouvel avenir qui gère la mosquée, c'est « un bonheur de savoir les musulmans d'Annecy posséder un lieu de culte digne de ce nom », lui qui a vécu bien des galères administratives depuis l'incendie criminel en 2004, condamné à l'époque par Jacques Chirac et son ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

Une mosquée plein centre contre laquelle des riverains ont longtemps bataillé

Si ce dernier avait appuyé le projet de reconstruction, l'association a dû multiplier de nombreux recours devant la justice face à la résistance de nombreux riverains. La mosquée étant prévue pour être reconstruite en plein centre-ville, c'est notamment sur la taille du lieu - trop grand, trop haut - et le manque de places de parking que les opposants fondent leurs recours.

« Nous avons dû tout remettre à plat, revoir nos ambitions à la baisse. Le projet initial prévoyait un bâtiment d’une hauteur de 26 mètres, elle a été réduite à 11 mètres. La surface des salles de prière a été divisée par deux », rappelle Ahmed Karboua. Mais il était hors de question de partir ailleurs, à savoir en périphérie de la ville. « Cette mosquée a une histoire. Le terrain sur laquelle elle est construite a été vendu à l’association par le diocèse en 1978 pour y construire un lieu de culte musulman », raconte-t-il à Saphirnews, toujours reconnaissant envers la communauté catholique locale.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'association qu'il préside depuis 2013 a choisi de nommer la mosquée en hommage à l'Emir Abdelkader. « Un rassembleur à prendre en exemple », des mots d'Ahmed Karboua, qui a su construire des liens forts avec les autres communautés religieuses, en particulier chrétiennes. Le petit-fils de cette grande figure algérienne du 19e siècle est d'ailleurs le président d'honneur de Nouvel Avenir, nous indique son dirigeant.

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« Il nous faudra donner l’exemple »

La délivrance arrivera en 2016, au quatrième permis de construire, après que la Cour administrative de Grenoble ait fini par donner raison à l'association cultuelle. A force de concessions, le nouveau lieu de culte, bâti sur le même terrain que l’ancienne mosquée et qui a coûté environ 1,5 million d’euros aux musulmans, se révèle donc plus modeste que ce qui était prévu. Néanmoins, avec une surface de 900 m², il pourra accueillir jusqu'à 400 fidèles dès samedi 30 juin. Loin de la promiscuité du local inadapté que louait depuis sept ans Nouvel Avenir pour assurer les prières auxquelles seuls 200 fidèles - masculins uniquement, faute de places - pouvaient assister. « C’est sans regrets » que Nouvel Avenir lâche les clés de ce local.

« Il y aura toujours des riverains qu’on ne pourra convaincre », dit Ahmed Karboua, mais « c’est à nous de donner des gages » pour que la cohabitation se passe le mieux possible. Outre l’organisation de portes ouvertes, « le bureau d’accueil (de la mosquée) est ouvert sur l’extérieur et pourra recueillir toute doléance ou plainte des riverains ».

Face à l’afflux de fidèles le vendredi, « nous les incitons à venir à pied ou à faire du covoiturage au besoin » pour empêcher aux problèmes de stationnement de survenir. « Le bus est à 50 mètres de la mosquée et il vient toutes les dix minutes... c'est donc facile de venir. Il nous faudra donner l’exemple », déclare le président de Nouvel Avenir, bien décidé à entamer une nouvelle ère d'une présence musulmane annécienne sous les meilleurs auspices.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur