Sur le vif

Présidentielle 2022 : une enquête ouverte contre Zemmour pour démarchage illicite d’électeurs juifs

Rédigé par Emir Kaplan | Lundi 11 Avril 2022 à 18:25



La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a ouvert, lundi 11 avril, une enquête contre Eric Zemmour et son équipe de campagne pour démarchage illicite auprès d’électeurs de confession juive.

Le candidat d’extrême droite, à la tête de Reconquête ! avec qui il a obtenu 7,1% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle, est accusé par le gendarme de la protection des données personnelles en France d’avoir envoyé des SMS et laissé des appels sur les répondeurs d’une dizaine de milliers de juifs au cours de la campagne présidentielle. « Pourrons-nous vivre en paix encore longtemps en France ? », indique le message en question suivi d’un lien redirigeant vers un texte écrit par le candidat à l'attention de la communauté juive. Une pratique d'autant plus illégale que le candidat n’aurait pas fait précéder ses messages en précisant qu’il s’agit d’une démarche politique.

« La prétendue origine raciale ou ethnique, les opinions publiques, les convictions religieuses ou philosophiques ou l’appartenance syndicale » ne peuvent pas être révélées sans le consentement de la personne, rappelle la CNIL. L’avocat Alexandre Archambault, spécialiste du droit numérique, rappelle que « s’il existait une base de données de Français de confession juive utilisée dans ce cadre, ce serait totalement illégal ». Me Oriana Labruyère souligne que « toutes les personnes ayant reçu ce SMS doivent normalement avoir donné leur accord ». Il est aussi reproché au candidat d’avoir récolté des adresses mails d’électeurs par le biais de pétitions nécessitant une inscription.

Son équipe de campagne a confirmé auprès de BFM TV être à l’origine du démarchage en précisant avoir eu recours à un courtier qui achète les bases de données pour les vendre ou les louer. Toutefois, elle assure que rien n’est illégal puisque ces données ont été récoltées sur des blogs, sites d’informations ou via des newsletters, et se défend d’avoir ciblé les juifs. Une dizaine de milliers de personnes auraient été victimes. Le candidat, qui peut prétendre à un remboursement de ses frais de campagne à hauteur de 47,5 % du plafond des dépenses au premier tour, soit l'équivalent de 8 millions d'euros, risque cinq ans de prison et une amende de 20 millions d’euros.

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