Points de vue

Pourquoi il est précieux de se souhaiter une bonne année malgré le piètre état du monde

Rédigé par Micheline Bochet-Le Milon et Ramzi Ait-Djaoud | Lundi 8 Janvier 2024 à 14:30



Exit 2023 et personne ne s’en plaindra !

Nous voilà au début d'une nouvelle année, échangeant des souhaits de paix, de bonheur, de fraternité avec le sentiment qu’il s’agit de vœux pieux, sans grand espoir de les voir se réaliser face au spectacle qu'offre ce monde : guerres en Ukraine, au Soudan, au Yémen, en Palestine qui pourrait bien s’étendre au-delà, guerre sur les eaux de la Méditerranée… Seul le continent américain semble épargné, à condition de se refuser à nommer guerre les luttes meurtrières entre mafias qui frappent partout, ou la lutte contre les migrants à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Sans compter la guerre contre les pauvres. Celle-ci, on ne la nomme pas mais elle est là comme une maladie endémique qui se répand à bas bruit dans toutes les sociétés et tous les continents .

Alors il semble un peu dérisoire de continuer, rituellement, chaque début d’année, à échanger des vœux, à souhaiter aux uns et aux autres une « bonne année ».

Pourtant, sur tous ces théâtres de guerre, des hommes et des femmes refusent d’abandonner, refusent de se laisser écraser, réduire à néant. Leur endurance, leur courage, leur détermination nous envoient, à nous qui vivons dans des sociétés encore ouvertes et relativement en paix, une injonction de vivre au meilleur de nous-mêmes. Tout simplement de vivre parce que la vie est un cadeau reçu et que c’est à nous qu’il appartient d’en faire une œuvre de paix, de fraternité, de solidarité en ne renonçant jamais à en porter le message. Même dans l’adversité, la révolte ou la colère.

C’est à nous, spectateurs impuissants de la violence et de la déshumanisation de porter haut et fort, inlassablement, un discours d’humanité, de dire haut et fort que si les corps peuvent être brisés, anéantis, les voix ne se tairont jamais.

Plus de 2 000 ans ont passé depuis que Jésus s’est attaché les foules avec un discours de paix, près de 1 500 ans depuis que Muhammad a entrainé derrière lui des populations entières avec un message qui ne disait pas autre chose, et l’un et l’autre restent une lumière pour tous ceux qui entendent cette parole, soit des milliards d’êtres humains.

Alors continuons à nous souhaiter une bonne année, celle que nous construirons, celle où nous continuerons à dialoguer et à avancer ensemble sur le chemin escarpé de la compréhension mutuelle et de la fraternité. Les gestes que nous ferons apparaitront peut-être dérisoires au regard du chaos du monde, mais ils seront des pierres sur le chemin de la paix que nous appelons de tous de nos vœux.

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Micheline Bochet-Le Milon et Ramzi Ait-Djaoud sont présidents du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC)

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