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Mondial 2010 en Afrique du Sud : un bilan économique mitigé

Le ballon et les ronds

Rédigé par Leila Belghiti | Lundi 12 Juillet 2010 à 11:53

C'est l'effervescence en Espagne, championne du monde du football pour la première fois de son Histoire. Elle a fini par prendre le dessus sur les Pays-Bas, après un match bien serré et quinze cartons distribués. Après la fête, c'est désormais l'heure du bilan pour la Coupe du Monde 2010.



Dimanche 11 juin, liesse générale pour l'Espagne qui remporte la Coupe du monde de football 2010.
À commencer par l'Afrique du Sud, pays organisateur du Mondial. Un mois de festivités et des mois de dur labeur pour les autorités nationales et policières, qui ont tout fait pour redorer la sombre image du pays, qui connaît l'un des taux de criminalité les plus élevés au monde. Pari réussi et le chef de l'État Jacob Zuma est aux anges : « Il y a vingt ans, personne ne voulait nous rendre visite (...) et maintenant nous sommes une destination populaire », s'est-il félicité.

La très forte présence policière a empêché tout incident majeur, et la qualité des stades, les supermarchés et logements de haut standing, les rues entièrement rénovées ont stupéfait les visiteurs : « Les aéroports de Cape Town et de Johannesburg sont impressionnants de modernité, témoigne un journaliste de Goal.com, et leur propreté ont de quoi rendre jaloux n'importe quel aéroport français. Les stades de Cape Town, de Durban et, à un degré moindre, de Johannesburg, rivalisent de modernité et sont de véritables œuvres d'art, aussi bien pour les amoureux du ballon rond que pour les fanatiques d'architecture. »

L'Afrique du Sud transformée en pays des merveilles ? C'est sans compter les foyers pauvres, refoulés à l'abri des regards...

Avec 1 million de touristes recensés au mois de juin (25 % de plus qu'en 2009) et 3 milliards d'euros d'investissement, les retombées économiques devraient se traduire par une augmentation du PIB national de 4 points. Selon bon nombres d'analystes, ces retombées risquent de ne pas profiter à la population (50 % vit sous le seuil de la pauvreté), mais à une infime minorité.

« Globalement, c'est une compétition qui renvoie une image valorisante du pays, qui a donné une impression de normalité », souligne à l'AFP le politologue français Paul Dietschy, auteur de l'ouvrage Foot et politique. Mais prudence, « une compétition internationale ne permet pas de résoudre les problèmes propres à un pays ». « Le sport, c'est le domaine de l'émotion éphémère, souligne Paul Dietschy. On peut se rassembler un jour pour un match, ça ne veut pas dire que les populations vont ensuite vivre ensemble », poursuit-il.

Bien que le Mondial ait pu réunir la communauté internationale sous toutes ses formes dans la joie et la solidarité, ses effets seraient éphémères : la ségrégation Blanc-Noirs est fortement présente en Afrique du Sud, malgré la fin de l'apartheid et la démocratisation du pays il y a maintenant 16 ans. 40 % des Noirs sont au chômage contre 4 % des Blancs. Bilan mitigé, donc, pour le pays.

L'autre gagnant du Mondial

Quant aux paris en ligne, dont le marché a été libéralisé il y a un mois, ils ont dégainé : selon Jean-François Vilotte, président de l'Autorité de régulation du jeu en ligne (Arjel), plus de 80 millions d'euros ont été misés en France depuis un mois (source : Libération), et plus de 70 % ont concerné le Mondial.

La Malaisie, pays à majorité musulmane, a légalisé les paris sportifs peu avant le lancement de la Coupe du Monde, soulevant des masses de protestations, paris et jeux de hasard étant interdits en islam. Mais s'ils sont interdits aux musulmans, ils ne le sont pas pour les non-musulmans.

Les autorités malaisiennes ont ainsi affirmé que sa légalisation leur permettrait de mieux lutter contre sa pratique jusqu'alors illégale. C'est dire aussi que leur rentabilité est alléchante : les rentrées fiscales sont estimées à 100 milliards d'euros... Business, quand tu nous tiens...