Société

Les musulmans mobilisés pour le don de moelle osseuse

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 8 Avril 2013 à 06:00

Pour la 30e édition de la Rencontre Annuelle des Musulmans de France (RAMF), l’Association Médicale Avicenne de France (AMAF) avait décidé de mobiliser les visiteurs au don de moelle osseuse en les invitant à s'inscrire sur le registre national des donneurs. Même si les inscriptions sont en dessous des espérances affichées, le succès de cette première collecte fut au rendez-vous.



Durant le week-end de la 30e Rencontre Annuelle des Musulmans de France (RAMF), samedi 30 et dimanche 31 mars, le public était invité, pour la première fois, à s’inscrire sur le registre des donneurs de moelle osseuse.

Résultat : « 276 personnes se sont inscrites », nous a informé Mahjoud Abdeddaim, le secrétaire général de l’Association Médicale Avicenne de France (AMAF), à l'origine de cette collecte.

Même si M. Abdeddaïm déclarait avant la fin de la collecte avoir un objectif de 400 inscriptions, il estime que ce chiffre est un « très bon exploit ».

Veilleur de vie

« Depuis cinq ans, nous mobilisons au don de moelle osseuse mais c’est la première année où nous invitions les visiteurs du Bourget à s’inscrire sur le registre », commente M. Abdeddaim.

Il est important que la communauté musulmane soit sensibilisée au don de moelle osseuse car contrairement au don de sang, qui obéit au groupe sanguin ABO, ce don repose sur le système HLA, la carte d'identité génétique qui concorde avec les « groupes ethniques », nous explique-t-il. « Il y a une chance sur 10 millions de trouver un donneur compatible et une chance sur 4 dans sa famille », ajoute-t-il.

Alertée par le décès de plusieurs enfants de la communauté, l’AMAF a décidé de sensibiliser au don de moelle osseuse, qui permet de soigner entre 50 et 80 % des patients atteints d’une leucémie. « Celui qui sauve une vie, c'est comme s'il avait sauvé toute l'humanité. C’est à partir de ce verset que les savants musulmans ont autorisé les dons d’organes », poursuit M. Abdeddaïm.

La personne qui décide de faire don de sa moelle osseuse devient un « veilleur de vie ». Elle est appelée quand un receveur compatible en a besoin. « Elle a une chance sur 1000 d’être appelée », précise M. Abdeddaim.

Les volontaires qui se sont inscrits pour un don à la RAMF n’ont subi, pour l’heure, que des prélèvements salivaires qui seront envoyés dans les différents centres hospitaliers de l’hexagone pour analyse.

Que 200 000 inscrits dans le registre national

Durant le week-end de la RAMF, 276 personnes ont donc décidé de faire ce choix de grande générosité, qui peut sauver une vie.

« Leur profil est à 90 % représentatif d’une population arabo-africaine, ce qui permettra d’enrichir le registre national qui manque de minorités. Deuxièmement, ce sont des jeunes qui ont, à plus de 80 %, entre 20 et 40 ans, ce qui est important pour le registre car chaque année, un millier de personnes de plus de 60 ans y sont enlevées. De plus, leur profil géographique est varié à l’échelle nationale », salue le secrétaire général de l’AMAF.

Satisfait de cette collecte, il insiste sur le fait qu’elle a pu se réaliser grâce à la participation de l’Agence de la biomédecine, chargée en France du prélèvement et la greffe d’organes. Les étudiants médecins de l’AMAF se sont largement mobilisés pour cette cause, note également M. Abdeddaïm.

Durant la RAMF, l’association, qui regroupe une quarantaine de médecins et d’étudiants en médecine, a déjà organisé des collectes de sang. Ce type de don, qui est proposé de plus en plus dans les mosquées, rencontre beaucoup de succès auprès de la communauté musulmane .

Ce don peut être effectué plusieurs fois dans l’année contrairement au don de moelle osseuse qui ne peut s’effectuer normalement qu'une fois dans une vie et au maximum deux fois, si le deuxième don concerne un membre de sa famille.

Alors que le don de sang se généralise, l'AMAF en espère de même pour le don de moelle osseuse. Aujourd'hui, le registre national des donneurs ne regroupe que 200 000 personnes en France alors qu’il en compte 4 millions en Allemagne et de 20 millions dans le monde. Une sensibilisation au don de moelle osseuse reste primordiale.