Société

Le radicalisme religieux, thème de lancement de l'Union des mosquées de France

Rédigé par | Mercredi 18 Juin 2014 à 17:30

L'islam de France compte une nouvelle structure : l'Union des mosquées de France (UMF) que préside Mohammed Moussaoui, président d’honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM). Elle signe ses débuts en lançant les états généraux contre le radicalisme religieux qui prendront fin vers décembre 2014. Le Rassemblement des musulmans de France (RMF) dont est issu le président de l'UMF est mis un peu plus à l'ombre.



L’Union des mosquées de France (UMF), une toute nouvelle instance créée en octobre 2013 et présidée par Mohammed Moussaoui, a lancé les états généraux contre le radicalisme religieux à l’occasion d’une conférence de presse à Paris mardi 17 juin.

La première des cinq grandes rencontres régionales est organisée dès le 18 juin à Avignon (Vaucluse) et réunira des imams, des aumôniers et des cadres religieux et associatifs pour débattre de la question du radicalisme, au regard du cas Nemmouche et à l’heure où les départs de jeunes Français en Syrie, bien que très minoritaires et organisés en dehors des mosquées, inquiètent. Les imams ont aussi « leur mot à dire » sur l'extrémisme religieux qui « défigure l'image de l'islam et des musulmans », insiste Mohammed Moussaoui auprès des journalistes. Une réunion de synthèse à l’issue de laquelle seront rendues les conclusions et les recommandations est prévue vers décembre 2014.

A terme, l’UMF, qui revendique plus de 500 mosquées dans son réseau, prévoit la mise en place de conseils régionaux des imams et d’aumôniers pour créer des espaces de dialogue. Son président propose également un prêche du vendredi harmonisé dans les mosquées de France, « suivi chaque semaine par presque un million de musulmans de France » et qui « doit faire l’objet d’un travail collégial ».

Quant à l’enseignement religieux, il « doit insister davantage sur les valeurs qui rassemblent et créent le lien entre les citoyens de toute confession et toute conviction » pour l’UMF. Pour cela, Mohammed Moussaoui souhaite « des programmes et de supports bien élaborés et accessibles au grand public ».

Une action qui répond à l'agenda médiatique

Pour Mohammed Moussaoui, également président d’honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM), « l'urgence de l'actualité » a rendu son action nécessaire. Mais les initiatives telles que portées aujourd’hui par l’UMF se multiplient en France : on est encore loin de la mutualisation des efforts qui permettraient de rendre plus intelligibles les actions menées en France contre le radicalisme religieux, elles-mêmes encouragées par les pouvoirs publics.

Dernièrement, le CFCM a lancé une convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre-ensemble dans laquelle elle réitère son rejet du radicalisme et de la violence au nom de l'islam. « Les musulmans de France sont inquiets par l’attractivité des thèses radicales auprès d’une fraction de la jeunesse en quête de sens, confrontée à des injustices et inégalités. Cette voie radicale, qui s’apparente à une déviance, profite des fragilités personnelles et recourt souvent à la manipulation et au dévoiement des textes sacrés. Il est impératif que les musulmans dans leur ensemble se mobilisent afin que la jeunesse puisse retrouver le chemin d’un islam apaisé », peut-on lire dans la charte.

L'UMF bouscule le RMF

Tout en louant le CFCM comme une institution indispensable à l'islam de France, Mohammed Moussaoui, ancien responsable du Rassemblement des musulmans de France (RMF), déclare se placer avec l'UMF sur « une action de terrain » pour lutter contre les dérives.

Son association, qui assume sa proximité avec le Maroc, met le RMF, fédération membre du CFCM dirigée par Anouar Kbibech, un peu plus à l'ombre en se positionnant sur le dossier du radicalisme auprès des autorités et en se collant au plus près de l'agenda médiatique à l’heure où les mosquées et leurs fidèles se préoccupent fortement du mois du Ramadan qui débute fin juin. L'UMF s'assure une belle visibilité médiatique pour son lancement. En revanche, être reconnue par la masse sera une tout autre affaire.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur