Arts & Scènes

Le monde arabe au cœur des « Traversées » du Tarmac

Rédigé par | Vendredi 17 Février 2017 à 09:00

Pour la 3e édition des « Traversées » du Tarmac (Paris 20e), les projecteurs sont braqués sur le monde arabe et les liens qu’entretiennent le Maghreb, l’Égypte et le Moyen-Orient syro-libanais avec la France. Conçue comme un carnet de voyages, la programmation donne dix spectacles à voir du 21 février au 31 mars, permettant ainsi une exploration des cultures du monde arabe et des problématiques actuelles qui le traversent.



« La Civilisation, ma mère ! » est un des spectacles programmés dans le cadre des « Traversées du monde arabe », qui ont lieu du 21 février au 31 mars au Tarmac (Paris 20e). (photo © Karim Troussi)
« La culture est le plus court chemin d’un peuple à l’autre », disait Boubacar Boris Diop, écrivain sénégalais. Et c’est exactement en ce sens que les « Traversées » ont vu le jour il y a trois ans au Tarmac, théâtre parisien dédié à la création contemporaine francophone.

En ces temps de repliement sur soi, la programmation pluridisciplinaire des « Traversées » invite le grand public au « renouvellement des formes par la rencontre, l’union, le brassage et le métissage des idées et des propositions artistiques », explique Valérie Baran, directrice du théâtre. L’objectif est d’abattre les barrières qui peuvent se dresser entre les hommes, les artistes et les peuples.

Focus sur le monde arabe

Pour cette nouvelle édition 2017, focus sur le monde arabe. Un choix judicieux à l’heure où une grande partie des pays arabes traversent une période particulièrement sombre. Une insécurité et une instabilité qui ont eu d’importants impacts sur leurs relations avec les autres pays. Au point où ils sont aujourd’hui perçus comme une menace pour certains.

Ce que beaucoup semblent pourtant oublier, c’est que les liens entre les Arabes et les Occidentaux ne datent bien entendu pas d’hier. Pour la France, ils remontent à plus de treize siècles. D’ailleurs, dans plusieurs pays comme le Maghreb, l’Égypte ou encore le Moyen-Orient syro-libanais, le français reste la principale langue étrangère la plus utilisée. En tout, la vie de près de 12 millions de Français est aujourd’hui rattachée d’une manière ou d’une autre à l’autre côté de la Méditerranée. Et c’est justement ces relations qui sont revisitées artistiquement dans les « Traversées du monde arabe ».

Dix spectacles à l’affiche

Pendant six semaines, du 21 février au 31 mars, dix spectacles (danse, théâtre) sont présentés au Tarmac.

L’immigration est traitée par Michael De Cock dans son œuvre Kamyon. Dans cette pièce, le journaliste belge invite les spectateurs à monter à l’arrière d’un camion. À bord, une petite fille syrienne raconte son voyage en tant que migrante clandestine depuis la Turquie jusqu’en Angleterre. Sur le même sujet, Henri Jules Julien propose une réflexion sur notre responsabilité face aux réfugiés dans De la justice des poissons.

Didier Girauldon nous transporte, quant à lui, au Liban avec Les Paratonnerres, de Marc-Antoine Cyr. L’histoire se concentre sur une petite auberge dont les occupants essayent tant bien que mal d’ignorer ce qui se passe aux alentours. Le metteur en scène français Cédric Gourmelon, pour sa part, nous embarque de Tafraout à Rabat, en passant par Agadir et Paris, dans Le Déterreur pour décortiquer la vie de l’auteur Mohammed Khair-Eddine.

Mais les « Traversées », ce sont aussi des collaborations artistiques. Ainsi, le dramaturge roumain Matéi Visniec et un collectif d’artistes libanais se réunissent pour donner vie à un personnage biblique de Job dans Paysage de nos larmes, mêlant danse, marionnette et théâtre d’ombres.

L’un des points les plus marquants de cette édition : la place des femmes. Karim Troussi nous dévoile le quotidien d’une femme habitant le Maroc, dans les années 1930 et 1940, dans La Civilisation, ma mère !... Une pièce de théâtre adaptée du roman de Driss Chraïbi. Amer, mise en scène d’Amine Adjina, raconte l’impossible retour de la comédienne Azyadé Bascunana en Algérie pour accompagner les cendres de sa grand-mère. Dans Fatmeh, le chorégraphe Ali Chahrour met à l’honneur deux icônes de la culture arabe : Fatimah Zahra, fille préférée du Prophète, et Oum Kalsoum, diva égyptienne à la voix d’or.




Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur