Sur le vif

La justice britannique appelée à enquêter sur la mort brutale d'une militante émiratie en exil

Rédigé par | Jeudi 24 Juin 2021 à 16:55



La justice britannique est appelée à enquêter sur la mort brutale d’une militante émiratie pour les droits humains. Alaa Al-Siddiq, 33 ans, a été tuée, samedi 19 juin, dans un accident de voiture, au retour d’un dîner organisé pour son anniversaire, près d’Oxford.

L’activiste, à la tête de l’organisation Alqst, qui documente et promeut les droits humains en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe, vivait en exil depuis trois ans au Royaume-Uni. Le décès de Alaa Al-Siddiq, qui n'est autre que la fille du prisonnier politique Mohammed Abdul Razzaq Al-Siddiq, condamné à dix ans de prison en 2013 après son arrestation opérée lors de la répression qui a suivi les Printemps arabes, a suscité une vive émotion chez les défenseurs des droits humains. L’ONG s’était notamment fortement mobilisée pour demander la libération de la militante pour les droits des femmes saoudiennes, Loujain Al-Hathloul, finalement relâchée après trois années de détention en février dernier.

« C’est une très grande perte, personne ne pourra combler sa place vide », a réagi Khalid Ibrahim, directeur exécutif du Gulf Center for Human Rights, demandant également à ce qu’une enquête soit menée pour éclaircir les circonstances du drame. Elle était « constamment en danger », a-t-il déclaré dans une interview au Telegraph. « Nous travaillons dans un environnement très hostile et les gouvernements comme ceux du Golfe utilisent des technologies de surveillance pour hacker nos comptes », a-t-il ajouté. « Nous savons tous ce qu'il est arrivé à Khashoggi ».

Aucune trace d’acte criminel trouvée pour le moment

Sarah Leah Whitson, directrice exécutive de l’organisation Dawn, fondée par le journaliste Jamal Khashoggi, assassiné en 2018, a elle aussi, exhorté la police à faire toute la lumière sur cet accident. « Nous avons besoin que les autorités britanniques nous rassurent et éliminent la piste criminelle, étant donné le bilan des Emirats arabes unis et de l’Arabie Saoudite en matière de surveillance, de ciblage et de harcèlement des militants et de leur famille à l’étranger », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L’organisation qu’elle dirige a demandé à ce que la dépouille de la jeune femme soit ramenée dans sa ville natale pour qu’elle y soit enterrée selon les rites funéraires musulmans. « Son exil était la conséquence directe de la répression de son gouvernement », a insisté Sarah Leah Whiston.

Alqst a affirmé de son côté dans un tweet posté sur son compte dimanche 20 juin, qu'« aucune trace d’acte criminel » n'a été trouvé dans cette affaire pour le moment. « La police pense de même et elle publiera les résultats de son enquête quand celle-ci sera finie », a ajouté l'organisation.

Alaa al-Siddiq avait fui les Emirats arabes unis pour le Qatar puis pour Londres, après l’arrestation de son père en 2012. Elle y a poursuivi son combat pour la libération des prisonniers politiques dans le Golfe au sein du média Diwan puis de l’ONG Alqst, dont elle avait pris la direction en décembre 2020.

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