Sur le vif

L’imam de Saint-Chamond, sous la menace d'une expulsion, assigné à résidence

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 30 Mars 2022 à 16:55



La menace de l'expulsion pèse plus que jamais sur les épaules de Mmadi Ahamada et de sa famille. A l’issue de sa convocation mardi 29 mars à l’unité de police administrative de Saint-Etienne, l'imam de Saint-Chamond a été assigné à résidence jusqu’au 6 avril. D'ici à sa convocation devant l'Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) en vue de son expulsion avec femme et enfants vers son pays natal des Comores, il devra donc pointer au commissariat de Saint-Etienne trois fois par semaine.

L’imam âgé de 35 ans, arrivé en 2014 en France, pays qui vu naître ses trois enfants, est dans la tourmente depuis juillet 2021 pour des propos jugés par la préfète de la Loire Catherine Séguin « discriminatoires et contraires à l’égalité femmes/hommes ». Les propos incriminés, prononcé dans le cadre d’un prêche fait pour la prière de l’Aïd al-Adha avaient initialement été relayés sur les réseaux sociaux par une conseillère municipale affiliée à l’extrême droite, avant que le ministère de l’Intérieur ne prenne rapidement l’affaire en main.

A la demande de la préfecture, Mmadi Ahamada avait alors été suspendu de ses fonctions d’imamat par la mosquée Attakwa mais son contrat de travail n'a pas pour autant été rompu par l’association. Il avait d’ailleurs repris les prêches ces dernières semaines.

Sa demande de renouvellement de titre de séjour a été rejetée en octobre 2021 par la préfecture de la Loire. L’imam avait attaqué la décision au tribunal administratif de Lyon, en vain. Selon le jugement rendu en mars dont l'AFP a obtenu copie, la préfecture peut « refuser le renouvellement de la carte de séjour temporaire (portant la mention “visiteur”) de l'intéressé, au motif qu'il exerce, depuis fin 2018, une activité salariée, en CDI, au sein de l'association cultuelle qui l'emploie ». Néanmoins, le tribunal a annulé « l’interdiction de retour sur le territoire français durant un an » car aucun élément fourni par les autorités ne vient appuyer que Mmadi Ahamada représente « une menace pour l’ordre public ».

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a dénoncé auprès de l’AFP une décision « laissant libre cours à l'arbitraire, en ne renouvelant pas le titre de séjour pour des raisons fallacieuses ». Quant au Conseil départemental du culte musulman de la Loire qui soutient aussi l’imam, le dossier est « purement politique » selon les mots de son président Salim Agoudjil au Progrès. « Il ne vous a pas échappé qu’il y a un scrutin présidentiel dans quelques jours. Les autorités veulent faire vite. C’est désolant d’en arriver là, alors que sur le fond, les arguments de la préfecture sont retoqués par le tribunal administratif. »

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