Points de vue

José Bové : le sort du peuple palestinien appelle à un sursaut humain et politique

Il en va de la survie d'un peuple, de l'honneur de l'Humanité et de l'avenir de la paix mondiale.

Rédigé par José Bové | Mercredi 11 Avril 2007 à 09:52



En cinq ans la vie des Palestiniens s'est de plus en plus enfoncée dans l'horreur. Le "mur de la honte" a été construit amputant encore plus les habitants de l'accès à leurs terres et de ce qui est nécessaire à leur survie. D'après l'avis du 9 juillet 2004 de la Cour Internationale de Justice, « L'édification du mur qu'Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires aux normes du droit international et de celles du droit humanitaire». Malgré cela absolument rien n'a été tenté par la communauté internationale pour s'y opposer.

Après avoir redéployé ses troupes hors de la bande de Gaza, l'armée israélienne a appliqué à ce territoire surpeuplé (grand comme une fois et demie la Seine-Saint-Denis) une série de "bouclages" coupant la population de toutes ces sources de subsistances, ponctuant régulièrement cet encerclement asphyxiant d'incursions armées et de bombardements meurtriers. Plusieurs territoires de la Cisjordanie ont été réoccupés. Aujourd'hui, Yasser Arafat est parti mais c'est l'ensemble du peuple palestinien qui est assiégé au risque de sa survie.

Les grandes puissances, l'Europe, la France et l'ensemble de la communauté internationale portent une très lourde responsabilité dans la tragédie du peuple palestinien et dans l'effroyable dégradation de sa situation de ces dernières années. Après avoir exigé des Palestiniens l'organisation d'élections, après les avoir surveillées et veillé à ce qu'elles soient conformes aux normes internationales, elles ont pris prétexte de leur résultat pour se rendre complice d'un embargo sur les aides qui a encore plus plongé ce peuple dans la misère, la malnutrition et la dépendance.

Aujourd'hui, aucune des solutions diplomatiques proposées n'a de chances crédibles d'aboutir à une amélioration du sort des Palestiniens et à une avancée vers une paix juste entre les peuples de la région. Ces jours-ci encore, l'Etat d'Israël a rejeté la proposition arabe de réactivation d'un plan de paix et la proposition de solution globale élaborée dans le sommet des pays arabes de 2002. La prise immédiate de mesures urgentes réellement à même d'arrêter la poursuite des politiques criminelles que subissent les Palestiniens depuis si longtemps relève de la nécessité la plus absolue, du devoir de chaque Etat et de l'honneur de l'Humanité.

Les mesures immédiates qui doivent être engagées sont les suivantes.

- Une reprise et une augmentation immédiate des aides directes au gouvernement palestinien afin de soulager le sort des populations et afin de leur garantir des conditions de vie décentes.

- L'engagement par la France et l'Europe de tous les moyens à leur disposition, y compris toutes les mesures contraignantes que permet le droit, pour imposer le respect du droit international par tous les Etats parties prenantes du conflit.

- L'utilisation du poids de la France et de l'Europe directement et à travers les institutions internationales, en coopération avec tous ceux qui partagent les mêmes objectifs, pour rechercher une solution globale à la question palestinienne dont l’application devrait être supervisée par l’ONU et imposer le respect et l'application des droits nationaux du peuple palestinien, y compris son droit à un Etat souverain et viable avec Jerusalem-Est pour capitale.

Pour une paix juste et durable dans l'ensemble de la région, et pour la construction de rapports internationaux justes, équitables et pacifiés:

- Abandonner immédiatement la politique française d'alignement sur la politique de guerre et de pillage conduite par les Etats-Unis d'Amérique, et adopter une politique étrangère indépendante de coopération internationale pour la construction de rapports justes et équitables entre les peuples.

- Utiliser la position privilégiée de la France au Conseil de Sécurité de l'ONU et dans l'Union Européenne pour œuvrer ―avec tous les Etats qui partagent cet objectif― à la réforme de l'ONU dans le sens de la restitution à son Assemblée Générale de sa vocation d'instance de décision démocratique et de règlement juste et pacifique des conflits.

- Utiliser la position française de pays appartenant au "club des pays possédant la bombe atomique" pour engager un processus de dénucléarisation intégrale des rapports internationaux et des programmes de défense.

- Œuvrer rapidement à l'organisation, sous l'égide de l'ONU et de son Assemblée Générale, d'une conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient avec la participation de tous les pays impliqués dans le conflit. Assurer un engagement réel de l'Europe, en coopération avec l'Assemblée Générale de l'ONU et tous les pays intéressés à un règlement juste et pacifique des conflits, pour lui garantir un aboutissement rapide, juste et contraignant.
Pour stopper tout de suite l'embrasement de la région, et éviter tout nouvel aventurisme risquant de plonger le monde dans la guerre nous appelons à :

- Un retrait immédiat, intégral et inconditionnel des troupes d'occupation d'Irak. Et à un engagement de la communauté internationale, aux niveaux politique et financier, à fournir une aide à la reconstruction du pays et à la mise en place d'institutions démocratiques à même de mettre fin au conflits inter-irakiens, d'assurer la paix, la stabilité et la souveraineté du pays.

- S'opposer par tous les moyens à une nouvelle aventure guerrière des Etats-Unis d'Amérique, et à toute nouvelle agression militaire sous quelque prétexte que ce soit.

- Travailler dés aujourd'hui à la tenue d'une Conférence Mondiale pour des Relations Internationales Justes, Pacifiques et Respectueuses de l'Environnement. Elles devront être basées sur les principes ci-après.
L'instauration de relations internationales économiques, politiques et culturelles justes et équitables.
La reconnaissance effective du droit des peuples à disposer d'eux même et de jouir des conditions nécessaires à leur survie et à leur autodétermination. Ainsi que la reconnaissance de leur droit à résister à l'occupation, à la tyrannie et à l'agression militaire.
Le bannissement du recours à la force dans le règlement des différends et conflits internationaux. La mise en place de mécanismes à même de le faire respecter par tous.
La mise au centre des priorités politiques mondiales du droit des peuples à vivre dans un environnement sain et des générations futures d'hériter d'une planète vivable.