Sur le vif

Inde : le domicile d’un ex-ministre musulman, opposant aux extrémistes hindous, attaqué

Rédigé par | Mercredi 17 Novembre 2021 à 15:15



Des extrémistes hindous ont attaqué, lundi 15 novembre, le domicile de Salman Khurshid. Ce responsable politique de confession musulmane, qui est le petit-fils de Zakir Hussain, troisième président de l'Inde (1967-1969), a été ministre de la Justice puis des Affaires étrangères entre 2011 et 2014, avant l’arrivée de l’ultranationaliste Narendra Modi au pouvoir.

Aujourd’hui dans l’opposition au sein du Parti du Congrès, il a publié en octobre dernier un livre dans lequel il comparait les mouvements nationalistes hindous qui prospèrent sous l’ère Modi à des groupes extrémistes semblables à Daesh et Boko Haram.

Selon la police, une vingtaine de personnes se sont retrouvées devant la maison de l’homme politique à Nainital, situé dans l'État de l'Uttarakhand, dans le nord de l'Inde. Avec des mots d'ordre haineux à la bouche, elles ont cassé plusieurs fenêtres et ont mis le feu à la porte d’entrée. Aucun blessé n’est heureusement à déplorer.

« Ai-je toujours tort de dire que ce n'est pas l’hindouisme ? », a commenté sur ses réseaux sociaux Salman Khurshid, en partageant des images du saccage. « Tel est donc l'état du débat maintenant. La honte est un mot trop inopérant. J'espère toujours qu'on pourra raisonner ensemble un jour et d'être d'accord de ne pas être d'accord », a-t-il écrit dans une seconde publication.

Des personnalités indiennes dénoncent le climat ambiant

Près de 200 personnalités de la vie politique, médiatique, universitaire et associative indiennes ont signé une déclaration pour condamner l’attaque et appeler les autorités à non seulement appréhender les auteurs dans les plus brefs délais mais aussi « rétablir un climat propice à la concorde et à l'harmonie ».

« Dans son livre "Sunrise over Ayodhya", M. Khurshid parle de l'hindouisme comme d'une religion qui unit l'humanité. Son opinion selon laquelle la version déformée de l’Hindutva est mortelle est confirmée par les individus qui ont incendié sa maison. Son point de vue selon lequel cela rappelle Boko Haram et l’Etat Islamique peut être dur à accepter pour certaines personnes, mais justifie-t-il la violation de la Constitution indienne en attaquant les biens personnels d'un citoyen ? », affirment les signataires.

« Nous répétons ses propos selon lesquels une telle violence odieuse ne fait pas partie de l'hindouisme ou d'aucune religion d'ailleurs. L'hindouisme a toujours fait place aux voix divergentes et, plutôt que d'étouffer le débat, il engage la discussion pour tendre vers la réconciliation. Cette intolérance manipulée dans un pays riche de sa diversité est un coup dur pour ce dont nos fondateurs avaient rêvé. »

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur