Points de vue

Immigration jetable : Luttons ensemble contre le projet de loi CESEDA

Hamida Ben Sadia est membre de la Ligue des droits de l'homme

Rédigé par Hamida Ben Sadia | Vendredi 14 Avril 2006 à 13:06



Depuis le 20 janvier 2006, plus de 350 organisations nationales et locales ont rejoints le " Collectif Uni-e-s contre l'immigration jetable " pour dénoncer le projet de loi CESEDA sur l'immigration, présenté par le Ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, et qui sera examiné par le Parlement à partir du 2 mai prochain.

Plusieurs milliers de personnes ont, déjà à ce jour, signées la pétition lancée par le Collectif pour dénoncer la dérive des mesures proposées et exprimer l'urgence à la mobilisation de l'opinion publique. Si certains d'entre vous n'étaient pas encore informés des mesures que prône cette loi, je vous invite à aller consulter le site [www.contreimmigrationjetable.org]urlblank:http://www.contreimmigrationjetable.org

L'objet de mon billet se veut rassembleur, aussi j'en appelle aux organisations musulmanes de France.

Car je m'étonne que des organisations regroupant en grande majorité des hommes et des femmes concernés à plus d'un titre par la multiplication des discriminations sociales, culturelles et religieuses soient si peu mobilisés contre un projet de loi inique qui les concerne directement ou indirectement. Serait ce un manque d'informations ? Un renoncement ? Ou encore une omission ? Je n'ose croire en ce dernier point…

Si certains d'entre nous s'éloignent apparemment peu à peu du « statut d'immigré » de nos parents, nous, enfants de la deuxième, troisième voir, quatrième génération, nous serions bien inspirés de revisiter notre histoire et l'origine de notre présence en France.

Il convient de rappeler la volonté, le courage, le dynamisme, l'esprit d'entreprise, la rage de vivre de nos pères, de nos mères, de nos grands parents, de nos arrières grands parents.

Il convient surtout de ne pas oublier les difficultés qu'ils ont rencontré, les épreuves qu'ils ont surmontées, les maux qu'ils ont subi dans leur parcours pour réaliser le rêve qui les a animé et qui les anime toujours …. offrir à leur famille les conditions d'une vie meilleure.

Nous savons tous quel en a été le prix et nous mesurons tous le poids du déracinement.
Au regard de notre histoire, nous qui luttons contre toutes les formes de discriminations et de xénophobie , nous devons agir, et sortir de notre inertie.

Nous devons prendre nos responsabilités, nous avons le devoir d'informer sur les conséquences dramatiques que devront subir nos familles et notre entourage avec un tel projet de loi qui officialisera " l'immigration choisie ".

L'immigration choisie ou plus exactement la capacité de l'Etat a choisir celui ou celle qui sous couvert de compétences physiques et intellectuelles pourra, le temps d'un contrat de travail, être « admis » en France pour en être ensuite vulgairement « jeté ».
Ce projet de loi n'est au final que la remise en cause du Droit à l'existence !
Celui des pas bien nés, des exilés, des déplacés, des victimes des guerres, des dictatures, de la sécheresse...
Au nom de politiques ultra libérales, de l'accroissement des richesses, du CAC 40, de politiques sécuritaires et de la lutte contre le terrorisme rien n'est épargné, pas même le sacrifice de millions de vies humaines. Seule l'utilité économique aura demain le droit de citer.

Pour toutes ces raisons, nous devons nous mobiliser, faire entendre nos voix, toutes nos voix pour exprimer notre refus à l'arbitraire quelque soient les personnes visées par le projet de loi sur l'immigration..
Aujourd'hui encore, des femmes et des hommes tentent de survivre, d'échapper à la misère et aux ravages du néocolonialisme.
Ce combat de vie est également le notre, les voix doivent s'élever pour rappeler ce qu'endurent nos soeurs et frères sans papiers, les conditions de précarité des résidants des foyers de travailleurs immigrés, la solitude " des vieux ", " nos vieux " « des sans familles » « des ça fait rien » parce que rien ici ça fait rien là bas ! et qui, usés, errent dans nos villes , les étrangers malades, toutes ces familles dont les vies en sursis peuplent nos cités.

Le combat pour l'Egalité des Droits ne peut être mener indépendamment du combat pour le respect de la dignité des étrangers et de leur famille.

Ensemble, nous devons éveiller les consciences, réveiller ceux qui nous entourent, rassembler nos forces contre toutes les mesures d'un projet que l'on veut encore nous imposer

Je veux croire que nous serons tous ensemble le 29 avril prochain sans les rues de Paris
pour dire " pas en notre nom Monsieur Sarkozy ", " les Sans-Papiers, les Immigrés sont membres à part entière de la communauté humaine ".