Points de vue

Hassan Rouhani, président : « Une opportunité pour améliorer les relations entre les Etats-Unis et l’Iran »

Par l’ambassadeur William Green Miller*

Rédigé par William Green Miller | Samedi 22 Juin 2013 à 22:30



Washington, DC - Vendredi 14 juin, une nette majorité des citoyens iraniens a choisi Hassan Rouhani, un ecclésiastique révolutionnaire qui a servi son pays en tant que leader du Parlement, chef militaire, négociateur et conseiller proche du Guide Suprême l’ayatollah Ali Khamenei, comme prochain président de la République islamique d’Iran.

Je suis lié à l’Iran depuis 1959, à la fois en tant que représentant officiel du gouvernement américain et en tant que citoyen privé. J’ai négocié avec le gouvernement iranien avant et après la révolution de 1979 et j’ai entretenu des relations avec beaucoup d’Iraniens au cours des dernières 55 années. Avec Hassan Rouhani en tant que président élu, je suis convaincu que l’année à venir représentera la meilleure opportunité pour les Etats-Unis et l’Iran de régler leurs différences et de dissiper la méfiance mutuelle existant entre les deux pays au travers de négociations sérieuses.

Parce qu’il a servi dans les principales institutions d’Iran, Hassan Rouhani a le pouvoir d’influencer un grand nombre de ceux qui détiennent le pouvoir en Iran et peut ainsi initier de sérieuses négociations afin de créer des changements durables dans les relations entre les Etats-Unis et l’Iran. Il a le soutien des figures clés, y compris des anciens présidents Akbar Hashemi Rafsandjani et Mohammed Khatami, ce qui est significatif au vu du soutien populaire dont ils ont bénéficié et des étapes vers un rapprochement avec les Etats-Unis qu’ils ont accomplies au cours de leurs mandats.

L’opinion populaire, elle aussi, est en faveur des intentions de Hassan Rouhani d’initier des discussions. Les Iraniens ont élu Hassan Rouhani sur la base de son programme, qui inclut les possibilités d’un engagement positif avec les Etats-Unis. La majorité des Iraniens soutient l’amélioration des relations avec les Etats-Unis selon un sondage réalisé par « World Opinion 2009 ».

Lors d’une conférence de presse tenue le 17 juin, Hassan Rouhani a déclaré : « Nous ne souhaitons pas voir plus de tensions [entre l’Iran et les Etats-Unis]. La sagesse nous enseigne que les deux pays ont besoin de réfléchir un peu plus au futur et doivent essayer de s’asseoir autour d’une table afin de trouver des solutions pour surpasser les problèmes et rectifier les choses. » Une telle position peut permettre de faciliter des discussions bilatérales.

Le président Barack Obama a, de plus, proposé de s’engager dans des discussions bilatérales avec l’Iran. La Maison Blanche a en fait réitéré cela à la suite des élections en disant, « Les Etats-Unis restent disposés à s’engager directement avec le gouvernement iranien afin d’atteindre une solution diplomatique, qui adressera de façon exhaustive les inquiétudes de la communauté internationale au sujet du programme nucléaire iranien. »

Les deux pays savent ce qui doit être fait afin de créer de meilleures relations et la porte est ouverte.

Alors que le programme nucléaire iranien continue d’être l’objet de contentieux entre les deux nations, des mesures positives en direction d’une résolution semblent possible. Les Etats-Unis doivent déterminer avec l’Iran si la déclaration de ce pays clamant qu’il est un membre sans pouvoir nucléaire militaire du Traité de non-prolifération nucléaire est vérifiable par des moyens techniques crédibles et ils doivent s’assurer que le programme nucléaire de l’Iran n’est destiné qu’à des buts pacifiques. A cette fin, Hassan Rouhani a déclaré : « Nous sommes prêts à une plus grande transparence et à prouver que les actions de la République islamique d’Iran s’intègrent parfaitement dans les cadres internationaux… La deuxième étape consiste en la promotion d’une confiance mutuelle. » Cela est un autre signe encourageant.

Les sanctions visant l’Iran, qui sont désastreuses pour les citoyens iraniens et qui nuisent aux relations, sont largement liées au programme nucléaire iranien, comme l’a rappelé le Président Obama lors de son interview télévisée au cours de l’émission « Charlie Rose Show » (l’émission de Charlie Rose) sur la chaine « US Public Broadcasting Service (PBS) ». Si une plus grande transparence sur le programme nucléaire iranien était montrée, les Etats-Unis pourraient lever les sanctions au cours de la période de négociations, afin de résoudre les différences de point de vue des deux pays et ainsi d’en assurer le succès.

La région est en outre pleines d’opportunités pour les Etats-Unis et l’Iran pour que ces pays travaillent ensemble sur des problèmes concrets afin d’atteindre des objectifs mutuels comme le soutien à la stabilité de la région, ce qui pourrait servir de mesures pour renforcer la confiance. L’Iran et les Etats-Unis doivent travailler ensemble avec d’autres groupes d’intérêts du Moyen-Orient sur des problèmes communs, y compris de mettre fin à la violence tragique qui a lieu en Syrie, de mettre un terme au trafic de drogue, au trafic illégal d’armes et autres activités criminelles de la région.

Considérant que Hassan Rouhani a exprimé son sentiment que les échanges culturels ont un rôle important à jouer dans l’amélioration des relations, en déclarant, dans un débat présidentiel, que « l’art peut être un outil de valeur pour la diplomatie culturelle », les échanges culturels entre les deux pays doivent, eux aussi, reprendre afin d’offrir des opportunités de rencontres à un plus grand nombre d’Américains et d’Iraniens.

L’élection de Hassan Rouhani offre une chance de créer de relations nouvelles et pacifiques entre nos pays, relations fondées sur le respect mutuel, des valeurs partagées et des intérêts communs. Nous devons travailler avec lui, afin que nos concitoyens et nos pays puissent à nouveau vivre ensemble en paix.


* L’ambassadeur William Green Miller est le conseiller principal du programme USA-Iran de « Search for Common Ground » et un chercheur en politique publique au « Woodrow Wilson International Center for Scholars ». Son expérience directe avec l’Iran remonte à 1959, lorsqu’il a commencé sa carrière au « US Foreign Service » (Service diplomatique) d'abord à Isfahan et ensuite à Téhéran.