Sur le vif

Grenoble : un professeur accusé d’islamophobie suspendu par Sciences Po pour diffamation

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 21 Décembre 2021 à 14:55



Un professeur d’allemand de Sciences Po Grenoble, accusé en début d’année 2021 par des étudiants d’être islamophobe, a été suspendu pour une durée de quatre mois par sa direction, qui lui reproche d’avoir tenu des « propos diffamatoires » à son encontre.

Au cours de plusieurs interviews au mois de décembre, Klaus Kinzler a décrit l’Institut d’études politiques (IEP) comme un établissement de « rééducation politique », reprochant notamment à des collègues adeptes, à ses yeux, de théories « woke » d’avoir endoctriné les étudiants et à sa direction de laisser faire.

Dans un arrêté pris le 14 décembre et révélé par Le Figaro lundi 20 décembre, la directrice Sciences Po Grenoble, Sabine Saurugger, a estimé que le professeur a « gravement méconnu plusieurs obligations », notamment en portant « atteinte à l’intégrité professionnelle de ses collègues de travail ».

« M. Kinzler reproche un certain nombre de faits qui ne sont pas exacts. Il dit notamment que la direction ne l’a jamais protégé. Sciences Po Grenoble est un établissement où la liberté d’expression et la liberté d’enseignement se trouvent au cœur du projet académique », a-t-elle fait savoir dans un entretien accordé à Marianne paru le 13 décembre.

Des subventions de la Région Auvergne-Rhône-Alpes suspendues

Si la direction a, depuis le départ, fermement condamné les menaces envers le professeur et les méthodes employées par les étudiants pour faire valoir leurs accusations d'islamophobie, elle avait aussi estimé que les propos sur l'islam que Klaus Kinzler avait pu tenir en marge d’une journée de débats autour du racisme étaient « extrêmement problématique ». Il avait notamment conclu un de ses messages en le signant d'« un enseignant "en lutte", nazi de par ses gènes, islamophobe multirécidiviste ».

L’écrasante majorité des étudiants de l’IEP poursuivis devant une section disciplinaire a été relaxée fin novembre, une décision prise « de manière souveraine et indépendante » selon l'IEP. Seul un élève sur les 17 visés a fait l’objet d’une sanction d’exclusion temporaire prononcée avec sursis.

« Sciences Po Grenoble est depuis trop longtemps dans une dérive idéologique et communautariste inacceptable », a indiqué via Twitter le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, annonçant lundi 20 décembre la suspension de « tout financement et toute coopération avec l'établissement » avec le conseil régional. Une décision saluée par l’extrême droite, aujourd’hui incarnée par Marine Le Pen et Eric Zemmour.

Sciences Po Grenoble a regretté une décision « motivée par un motif politique davantage que par la réalité de la situation au sein de l’institution », précisant par ailleurs que « le soutien financier de la Région en lien avec l’IEP de Grenoble-UGA ne consiste pas en des subventions mais essentiellement en l’attribution de bourses aux étudiants, de soutien aux projets de formation continue et à l’action sociale ».

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