Religions

Fouad Alaoui : « Je tiens à ce que l'UOIF soit à la pointe dans ses dossiers »

Une nouvelle présidence signifie-t-elle un nouveau programme pour l'UOIF ?

Rédigé par Leïla Belghiti | Mardi 3 Novembre 2009 à 00:26

L'Union des organisations islamiques de France (UOIF) vient d'élire son nouveau président, Fouad Alaoui, le quatrième depuis la création de l'organisation en 1983, succédant ainsi à Lhaj Thami Breze.



Fouad Alaoui (à g.) succède à Lhajj Thami Breze (à dr.) à la présidence de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France).
Sur les vingt-quatre membres du Conseil d'administration présents, seize ont porté dans les urnes Fouad Alaoui à la présidence, dimanche dernier. Quatre ans − c'est la durée d'un mandat − pour« porter l'UOIF à la pointe des débats de société », tel est l'objectif de Fouad Alaoui. Ex-vice président de l'UOIF et fin connaisseur du Conseil français du culte musulman (CFCM), Fouad Alaoui semble être l'homme de la situation, et même − peut-on l'espérer − celui de l'ouverture : « Les musulmans doivent pouvoir être en harmonie avec leur contexte », estime l'élu.

Parlant du CFCM, celui-ci déclare à Saphirnews vouloir créer une « dynamique dans ce domaine », « la société a besoin de nous entendre, il n'est pas normal que les voix de la modération se taisent », ajoute-t-il. Le débat sur l'identité nationale lancé par Éric Besson, le ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, pourrait être un excellent exercice et, selon le nouveau président de l'UOIF, assure qu'il s'y préparera, une fois le bureau exécutif de l'UOIF désigné.

Les défis de l'UOIF

L'enjeu est de taille, au vu de la multiplication des actes islamophobes de ces derniers mois, qui ne font pas l'émoi des représentants politiques. Seule solution : structurer la population musulmane afin qu'elle puisse représenter un enjeu électoral.

La gestion d'une centaine d'associations que compte l'organisation à travers la France n'est pas aisée. « Nous avons beaucoup de compétences dans nos ressources humaines », nous confie M. Alaoui, « un de mes défis sera de les mettre en synergie », afin d'assurer « la défense des musulmans » ainsi qu'une « plus grande proximité avec les musulmans ». La formation des responsables d'association sur les débats de société, l'engagement, l'éthique, etc., sera approfondie.

Fréquemment désignée et mise à mal par les médias comme étant proche de l'idéologie du mouvement des Frères musulmans, l'organisation compte malgré tout des milliers d'adhérents, et est la plus active sur le terrain. Son « congrès du Bourget », la Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF) attire chaque année une centaine de milliers de visiteurs provenant de toute la France et de pays voisins.

Possédant près dune quarantaine de mosquées dans toute la France, l'organisation est financée principalement par ses membres (à plus de 80 %), le reste provenant de donateurs étrangers.

Le plus grand défi pour l'organisation sera sans doute dans ses relations publiques et sa politique de communication, pas assez efficaces et encore balbutiantes dans la maîtrise des médias et de la montée des nouvelles techniques de communication.

Un cumul de fonctions possible

Fouad Alaoui, Franco-Marocain quadragénaire, est très vite devenu une personnalité incontournable du paysage musulman français. Déjà, étudiant dans les années 1980, il avait co-créé le premier syndicat d'étudiants confessionnel. Deux ans plus tard, il brigue la fonction de secrétaire général de la toute fraîche UOIF, fondée en 1983 en Meurthe-et-Moselle par deux étudiants étrangers, le Tunisien Abdallah Ben Mansour et l’Irakien Mahmoud Zouheir.

Dix ans plus tard, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et du Culte, fait tout pour l'imposer au sein du CFCM. Entre les deux hommes, tout semblait aller pour le mieux, jusqu'au jour où la fougue électorale a mené Nicolas Sarkozy à retourner sa veste, notamment par son soutien au magazine satirique Charlie Hebdo, qui avait publié les caricatures sur le Prophète de l'islam, en février 2006.

Questionné sur son souhait de présider la nouvelle Fondation des œuvres de l'islam, Fouad Alaoui espère bien pouvoir l'associer à sa nouvelle fonction au sein de l'UOIF. L'un ne semble pas empêcher l'autre, « mais j'attends de consulter l'ensemble des membres du bureau exécutif pour statuer sur cette décision », nous confie-t-il, un brin optimiste.